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avec AFP , modifié à
Au 62e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, les États-Unis réunissent en Allemagne une quarantaine de pays alliés pour armer davantage le pays face à l'envahisseur russe. Le chef de la diplomatie de la Russie, Sergueï Lavrov, a agité la menace d'une extension du conflit pouvant dégénérer en guerre mondiale. Europe 1 fait le point sur l'évolution de la situation.
L'ESSENTIEL

Les États-Unis réunissent mardi en Allemagne une quarantaine de pays alliés pour armer davantage l'Ukraine face à l'envahisseur russe, qui a mis en garde contre un risque "réel" de troisième guerre mondiale. Alors que la guerre en Ukraine génère des tensions sans précédent entre la Russie et l'Occident, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a agité la menace d'une extension du conflit pouvant dégénérer en guerre mondiale.

"Le danger est grave, il est réel, on ne peut pas le sous-estimer", a-t-il dit, cité par l'agence Interfax, au lendemain d'une visite en Ukraine des responsables américains des affaires étrangères et de la défense, Antony Blinken et Lloyd Austin. Lloyd Austin réunit mardi, sur la base américaine de Ramstein en Allemagne, les représentants d'une quarantaine de pays pour "générer des capacités supplémentaires pour les forces ukrainiennes", selon le chef du Pentagone.

"Ils peuvent gagner s'ils ont les bons équipements, le bon soutien", a affirmé Lloyd Austin. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui estimé que la victoire ukrainienne n'était qu'une question de temps.

Les principales informations :

  • Réunion entre les États-Unis et leurs alliés
  • L'Allemagne va autoriser la livraison de chars à l'Ukraine
  • Moscou met en garde contre un risque de conflit mondial
  • Nouvelle aide militaire des États-Unis
  • La Russie a frappé une centaine de cibles lundi
  • Le secrétaire général de l'ONU se rend à Moscou

Les États-Unis réunissent leurs alliés

Une quarantaine de pays se réunissent mardi en Allemagne, à l'invitation des Etats-Unis, pour renforcer la défense de l'Ukraine qui, selon le ministre américain de la Défense Lloyd Austin "peut gagner" face à la Russie, si on lui en donne les moyens. Au moment où la Russie vise le contrôle total du sud de l'Ukraine et de la région du Donbass, cette réunion organisée sur la base aérienne américaine de Ramstein, dans l'ouest de l'Allemagne, est destinée à "générer des capacités supplémentaires pour les forces ukrainiennes", a déclaré Lloyd Austin, au retour d'une visite à Kiev.

L'Allemagne va autoriser la livraison de chars à l'Ukraine

L'Allemagne va autoriser la livraison à l'Ukraine de chars de type "Guepard", a annoncé mardi une source gouvernementale, ce qui constitue un tournant majeur dans la politique prudente suivie jusqu'ici par Berlin dans son soutien militaire à Kiev.

Les détails et notamment le nombre de chars, spécialisés dans la défense anti-aérienne, doivent être dévoilés dans la journée par la ministre de la Défense, Christine Lambrecht, lors d'une réunion sur la base militaire américaine de Ramstein, dans l'ouest de l'Allemagne, selon cette source. Ces véhicules proviendraient des stocks de l'industrie allemande de la défense.

Lavrov met en garde contre une guerre mondiale

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a mis en garde lundi les Occidentaux contre le danger "réel" d'une troisième guerre mondiale. "Le danger est grave, il est réel, on ne peut pas le sous-estimer", a déclaré Serguei Lavrov, cité par l'agence Interfax. Serguei Lavrov a accusé le président ukrainien Volodymyr Zelensky de "faire semblant" de négocier. "Mais nous continuons de mener des négociations avec l'équipe déléguée par (Volodymyr Zelensky), et ces contacts vont se poursuivre", a-t-il assuré.

Des explosions dans une région prorusse de Moldavie

La présidente de la Moldavie va réunir mardi son conseil de sécurité nationale après une série d'explosions dans la région séparatiste prorusse de Transdniestrie qui fait craindre un débordement du conflit en Ukraine dans ce petit pays d'Europe orientale.

Les autorités de la région ont affirmé que des explosions s'étaient produites mardi dans une tour radio près de la frontière avec l'Ukraine. "Tôt le 26 avril, deux explosions ont été entendues dans le village de Maïak", a déclaré le ministère de l'Intérieur de cette "république" autoproclamée, non reconnue par la communauté internationale. Elles n'ont pas fait de victimes, mais deux "puissantes" antennes qui relayaient les fréquences radio russes ont été mises hors service, a affirmé le ministère, publiant des photos présentées comme montrant ces émetteurs gisant au sol.

Les États-Unis donnent 700 millions de dollars d'aides militaires à l'Ukraine

"Grâce au courage, à la sagesse de nos défenseurs, grâce au courage de tous les Ukrainiens, de toutes les Ukrainiennes - notre État est un véritable symbole de la lutte pour la liberté", a claironné le président ukrainien dans son adresse de lundi soir. Les États-Unis ont annoncé lundi une nouvelle aide militaire pour l'Ukraine de 700 millions de dollars, qui porte leur assistance à 3,4 milliards. Ils fournissent désormais des armes lourdes pour contrer les forces russes qui se concentrent sur l'est et le sud de l'Ukraine, après avoir échoué à s'emparer de Kiev. Lloyd Austin a dit vouloir "voir la Russie affaiblie à un degré tel qu'elle ne puisse plus faire le même genre de choses que l'invasion de l'Ukraine".

Selon le ministre de la Défense britannique Ben Wallace, Moscou a perdu à ce jour "approximativement 15.000 hommes" en Ukraine, un chiffre invérifiable par des sources indépendantes. Moscou n'a donné aucun bilan depuis le 25 mars, lorsqu'elle avait affirmé avoir perdu 1.351 soldats.

Une centaine de cibles frappées par la Russie lundi

L'armée russe a indiqué avoir frappé une centaine de cibles en Ukraine lundi, notamment des installations ferroviaires dans le centre du pays. De son côté, le ministère ukrainien de la Défense a indiqué que l'armée russe continuait de renforcer ses défenses antiaériennes, de reconstituer les pertes liées à l'offensive précédente et de bombarder des infrastructures.

D'après la même source, l'armée russe regroupe ses forces dans le sud et a tenté d'avancer en direction de Zaporojjia (est), mais a subi des pertes et n'y est pas parvenue. La Russie affiche son objectif de s'emparer de la totalité du Donbass, grand bassin industriel de l'est - que les séparatistes pro-russes contrôlent partiellement depuis 2014 - et de prendre le contrôle total du sud de l'Ukraine, où les combats sont aussi quotidiens.

L'usine d'Azovstal à Marioupol toujours pilonnée

La situation semble bloquée dans le port stratégique de Marioupol, à la pointe sud du Donbass, presque entièrement contrôlé par les Russes, mais où sont toujours coincés quelque 100.000 civils, selon Kiev. Les forces russes continuent d'y pilonner le vaste complexe métallurgique Azovstal, où sont retranchés les derniers combattants ukrainiens avec selon eux près de 1.000 civils, a indiqué mardi à l'aube sur Facebook le commandant militaire ukrainien de Donetsk, Pavlo Kirilenko.

"Les bombardements continuent constamment, à l'artillerie lourde et à l'aviation", a-t-il indiqué. "Nous ne pouvons compter que sur nos propres forces", a-t-il ajouté. Dans le reste du Donbass, l'armée ukrainienne a affirmé lundi avoir repoussé une série d'attaques russes dans les régions de Donetsk et de Lougansk, où beaucoup de localités, comme Roubijné, sont quotidiennement sous les bombes. Moscou a accusé Kiev d'avoir empêché les civils de quitter Azovstal. Mais l'Ukraine affirme qu'aucun accord sur des couloirs humanitaires qui permettraient de les évacuer n'a été conclu avec la Russie.

Kharkiv partiellement encerclée par l'armée russe

Les combats se poursuivent aussi dans la région de Kharkiv, dans le nord-est, avec un "encerclement partiel" de la deuxième ville du pays, selon le ministère ukrainien de la Défense. Les bombardements obligent les civils à dormir depuis des semaines dans des souterrains.

"C'était effrayant la première semaine, après on s'est habitué", a raconté à l'AFP Alex, 14 ans, qui dort avec sa famille dans un parking souterrain. "En semaine, le matin, je rentre chez moi pour faire mes devoirs, puis je reviens ici pour déjeuner, jouer à des jeux, aux cartes, au téléphone", a-t-il raconté. "Nos parents ne nous disent pas les détails de la guerre" mais "nous savons que la guerre continue".

Antonio Guterres attendu à Moscou puis Kiev

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres est attendu mardi à Moscou après s'être rendu lundi en Turquie, pays qui tente de jouer les médiateurs dans le conflit. Il doit se rendre ensuite à Kiev. Le président russe Vladimir Poutine doit par ailleurs s'entretenir au téléphone mardi avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, a indiqué l'agence russe Ria Novosti, citant le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov. Ankara tente actuellement d'organiser un sommet à Istanbul entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, bien que les responsables turcs admettent que les perspectives de tels pourparlers restent actuellement faibles.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé vouloir poursuivre des négociations avec l'Ukraine, mais accusé le président Zelensky de "faire semblant" de discuter avec Moscou. "C'est un bon acteur (...), si on regarde attentivement et on lit attentivement ce qu'il dit, vous allez y trouver un millier de contradictions", a affirmé Sergueï Lavrov. Mais "nous continuons de mener des négociations avec l'équipe" ukrainienne "et ces contacts vont se poursuivre", a-t-il ajouté.

Londres abolit les droits de douane sur les importations de produits ukrainiens

Le conflit a anéanti toute coopération entre la Russie et les Occidentaux, qui enchaînent sanctions et expulsions de diplomates. Lundi, Moscou a annoncé l'expulsion de 40 diplomates allemands, en représailles à une mesure similaire prise récemment par Berlin. Et le Royaume-Uni a annoncé l'abolition de tous les droits de douane et quotas sur les importations de produits ukrainiens, pour "soutenir la lutte de l'Ukraine contre l'invasion brutale et non provoquée de Poutine", a déclaré la secrétaire britannique au Commerce international, Anne-Marie Trevelyan.