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William Molinié (en Ukraine), avec AFP , modifié à
Moscou a déclaré mardi avoir mené une dizaine de frappes dans la région du Donbass, à l'est de l'Ukraine, au lendemain de l'annonce par Kiev d'une nouvelle offensive de l'armée russe dans cette région, près de deux mois après le début de l'invasion russe. Les autorités locales ont de leur côté appelé les habitants à fuir cet "enfer", malgré l'absence de couloirs humanitaires. Europe 1 fait le point sur l'évolution de la situation.
L'ESSENTIEL

Au 55e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, Moscou a déclaré mardi avoir mené une dizaine de frappes dans la région du Donbass, à l'est de l'Ukraine, au lendemain de l'annonce par Kiev d'une nouvelle offensive de l'armée russe dans cette région, près de deux mois après le début de l'invasion russe. À l'aide de "missiles de haute précision", les forces aériennes russes ont "neutralisé 13 places fortes" de l'armée ukrainienne, a affirmé le ministère russe de la Défense, en appelant à la reddition de "tous les militaires ukrainiens". Les autorités locales ont de leur côté appelé les habitants à fuir cet "enfer", malgré l'absence de couloirs humanitaires.

Les principales informations :

  • L'offensive russe dans l'est de l'Ukraine a débuté lundi soir
  • Au moins sept morts et onze blessés à Lviv lundi
  • Des vidéos de Britanniques capturés par les Russes

"La bataille pour le Donbass" a débuté

La Russie a annoncé mardi matin avoir mené durant la nuit des dizaines de frappes aériennes et de missiles dans l'est de l'Ukraine, entamant selon Kiev "la bataille pour le Donbass" crainte depuis des semaines. "Des missiles de haute précision des forces aérospatiales russes ont neutralisé 13 places fortes des unités de l'armée ukrainienne" ainsi que des "concentrations" de troupes près de la ville clé de Sloviansk dans la région de Donetsk, a affirmé le ministère russe de la Défense. Il a fait état de dizaines d'autres frappes de missiles et de centaines de cibles visées par son artillerie dans le sud et l'est du pays.

"Les troupes russes ont commencé la bataille pour le Donbass (...) Peu importe combien de soldats russes sont amenés jusqu'ici, nous combattrons. Nous nous défendrons", avait solennellement déclaré lundi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "C'est l'enfer", a déclaré le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï.

Moscou appelle les Ukrainiens à déposer les armes

Le ministère russe de la Défense a appelé toute l'armée ukrainienne à "déposer les armes" et les derniers défenseurs de Marioupol à cesser leur "résistance insensée". "Ne tentez pas le destin, prenez la seule décision correcte, celle de cesser les opérations militaires et déposez les armes", a dit le ministère. Il a promis "la vie sauve" aux combattants ukrainiens de Marioupol (sud-est) occupant encore le site industriel d'Azovstal s'ils se rendaient à partir de midi (9 heures GMT) mardi. Cette ville stratégique au bord de la mer d'Azov est assiégée depuis début mars.

Réunion ce mardi entre États-Unis et leurs alliés

Le président américain Joe Biden participera mardi à une réunion virtuelle consacrée à l'offensive russe en Ukraine, a indiqué la Maison Blanche, au moment où Kiev assure que Moscou a déclenché dans le Donbass une nouvelle phase de son attaque. Le président américain évoquera, "avec les alliés et partenaires" des États-Unis dont la liste n'a pas été dévoilée, le "soutien continu à l'Ukraine et les efforts visant à s'assurer que la Russie rende des comptes", a précisé à l'AFP un responsable de la Maison Blanche.

Toutefois, Joe Biden ne prévoit pas d'aller en Ukraine prochainement en dépit du souhait en ce sens de son homologue Volodymyr Zelensky, a indiqué la Maison Blanche lundi. "Il n'est pas prévu que le président s'y rende, permettez-moi de le répéter", a assuré la porte-parole de l'exécutif américain Jen Psaki lors d'une conférence de presse. Le gouvernement américain réfléchit à envoyer un émissaire à Kiev, mais la Maison Blanche a exclu pour l'instant un déplacement à hauts risques du président lui-même, pour des raisons de sécurité.

Bruno Le Maire prône un arrêt des importations de pétrole russe

Quelques heures après l'annonce par l'Ukraine du lancement d'une nouvelle offensive russe dans le Donbass, il est "plus que jamais nécessaire" de cesser les importations européennes de pétrole russe, a répété mardi le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire sur Europe 1. "Nous avons toujours dit que nous voulions un embargo sur le charbon, c'est fait, et un embargo sur le pétrole russe", a-t-il fait valoir. En 2021, Moscou a fourni 30% du brut et 15% des produits pétroliers achetés par l'UE.

Le Premier ministre espagnol attendu à Kiev

Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, se rendra "bientôt" à Kiev, ont indiqué mardi des sources gouvernementales à l'AFP, sans toutefois préciser la date exacte du voyage "pour des raisons de sécurité". Cette visite se produira alors que M. Sánchez, un socialiste, a annoncé lundi la réouverture "dans quelques jours" de l'ambassade d'Espagne à Kiev.

Pas de couloirs humanitaires mardi

Aucun couloir d'évacuation des civils n'a pu être organisé mardi en Ukraine, faute d'accord avec la partie russe, et ce pour le troisième jour consécutif, a annoncé la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk. Selon elle, "des bombardements intenses se poursuivent dans le Donbass". A Marioupol, "les Russes refusent d'ouvrir un couloir pour la sortie des civils en direction de Berdiansk". "Nous continuons des pourparlers difficiles" sur ce sujet dans les régions de Kherson (sud) et Kharkiv (est), a-t-elle dit.

Stellantis suspend l'activité de son usine russe de Kaluga

Le groupe automobile multinational Stellantis a annoncé mardi la suspension de l'activité de son unique usine russe de Kaluga (sud-ouest de Moscou), en raison des sanctions internationales frappant la Russie et faute de matériel. Les 2.700 salariés du site ont été placés en chômage technique ou en congés jusqu'à début juin, selon le groupe.

Poutine honore une brigade accusée d'exactions à Boutcha

Le président russe a décerné lundi un titre honorifique au titre de "l'héroïsme" à la 64e brigade de fusiliers motorisés, que l'Ukraine a accusé d'avoir participé aux exactions commises à Boutcha, près de Kiev. Vladimir Poutine a signé, selon le Kremlin, un décret accordant le "titre honorifique de 'Garde'" à cette brigade du fait de l'"héroïsme et de la ténacité, la détermination et le courage" de ses hommes.

L'Ukraine bientôt candidate à l'UE ?

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit lundi espérer obtenir pour son pays "dans les semaines à venir" le statut de candidat à l'adhésion à l'Union européenne (UE), remerciant Bruxelles pour la célérité du processus.

Des frappes puissantes à Lviv

Au moins sept personnes ont été tuées et onze autres blessées dans des frappes russes sur Lviv, la grande ville de l'ouest de l'Ukraine d'ordinaire relativement épargnée par les combats, ont annoncé les autorités locales. "Cinq puissantes frappes de missiles" ont touché des "infrastructures civiles", a annoncé sur Twitter Mikhaïlo Podoliak, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le gouverneur régional, Maksym Kozitsky, a lui évoqué quatre frappes de missiles de croisière, tirés depuis la Caspienne : trois sur des infrastructures militaires et une sur un garage de pneumatiques, qui ont provoqué des incendies. Toutes les cibles sont "gravement endommagées" selon lui. L'armée russe a également affirmé lundi soir avoir détruit avec des "missiles de haute précision" un important dépôt d'armes étrangères livrées récemment à l'Ukraine, lors de frappes dans la matinée près de Lviv.

Des vidéos de Britanniques capturés

La télévision publique russe a diffusé lundi des vidéos de deux prisonniers britanniques, Shaun Pinner et Aiden Aslin, affirmant qu'ils avaient été capturés lors de combats en Ukraine et demandant au Premier ministre Boris Johnson de négocier leur libération.

Les deux hommes, qui apparaissent les traits tirés, demandent à être échangés contre Viktor Medvedtchouk, un député et riche homme d'affaires ukrainien proche du président Poutine et récemment arrêté en Ukraine. Ils ne précisent pas qui les détient actuellement, les forces russes ou alors leurs alliés séparatistes du Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. Kiev a pour sa part publié une vidéo de cet homme d'affaires dans laquelle il demande à être échangé "contre les défenseurs de Marioupol et ses habitants".

Les Russes entrent dans le Kreminna, dans l'est de l'Ukraine

Les troupes russes sont entrées lundi dans la ville de Kreminna (est), selon les autorités locales, et se trouvaient sous le feu ukrainien dans la ville voisine de Roubijné, a constaté l'AFP. "Il y a eu une importante attaque dans la nuit" de dimanche à lundi à Kreminna, a déclaré le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, sur sa page Facebook. "L'armée russe y est déjà entrée, avec une énorme quantité de matériel de guerre (...) Nos défenseurs se sont repliés sur de nouvelles positions", a-t-il ajouté.

Des discussions pour créer un "groupe de contact humanitaire" en Turquie

L'ONU et la Turquie discutent de la création d'un "groupe de contact humanitaire" qui réunirait sur le sol turc - sous l'égide des Nations unies - l'Ukraine et la Russie, a annoncé lundi un haut responsable onusien. Si l'Ukraine a déjà répondu favorablement à cette démarche, la Russie, informée de la proposition début avril, n'a pas encore fait connaître sa position.