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avec AFP , modifié à
Une série d'explosions ont secoué dimanche matin Odessa, principal port de l'Ukraine, situé dans le Sud-Ouest, une ville historique jusqu'ici relativement épargnée par les combats, ont constaté des journalistes de l'AFP, mais elles n'ont pas fait de victime, selon l'armée ukrainienne. Europe 1 fait le point sur l'évolution de la situation.
L'ESSENTIEL

Une série d'explosions ont secoué dimanche matin Odessa, principal port de l'Ukraine, situé dans le sud-ouest, une ville historique jusqu'ici relativement épargnée par les combats, ont constaté des journalistes de l'AFP, mais elles n'ont pas fait de victime, selon l'armée ukrainienne. Dans le nord de l'Ukraine, les forces russes se retirent de villes-clés près de la capitale Kiev et de Tcherniguiv

Les localités d'"Irpin, Boutcha, Gostomel et toute la région de Kiev ont été libérées de l'envahisseur", a affirmé samedi la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar. Mais les Russes, en se repliant "d'eux-mêmes" ou après des combats, laissent derrière eux "un désastre total et de nombreux dangers", a dénoncé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, sur Facebook. "Les bombardements peuvent se poursuivre", a-t-il mis en garde, accusant aussi les militaires russes de "miner les territoires qu'ils quittent, des maisons, des munitions et même des cadavres".

Les principales informations :

  • l'Ukraine dénonce le "massacre délibéré" de Boutcha près de Kiev
  • la région de Kiev "libérée"
  • des explosions entendues à Odessa, dans le sud-ouest
  • l'ONU à la recherche d'un cessez-le-feu

Des explosions à Odessa

Une série d'explosions ont secoué dimanche matin Odessa, principal port de l'Ukraine, sur la mer Noire, ont constaté des journalistes de l'AFP, mais elles n'ont pas fait de victime, selon l'armée ukrainienne. À la suite de ces explosions, survenues vers 06H00 (03H00 GMT), plusieurs énormes colonnes de fumée noire et des flammes s'élevaient au-dessus d'une zone industrielle, selon les mêmes sources.

Il s'agit d'une attaque de roquettes qui n'a pas fait de victime, a affirmé dans un communiqué un officier du commandement régional Sud, Vladislav Nazarov. "La région d'Odessa fait partie des cibles prioritaires de l'ennemi. L'ennemi poursuit sa pratique sournoise de frapper des infrastructures sensibles", a-t-il déclaré, réitérant l'interdiction de toute publication sur la localisation ou les dégâts des frappes. "Les nazis russes ont effectué une frappe de missiles, dont certains ont été abattus par la défense antiaérienne ukrainienne", avait auparavant indiqué la ville d'Odessa dans un communiqué.

Des fosses communes près de Kiev

Près de 300 personnes ont dû être enterrées "dans des fosses communes" à Boutcha, ville au nord-ouest de Kiev et théâtre de féroces combats, qui vient d'être reprise par les soldats ukrainiens, a déclaré à l'AFP son maire. "Dans certaines rues, on voit 15 à 20 cadavres sur le sol", mais "je ne peux pas dire combien il y en a encore dans des cours, derrière les palissades", a-t-il poursuivi. L'AFP a vu samedi les corps sans vie d'au moins vingt hommes portant des vêtements civils gisant dans une rue de Boutcha.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a accusé dimanche l'armée russe d'avoir commis des "atrocités" dans la région de Kiev, réclamant plus de sanctions à l'encontre de Moscou. "Choqué par les images obsédantes des atrocités commises par l'armée russe dans la région libérée de Kiev", a écrit Charles Michel sur Twitter, en mentionnant le hashtag "#BuchaMassacre", du nom de la localité ukrainienne reprise aux Russes, où près de 300 personnes ont été enterrées dans des fosses communes.

"Le massacre de Boutcha était délibéré", a dénoncé dimanche le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba au lendemain de la découverte de nombreux cadavres dans cette ville au Nord-Ouest de Kiev, tout juste reprise à l'armée russe. "Les Russes veulent éliminer autant d'Ukrainiens qu'ils le peuvent. Nous devons les arrêter et les mettre dehors. J'exige de nouvelles sanctions dévastatrices du G7 MAINTENANT", a-t-il écrit sur Twitter.

Boris Johnson a qualifié de "crimes de guerre" les "attaques abjectes" de la Russie contre des civils dans la ville ukrainienne de Boutcha, où de nombreux cadavres ont été découverts, promettant d'accroître les sanctions contre Moscou.

"Les attaques abjectes de la Russie contre des civils innocents à Irpin et Boutcha sont des preuves supplémentaires que (le président russe Vladimir) Poutine et son armée commettent des crimes de guerre en Ukraine", a déclaré le dirigeant dans un communiqué.

Le ministère russe de la Défense a quant à lui assuré que ses forces n'avaient pas tué de civils à Boutcha. "Pendant la période au cours de laquelle cette localité était sous le contrôle des forces armées russes, pas un seul résident local n'a souffert d'actions violentes", a déclaré le ministère dans un communiqué.

La région de Kiev "libérée"

Les Ukrainiens ont repris le contrôle de la totalité de la région de Kiev après le retrait des forces russes, a annoncé samedi la vice-ministre ukrainienne de la Défense. Les forces russes se redéploient vers l'Est et le Sud dans le but de "garder le contrôle" des territoires qu'elles y occupent déjà, a confirmé l'Ukraine. Plus d'un mois après le lancement de l'invasion russe, les localités d'"Irpin, Boutcha, Gostomel et toute la région de Kiev ont été libérées de l'envahisseur", a affirmé samedi Ganna Maliar.

Marioupol toujours assiégée

Toute la côte orientale du pays, de la presqu'île de la Crimée, annexée par Moscou en 2014, jusqu'aux républiques séparatistes prorusses de Donetsk et de Lougansk dans la région du Donbass (Est), est occupée par les forces russes, à l'exception d'une partie de la ville de Marioupol, où elles se heurtent toujours à la résistance de l'armée ukrainienne.

Port stratégique du Sud-Est du pays, sur la mer d'Azov, Marioupol reste assiégé et pilonné sans relâche. Au moins 5.000 personnes ont péri et 160.000 civils seraient toujours bloqués, selon des sources ukrainiennes. Les forces russes continuent par ailleurs "de bloquer partiellement la ville de Kharkiv", la deuxième ville d'Ukraine, située dans l'Est, où des zones industrielles et résidentielles sont la cible de tirs d'artillerie, selon l'état-major de l'armée ukrainienne, qui note toutefois une diminution de leur intensité.

Un accord oral avec Moscou ?

Le négociateur en chef ukrainien dans les pourparlers de paix avec la Russie, David Arakhamia, a affirmé samedi que Moscou avait accepté "oralement" les principales propositions ukrainiennes, ajoutant que Kiev attendait désormais une confirmation écrite. S'exprimant dans une émission télévisée, il a laissé entendre que les discussions visant à mettre fin aux hostilités avaient considérablement avancé.

"La Fédération de Russie a donné une réponse officielle à toutes les positions (ukrainiennes), à savoir qu'elle les accepte, sauf en ce qui concerne la question de la Crimée", annexée par Moscou en 2014, a assuré David Arakhamia. Il a ajouté qu'il n'y avait "aucune confirmation officielle par écrit", la partie russe l'ayant accepté "oralement".

Les Etats baltes cessent d'importer du gaz russe

Les Etats baltes ont cessé d'importer du gaz naturel russe qui "n'est plus acheminé vers la Lettonie, l'Estonie et la Lituanie depuis le 1er avril", a indiqué samedi le dirigeant de l'entreprise de stockage lettone Conexus Baltic Grid. Sur Twitter, le président lituanien Gitanas Nauseda a également appelé le reste de l'Union européenne à suivre l'exemple des pays baltes: "A partir de ce mois-ci, plus de gaz russe en Lituanie", a-t-il déclaré. Selon Eurostat, en 2020, la Russie comptait pour 93% des importations estoniennes de gaz naturel, 100% des importations lettones et 41,8% des importations lituaniennes.

L'impact sur la croissance des pays de l'OCDE

L'invasion russe de l'Ukraine pourrait coûter "un point à un point et demi" de croissance à l'Europe, en fonction de la durée du conflit, tandis que l'inflation pourrait encore augmenter "de deux points à deux points et demi", a estimé la cheffe économiste de l'OCDE, Laurence Boone, auprès du Journal du Dimanche.

Une manifestation réprimée au sud de l'Ukraine

Une manifestation de civils à Energodar, une ville du sud de l'Ukraine occupée par les forces russes, a été dispersée samedi par des tirs de mortiers et de grenades assourdissantes qui ont fait quatre blessés, a annoncé une responsable ukrainienne.

Des protestataires arrêtés en Russie

Plus de 200 personnes ont été arrêtées samedi en Russie lors de protestations contre l'offensive russe en Ukraine, a indiqué l'ONG spécialisée OVD-Info. Au moins 211 personnes ont été arrêtées durant des manifestations dans 17 villes russes, a précisé l'ONG dans un communiqué. A Moscou, un sit-in était prévu pour 11 heures GMT dans le parc Zariadié, à l'ombre du Kremlin. Peu après, la police a commencé à arrêter des personnes assises sur les bancs du parc, en pleine tempête de neige.

Le pape contre l'invasion russe

Le pape François a fustigé samedi à Malte l'invasion russe de l'Ukraine, où il a dit envisager de se rendre prochainement, à l'invitation du président Zelensky. "Quelque puissant, tristement enfermé dans ses prétentions anachroniques d'intérêts nationalistes, provoque et fomente des conflits", a-t-il déclaré en allusion au président russe Vladimir Poutine. Il a dénoncé "les séductions de l'autocratie" et "les nouveaux impérialismes" qui font peser sur le monde la menace d'une "Guerre froide étendue qui pourrait étouffer la vie de peuples et de générations".

4,1 millions d'Ukrainiens ont fui

Le conflit a déjà contraint plus de 4,1 millions d'Ukrainiens à fuir leur pays, selon l'ONU. Au total, plus de dix millions de personnes, soit plus d'un quart de la population, ont dû quitter leur foyer soit en traversant la frontière pour se réfugier dans les pays limitrophes, soit en trouvant refuge ailleurs en Ukraine. L'ONU estime à près de 6,5 millions le nombre de déplacés à l'intérieur du pays.