Des frappes russes sur Odessa ont fait deux morts et 22 blessés. (Illustration) 1:24
  • Copié
avec AFP / Crédit photo : BULENT KILIC / AFP , modifié à
Au 515e jour de l'invasion russe, une nouvelle attaque des forces russes contre le port d'Odessa a fait deux morts et provoqué la "destruction" d'une cathédrale orthodoxe classée par l'Unesco, a l'Ukraine, parlant de "crime de guerre". De son côté, Moscou affirme avoir frappé des lieux où se préparaient des "actes terroristes contre la Russie".
L'ESSENTIEL

L'Ukraine a promis dimanche des "représailles" après le tir dans la nuit de "19 missiles" russes sur Odessa, qui a fait deux morts, une vingtaine de blessés et "détruit" une cathédrale historique, quelques heures avant une rencontre entre Vladimir Poutine et son homologue bélarusse Alexandre Loukachenko, un fidèle allié de Moscou. Le président russe a à cette occasion affirmé à Alexandre Loukachenko que la contre-offensive ukrainienne en cours pour repousser les forces russes d'Ukraine avait "échoué".

Les informations à retenir :

  • Deux personnes ont été tuées et 22 autres blessées dans des tirs de missiles russes dans la nuit de samedi à dimanche à Odessa.
  • Une cathédrale orthodoxe classée par l'Unesco a été détruite, a annoncé l'Ukraine, qualifiant les faits de "crime de guerre".
  •  L'Unesco condamne des "frappes brutales russes" contre le patrimoine d'Ukraine.
  • Moscou affirme avoir frappé des lieux où se préparaient des "actes terroristes contre la Russie".
  • Vladimir Poutine a rencontré son homologue bélarusse Alexandre Loukachenko à Saint-Pétersbourg.

Les deux chefs d'État, qui se sont retrouvés pour deux jours à Saint-Pétersbourg, dans le nord-ouest de la Russie, ont notamment prévu de discuter du "partenariat stratégique et d'alliance" entre leurs pays. Alexandre Loukachenko est présenté comme ayant été le médiateur entre le Kremlin et Evguéni Prigojine au moment, il y a près d'un mois, de la rébellion avortée du groupe paramilitaire Wagner.

Régulièrement visée par des frappes russes, Odessa, dont le centre historique a été inscrit en début d'année par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité, a été la cible d'une nouvelle attaque nocturne dans laquelle deux personnes ont péri et 22 autres, dont au moins quatre enfants, ont été blessées, selon les autorités ukrainiennes.

 

"Missiles contre des villes paisibles, contre des immeubles d'habitation, une cathédrale (...)", s'est emporté le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "Il y aura à coup sûr des représailles contre les terroristes russes pour Odessa", a-t-il promis.

L'armée de l'air ukrainienne a de son côté affirmé que "19 missiles de divers types" (Onyx, Kalibr et Iskander) avaient au total été tirés par "l'ennemi" dans la nuit, dont neuf ont été détruits.

Une cathédrale "détruite"

"La cathédrale de la Transfiguration, située dans le centre historique d'Odessa, protégée par l'Unesco, a été détruite. Un crime de guerre qui ne sera jamais oublié ni pardonné", a pour sa part dénoncé sur Twitter le ministère ukrainien des Affaires étrangères.

Ceux des projectiles qui n'ont pas été interceptés par la défense antiaérienne ont également "causé des dégâts aux infrastructures portuaires, à au moins six résidences dont des immeubles d'appartements", a précisé l'armée. Cette attaque a également entraîné des "coupures de courant", a-t-elle souligné. "Plus de systèmes de missiles de défense" et de missiles tactiques pour l'Ukraine, a réclamé en réponse le chef de l'administration présidentielle, Andriï Iermak.

Se dressant au bord de la mer Noire, Odessa est une ville stratégique pour le transit maritime dans la région. Elle a vécu une "nuit d'enfer" jeudi, Kiev accusant Moscou de viser spécifiquement les infrastructures portuaires pour empêcher toute reprise éventuelle des exportations ukrainiennes de céréales. L'Unesco avait "fermement condamné" vendredi des frappes russes contre "plusieurs musées" et des bâtiments historiques du centre-ville, qui "ont subi des dommages".

L'armée russe assure quant à elle ne viser que des sites militaires. Dimanche, elle a affirmé avoir frappé des lieux où "des actes terroristes contre la Russie à l'aide de drones navals étaient en préparation". L'Unesco a condamné dimanche "avec la plus grande fermeté" les "frappes brutales menées par les forces russes" ayant touché plusieurs sites du centre d'Odessa, dans le sud de l'Ukraine, site du patrimoine mondial de l'humanité, notamment la cathédrale de la Transfiguration, vieille de plus de 200 ans.

"Ces terribles destructions marquent une nouvelle escalade de la violence à l'encontre du patrimoine culturel de l'Ukraine", a dénoncé la directrice générale de l'agence onusienne pour la culture, l'éducation et la science, Audrey Azoulay. "J'exhorte la Fédération de Russie à prendre des mesures tangibles pour se conformer aux obligations qui lui incombent au regard du droit international" relatives à la préservation du patrimoine, a-t-elle poursuivi.

Affrontements près de Zaporijjia

Cette nouvelle attaque nocturne survient aussi au lendemain d'une attaque de drones ukrainiens qui a fait exploser un dépôt de munitions en Crimée, provoquant l'évacuation de la population alentour et la suspension du trafic ferroviaire dans cette péninsule annexée par la Russie en 2014. La mort d'un journaliste russe dans un bombardement ukrainien a aussi suscité l'ire du Kremlin, qui a parlé de "crime odieux" et promis une "réponse" aux responsables de cette attaque. Celle-ci visait "des installations militaires", a affirmé à l'AFP une source interne à l'armée ukrainienne.

Les frappes russes sur Odessa se produisent peu après que Moscou a annoncé avoir effectué des manœuvres militaires avec des tirs de missiles en mer Noire, où les tensions se sont accrues depuis l'expiration d'un accord céréalier crucial pour l'alimentation mondiale qui permettait les exportations de céréales ukrainiennes.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, des missiles de croisière russes de type Kalibr, tirés de la mer, avaient touché la région d'Odessa, marquant alors une quatrième nuit d'attaques consécutive.

Au nord-est de cette zone, sur le front de Zaporijjia, où se trouve la plus grande centrale nucléaire d'Europe, occupée par les Russes, ces derniers ont repoussé "trois attaques des forces armées d'Ukraine en direction de Rabotino", selon l'agence de presse TASS, citant le responsable de la presse des unités russes "Vostok", Oleg Chekhov. "Des chars, des véhicules d'infanterie et des hommes" de l'armée ukrainienne ont été "détruits", a-t-il affirmé.

De son côté, l'armée ukrainienne a déclaré que Moscou concentrait "le principal de ses efforts à empêcher l'avancée" de ses hommes. La Russie a échoué dans sa tentative de "récupérer une position perdue au sud de Novodarivka, dans la région de Zaporijjia", a-t-elle assuré. "Au même moment, les forces de défense de l'Ukraine ont continué à mener une opération offensive sur les fronts de Melitopol et de Berdiansk, consolidant les positions atteintes", a encore dit l'armée.