Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 500e jour de l'invasion russe

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Le président ukrainien a visité l'île des Serpents à l'occasion du 500e jour de l'invasion russe. © Handout / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP
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avec AFP / Crédit photo : Handout / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP , modifié à
Au 500e jour de l'invasion russe, Volodymyr Zelensky s'est rendu sur l'île des Serpents, sur la mer Noire. Le président ukrainien célèbre le "courage" de son pays à l'occasion de ce chiffre symbolique. Le président s'est ensuite rendu à Istanbul. De son côté, l'ONU a dévoilé le bilan des pertes civiles depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
L'ESSENTIEL

La Russie a estimé samedi que la livraison de bombes à sous-munitions à l'Ukraine décidée par les États-Unis était un "aveu de faiblesse" qui rendra Washington "complice" des morts civiles provoquée par cette arme controversée.

"Le transfert d'armes à sous-munitions est un geste de désespoir et un aveu de faiblesse dans le contexte de l'échec de la prétendue contre-offensive ukrainienne", a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

Les principales informations :

  • La Russie dénonce la livraison de bombes sous-marines à l'Ukraine de la part des États-Unis et juge qu'il s'agit d'un "aveu de faiblesse".
  • Huit personnes sont décédées à Lyman après un bombardement russe.
  • Volodymyr Zelensky s'est rendu sur l'île des Serpents, sur la mer Noire.
  • L'ONU dénonce des pertes civiles.
  • Recep Tayyip Erdoğan réitère son soutien à l'Ukraine.

La diplomatie russe a dénoncé une "tentative cynique de prolonger l'agonie des autorités ukrainiennes actuelles sans se soucier des victimes civiles" de ces bombes qui tuent à l'aveugle en dispersant des petites charges explosives avant ou après l'impact.

"En fournissant des armes à sous-munitions, Washington se rendra de fait complice du minage et partagera pleinement la responsabilité des morts causées par les explosions, y compris celles d'enfants russes et ukrainiens", a poursuivi Moscou. Ces armes sont interdites dans nombre de pays, notamment européens, signataires de la Convention d'Oslo de 2008, dont ni les Etats-Unis ni l'Ukraine, ni la Russie ne sont parties prenantes.

Leur usage est très controversé car les charges qu'elles dispersent sont accusées de faire beaucoup de victimes civiles collatérales. Le président américain Joe Biden a assuré que la décision de livrer des bombes à sous-munitions à l'Ukraine avait été "très difficile", mais représentait "la bonne chose à faire".

Volodymyr Zelensky sur l'île des Serpents

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a visité l'île des Serpents, sur la mer Noire, où Kiev avait obtenu une victoire de prestige au début de la guerre avec la Russie, entrée samedi dans son 500e jour. "Aujourd'hui, nous sommes sur l'île des Serpents, qui ne sera jamais conquise par l'occupant, tout comme le reste de l'Ukraine, parce que nous sommes le pays du courage", a déclaré le chef de l'Etat dans une vidéo non datée publiée samedi sur les réseaux sociaux avant de se rendre au siège du patriarcat œcuménique de Constantinople, sur la Corne d'Or à Istanbul.

"Je veux remercier ici, depuis ce lieu de victoire, chacun de nos soldats pour ces 500 jours", a déclaré Volodymyr Zelensky dans cette vidéo où on le voit arriver en bateau sur l'île et déposer des fleurs devant un mémorial. Peu après le début de l'invasion de l'Ukraine le 24 février 2022, l'armée russe s'était emparée de cette île, caillou stratégiquement situé à quelques dizaines de kilomètres des côtes, où stationnait un petit contingent de soldats ukrainiens.

Le croiseur russe Moskva avait exigé leur reddition mais les soldats avaient refusé et intimé au navire "d'aller se faire foutre" au cours d'un échange radio devenu culte sur internet et repris sur des timbres en Ukraine. Les soldats ukrainiens avaient fini par être capturés avant d'être échangés avec des prisonniers russes. Le Moskva avait lui coulé dans la mer Noire après avoir été touché, selon Kiev, par des missiles ukrainiens. Moscou avait seulement évoqué une explosion à bord mais avait dû abandonner l'île en juin 2022.

Huit morts dans un bombardement russe

Au moins huit personnes ont été tuées et 13 blessées samedi dans un bombardement russe sur la ville de Lyman, dans l'est de l'Ukraine, au 500e jour de la guerre, a annoncé le ministère ukrainien de l'Intérieur. "À ce jour, nous avons connaissance de personnes mortes (...) suite aux bombardements de l'ennemi ce matin", a indiqué le ministère sur Telegram, précisant que 13 personnes ont été blessées.

Selon lui, des incendies se sont déclarés après ces frappes dans un immeuble résidentiel et l'annexe d'une imprimerie mais ont pu être éteints. La ville de Lyman, important nœud ferroviaire dans l'est de l'Ukraine, avait été reprise en octobre par l'armée ukrainienne, qui a fait état cette semaine d'offensives russes dans ce secteur.

Deux personnes ont par ailleurs été tuées dans un bombardement ukrainien nocturne sur la ville d'Olechky, sous occupation russe, dans le sud de l'Ukraine, selon les services de secours locaux cités par l'agence de presse russe TASS. Selon cette source, des dizaines d'obus ont été tirés par l'armée ukrainienne sur cette ville et d'autres localités avoisinantes.

Les forces ukrainiennes sont engagées depuis début juin dans une contre-offensive destinée à reprendre les territoires contrôlés par la Russie dans l'Est et le Sud. Après plus d'un mois d'opérations, les gains restent modérés avec plusieurs centaines de kilomètres et une dizaine de localités reprises, du fait de puissantes lignes de défenses russes.

Le bilan des pertes civiles annoncé par l'ONU

Plus de 9.000 civils, dont 500 enfants, ont été tués depuis l'invasion russe du 24 février 2022, a déclaré la Mission de surveillance des droits humains des Nations Unies en Ukraine dans un communiqué vendredi, bien que les représentants de l'ONU aient précédemment déclaré que le nombre réel était probablement beaucoup plus élevé. 

"Aujourd'hui, nous marquons une nouvelle étape sinistre dans la guerre qui continue à faire payer un tribut horrible aux civils ukrainiens", a déclaré Noel Calhoun, chef adjoint de la Mission de surveillance des droits humains de l'ONU en Ukraine dans un communiqué vendredi, 500e jour depuis le 24 février 2022. Alors que cette année, le nombre de victimes a été en moyenne inférieur à celui de 2022, il est reparti à la hausse en mai et en juin, ont noté les observateurs.

Le 27 juin, 13 civils, dont quatre enfants, ont été tués lors d'une frappe de missile sur Kramatorsk, dans l'Est de l'Ukraine. Loin de la ligne de front, dans la ville de Lviv (ouest), dix personnes ont été tuées lors d'un bombardement tôt jeudi que le maire a qualifié de plus grande attaque contre des infrastructures civiles depuis le début de l'invasion. 42 personnes ont été blessées dans cette même attaque, dont trois enfants, selon un bilan du ministère ukrainien de l'Intérieur communiqué vendredi matin.

L'UNESCO a déclaré que cette attaque était aussi la première à survenir dans une zone protégée par la Convention du patrimoine mondial et qu'elle avait endommagé un bâtiment historique. Les villes de Boutcha (au nord du pays, non loin de la capitale Kiev) et de Marioupol (sud-est) sont devenues les symboles des atrocités du conflit l'an passé, et pour lesquelles la Russie a été accusée de crimes de guerre et de génocides.

Dans la ville de Boutcha, autrefois endormie, des journalistes de l'AFP avaient découvert au mois d'avril une rue jonchée de cadavres portant des vêtements civils. Des images satellites avaient par la suite montré que plusieurs corps gisaient sur le sol depuis la mi-mars, lorsque la ville était sous contrôle russe, les autorités ukrainiennes affirmant alors que des centaines de personnes avaient été tuées à Boutcha par les forces de Moscou qui battaient en retraite.