Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 408e jour de l'invasion russe

La paix passe par l'établissement d'un "nouvel ordre mondial", indique le Kremlin.
La paix passe par l'établissement d'un "nouvel ordre mondial", indique le Kremlin. © MAREK M. BEREZOWSKI / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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avec AFP , modifié à
Au 408e jour de l'invasion russe en Ukraine, les négociations de paix ne seront possibles que si elles visent à l'établissement d'un "nouvel ordre mondial" sans domination américaine, a estimé vendredi Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.
L'ESSENTIEL

Des négociations de paix sur l'Ukraine ne sont possibles que si elles visent à l'établissement d'un "nouvel ordre mondial" sans domination américaine, a estimé vendredi le ministre russe des Affaires étrangères, au cours d'un déplacement en Turquie. Sergueï Lavrov a en outre menacé de mettre fin à l'accord permettant les exportations de céréales ukrainiennes, essentiel pour assurer la sécurité alimentaire mondiale et rendre possible l'envoi hors de ses frontières de l'importante production agricole de l'Ukraine. 

Les informations à retenir :

  • Des négociations de paix sur l'Ukraine ne sont possibles que si elles visent à l'établissement d'un "nouvel ordre mondial" sans domination américaine, a estimé Sergueï Lavrov.
  • Sergueï Lavrov menace de mettre fin à l'accord permettant les exportations de céréales ukrainiennes.
  • Le Kremlin considère aussi que les Occidentaux lui livrent une guerre par procuration en Ukraine.

"Les négociations (de paix sur l'Ukraine) ne peuvent avoir lieu que sur la base de la prise en compte des intérêts russes", a dit le ministre russe, pendant une conférence de presse avec son homologue turc, Mevlüt Cavusoglu. "Il s'agit des principes sur lesquels sera fondé le nouvel ordre mondial", a-t-il ajouté, dénonçant l'"hégémonisme" américain.

Le Kremlin considère aussi que les Occidentaux lui livrent une guerre par procuration en Ukraine

La Russie a expliqué son invasion de l'Ukraine en février 2022 en affirmant notamment que l'Otan et les Etats-Unis se servaient de leur allié ukrainien pour s'en prendre à la Russie. Avant d'envahir ce pays voisin, Moscou avait réclamé des garanties de sécurité impliquant en particulier un repli de l'Alliance atlantique d'Europe orientale.

Le Kremlin considère aussi que les Occidentaux lui livrent une guerre par procuration en Ukraine en fournissant à Kiev une aide militaire, une manière aussi d'expliquer l'incapacité de l'armée russe de s'imposer sur le champ de bataille.

Ce mois-ci, la présidence russe a dit à plusieurs reprises ne pas voir d'opportunité pour des négociations et ne pas avoir d'"autre solution que de continuer l'opération militaire spéciale", l'euphémisme russe pour décrire son offensive en Ukraine.

Le Kremlin exclu une éventuelle médiation chinoise

Le Kremlin a ainsi exclu dans l'immédiat une éventuelle médiation chinoise et un appel à une trêve de son allié, le président bélarusse, Alexandre Loukachenko.

Concernant la menace agitée vendredi par Sergueï Lavrov d'enterrer l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes, Moscou considère que la partie de ce texte qui doit lui permettre d'envoyer sur les marchés étrangers sa propre production agricole et ses engrais n'est pas appliquée. "S'il n'y a aucun progrès dans la levée des obstacles aux exportations d'engrais et de céréales russes, alors nous nous demanderons si cet accord est nécessaire", a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

En mars, la Russie a annoncé qu'elle ne prolongeait sa participation à l'accord céréalier que pour 60 jours, au lieu des 120 prévus par le pacte. L'accord dit de la mer Noire, signé en juillet dernier pour 120 jours entre les Nations unies, l'Ukraine, la Russie et la Turquie a eu pour conséquence d'atténuer la crise alimentaire mondiale provoquée par l'invasion russe. Il avait été reconduit en novembre pour quatre mois et a permis d'exporter plus de 24 millions de tonnes de céréales à partir des ports ukrainiens, selon l'ONU.

L'Ukraine dit à Lula qu'elle ne renoncera pas à la Crimée

L'Ukraine a affirmé vendredi qu'elle ne renoncerait pas à la Crimée, une péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014, en échange de la fin de la guerre, rejetant ainsi une suggestion du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva. "Il n'y a aucune raison légale, politique ou morale justifiant qu'on abandonne ne serait-ce qu'un centimètre de territoire ukrainien", a écrit sur Facebook le porte-parole de la diplomatie ukrainienne, Oleg Nikolenko, tout en assurant apprécier "les efforts du président brésilien pour trouver un moyen d'arrêter l'agression russe".

"Tout effort de médiation pour rétablir la paix en Ukraine doit être fondé sur le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale pleine et entière de l'Ukraine en accord avec les principes de la charte des Nations Unies", a-t-il ajouté.

Lula avait suggéré à l'Ukraine de céder la péninsule

Jeudi, Lula avait suggéré à l'Ukraine de céder la péninsule de Crimée à la Russie pour mettre fin à la guerre, estimant que le président ukrainien Volodymyr Zelensky ne pouvait "pas tout vouloir".

Le chef de l'Etat brésilien a formulé fin janvier une proposition, aux contours encore flous, de médiation d'un groupe de pays dans le conflit en Ukraine. Lula doit présenter ce projet à son homologue chinois Xi Jinping à Pékin la semaine prochaine. Le président brésilien s'est dit "confiant" quant aux chances de succès de ce projet, espérant que le groupe de pays "sera créé" à son retour de Chine. 

Zelensky accuse la Russie de "réprimer" les musulmans de Crimée

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé vendredi la Russie de mener une "répression" de la communauté tatare de Crimée, s'engageant à reprendre la péninsule annexée, à l'occasion d'une rupture du jeûne de ramadan à Kiev.

"La tentative de la Russie d'asservir l'Ukraine (...) a commencé avec l'occupation de la Crimée, avec les répressions contre la liberté de la Crimée, des Ukrainiens et des Tatars de Crimée", a-t-il déclaré devant les dirigeants musulmans ukrainiens et les ambassadeurs des pays musulmans. La communauté tatare, qui représente 12 à 15% des deux millions d'habitants de la Crimée, a largement boycotté le référendum de rattachement organisé par Moscou en 2014 pour son annexion.