Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 272e jour de l'invasion russe

Après la libération de la ville de Kherson, les Ukrainiens auraient trouvé quatre site de torture utilisés par les Russes. (Illustration)
Après la libération de la ville de Kherson, les Ukrainiens auraient trouvé quatre site de torture utilisés par les Russes. (Illustration) © Vyacheslav Madiyevskyi / NurPhoto / NurPhoto via AFP
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Au 272e jour de la guerre en Ukraine, le parquet général du pays a annoncé lundi avoir trouvé quatre "sites de torture" utilisés par les Russes à Kherson (sud) avant leur retraite forcée de la région il y a une dizaine de jours, Kiev accusant Moscou de crimes de guerre. De son côté, Washington accuse la Russie s'est livrée à des "crimes de guerre systémiques" partout où elle a déployé des troupes en Ukraine. 
L'ESSENTIEL

Le parquet général ukrainien a annoncé lundi avoir trouvé quatre "sites de torture" utilisés par les Russes à Kherson (sud) avant leur retraite forcée de la région il y a une dizaine de jours, Kiev accusant Moscou de crimes de guerre. A Kiev, le direction régional de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l'Europe, Hans Kluge, a par ailleurs prévenu que l'hiver menacera la vie de millions d'Ukrainiens, après les séries de frappes russes dévastatrices sur les infrastructures énergétiques du pays. "Cet hiver mettra en danger la vie de millions de personnes en Ukraine", a-t-il déclaré. "Pour faire simple, cet hiver sera une question de survie".

Les principales informations :

- L'Ukraine annonce avoir trouvé quatre "sites de torture" russes à Kherson

- Washington accuse la Russie de s'est livrée à "des crimes de guerre systémiques", partout où elle est allée

- La Russie et l'Ukraine s'accusent mutuellement de bombardements sur la centrale de Zaporijjia

La Crimée frappée par une "attaque de drones" 

La péninsule ukrainienne de Crimée, contrôlée par la Russie, a été visée par une attaque de drones mardi, les forces russes sur place étant "en alerte", ont indiqué les autorités installées par le Kremlin. "Il y a une attaque avec des drones", a déclaré sur Telegram le gouverneur de la région administrative de Sébastopol en Crimée, installé par Moscou, Mikhaïl Razvojaïev. "Nos forces de défense aérienne sont en train de travailler en ce moment même".

Il a précisé que deux drones avaient "déjà été abattus". Mikhaïl Razvozhayev a ajouté qu'aucune infrastructure civile n'avait été endommagée et a appelé les habitants à "rester calmes."

Dans une publication postée ultérieurement sur le réseau, il a indiqué que les forces de défense aérienne avaient abattu deux drones près de la centrale électrique de Balaklava, qui a déjà subi des attaques par le passé. "Maintenant, la ville est calme", a déclaré Mikhaïl  Razvozhayev. "Mais toutes les forces et tous les services se préparent au combat."

La flotte russe de la mer Noire, basée dans le port de Sébastopol, en Crimée, avait été attaquée fin octobre par ce que les autorités avaient qualifié d'attaque de drones "massive". Cette attaque, qui avait endommagé au moins un de ses navires, avait conduit Moscou à se retirer brièvement de l'accord historique sur les céréales en Ukraine. La Russie a annexé la Crimée en 2014 et Kiev ambitionne de la reconquérir.

L'Ukraine met en garde l'UE contre la "fatigue" face à la guerre

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a mis en garde l'Union européenne mardi contre la "fatigue" face à la guerre en Ukraine, pressant l'adoption d'un nouveau paquet de sanctions contre Moscou. "J'appelle mes collègues dans l'UE" à "rejeter tout doute" et toute "fatigue" et à "finaliser au plus vite le neuvième paquet de sanctions" qui est "attendu depuis longtemps", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse en ligne. "Si nous, les Ukrainiens, ne sommes pas fatigués, le reste de l'Europe n'a pas de droit moral ni politique de se fatiguer", a martelé le ministre.

Gazprom accuse l'Ukraine de siphonner du gaz destiné à la Moldavie

Le géant russe Gazprom a menacé mardi de réduire ses livraisons de gaz vers la Moldavie en accusant l'Ukraine de siphonner le gazoduc qui transite sur son territoire, une affirmation démentie par l'exploitant gazier ukrainien. "Le volume de gaz fourni par Gazprom au point de passage de Soudja pour transiter vers la Moldavie via le territoire de l'Ukraine dépasse (en réalité) le volume" qui parvient à la frontière entre l'Ukraine et la Moldavie, a déploré le géant gazier, propriété de l'État russe.

Selon Gazprom, l'Ukraine a accumulé illégalement 52,5 millions de mètres cubes de gaz en novembre en "violant" une partie des livraisons pour l'utiliser à ses propres fins. Le géant russe a ainsi menacé de "réduire l'approvisionnement en gaz au point de passage de Soudja (...) à partir du 28 novembre à 10h", si Kiev continuait de siphonner du gaz à destination d'autres pays.

Cette menace survient alors que les températures ont chuté ces derniers jours en Europe, augmentant la demande en gaz pour pouvoir notamment se chauffer. De son côté, l'exploitant gazier ukrainien (GTSOU) a affirmé dans un communiqué que "tous les volumes de gaz" arrivant de Russie à destination de Chisinau avaient "été transférés dans leur totalité" aux deux points de passage entrant en Moldavie.

"Ce n'est pas la première fois que la Russie a recours au gaz comme instrument de pression politique", a déploré Olga Bielkova, directrice des affaires gouvernementales et internationales de GTSOU. La Russie était le premier fournisseur de gaz de l'UE avant l'intervention militaire de Moscou en Ukraine en février, mais les Vingt-Sept ont depuis largement réduit leurs importations, à hauteur de moins de 10% de tout le gaz importé, selon Bruxelles.

L'Ukraine dit avoir arrêté un responsable des centres de détention provisoire russes à Kherson

Les enquêteurs ukrainiens ont affirmé mardi avoir arrêté pour "trahison" un responsable des centres de détention provisoire russes à Kherson (sud), ville libérée le 11 novembre après plus de huit mois d'occupation des troupes de Moscou.

"Dès les premiers jours de l'occupation de Kherson, cet employé d'un centre de détention a travaillé pour les envahisseurs (...) en tant que responsable des centres de détention provisoire et des lieux d'exécution des peines", a indiqué le Bureau d'Etat d'enquête ukrainien (SBI) dans un communiqué. Selon le SBI, cet employé "a permis l'évasion de criminels emprisonnés juste avant la libération de Kherson".

Après l'arrivée de l'armée ukrainienne le 11 novembre à la suite de deux mois de contre-offensive de Kiev dans la région de Kherson, "il n'a pas eu le temps de s'échapper et a été détenu par les employés du SBU", a indiqué le SBI dans son communiqué. Le suspect a ainsi été arrêté pour "trahison", précise le communiqué, un chef d'accusation qui peut valoir une condamnation à perpétuité en Ukraine.

Washington dénonce des "crimes de guerre systémiques" 

La Russie s'est livrée à des "crimes de guerre systémiques" partout où elle a déployé des troupes en Ukraine, a accusé lundi une haute responsable américaine, se disant confiante qu'à terme les responsables russes pourront en rendre compte devant la justice. "Nous disposons de preuves qui s'accumulent démontrant que cette agression (l'invasion russe, ndlr) s'est accompagnée de crimes de guerre systémiques commis dans toutes les régions où les forces russes ont été déployées", a déclaré à des journalistes Beth Van Schaack, diplomate chargée de la justice pénale internationale au département d'Etat, citant des exécutions sommaires, cas de torture ou de traitements inhumains ou encore le déplacement contraint de personnes et d'enfants.

"Lorsque vous constatez de tels actes systémiques, y compris la mise en place d'un vaste réseau de déplacements contraints, il est très difficile d'imaginer que ces crimes aient pu être commis sans que la responsabilité en incombe au plus haut de la chaîne de commandement", à savoir le président russe Vladimir Poutine, a-t-elle dit.

Les propos de la diplomate interviennent peu après que le parquet général ukrainien a annoncé lundi avoir trouvé quatre "sites de torture" utilisés par les Russes à Kherson (sud) avant leur retraite forcée de la région il y a une dizaine de jours.

La responsable, qui a évoqué un "nouveau Nuremberg", en référence aux procès des responsables nazis après la Seconde Guerre mondiale, s'est dite confiante dans le fait que les enquêtes menées actuellement, au sein de la Cour pénale internationale (CPI) par exemple, puissent aboutir à des mises en accusation en temps voulu.

Macron évoque avec Zelensky "l'absolue nécessité" de sécuriser la centrale de Zaporijia

Le président français Emmanuel Macron et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky ont évoqué lundi, lors d'un entretien téléphonique, "l'absolue nécessité de préserver la sécurité et la sûreté" de la centrale nucléaire de Zaporijjia, de nouveau bombardée ce week-end. "J'étais avec le président Zelensky pour un appel urgent", a déclaré le chef de l'Etat français lors d'un discours à Paris à la conférence internationale de soutien à la Moldavie, victime collatérale de l'invasion russe de l'Ukraine.

Il a expliqué cet appel par "le contexte qui continue d'être très difficile", avec "les bombardements qu'a encore subi l'Ukraine, les menaces qui pèsent sur la centrale de Zaporijjia". Selon la présidence, il "a dit sa vive préoccupation" quant aux "nouveaux tirs contre la centrale" en Ukraine, que Moscou et Kiev s'accusent mutuellement d'avoir bombardée.

Il s'en était déjà entretenu dimanche avec le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi. Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky "ont rappelé que c'était l'occupation illégale de la centrale par la Russie qui était à l'origine de la situation actuelle" et "sont convenus de l'importance de poursuivre les efforts avec l'AIEA pour parvenir à un accord qui assure l'absence de forces militaires, régulières ou mercenaires, et d'armes légères ou lourdes dans la zone de protection", a rapporté l'Elysée.

Le président français Emmanuel Macron et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky ont évoqué lundi, lors d'un entretien téléphonique, "l'absolue nécessité de préserver la sécurité et la sûreté" de la centrale nucléaire de Zaporijjia, de nouveau bombardée ce week-end.

"J'étais avec le président Zelensky pour un appel urgent", a déclaré le chef de l'Etat français lors d'un discours à Paris à la conférence internationale de soutien à la Moldavie, victime collatérale de l'invasion russe de l'Ukraine.

Il a expliqué cet appel par "le contexte qui continue d'être très difficile", avec "les bombardements qu'a encore subi l'Ukraine, les menaces qui pèsent sur la centrale de Zaporijjia". Selon la présidence, il "a dit sa vive préoccupation" quant aux "nouveaux tirs contre la centrale" en Ukraine, que Moscou et Kiev s'accusent mutuellement d'avoir bombardée. Il s'en était déjà entretenu dimanche avec le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi.

Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky "ont rappelé que c'était l'occupation illégale de la centrale par la Russie qui était à l'origine de la situation actuelle" et "sont convenus de l'importance de poursuivre les efforts avec l'AIEA pour parvenir à un accord qui assure l'absence de forces militaires, régulières ou mercenaires, et d'armes légères ou lourdes dans la zone de protection", a rapporté l'Elysée.