Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 223e jour de l'invasion russe

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Les forces ukrainiennes ont repris la ville de Lyman à l'armée russe. © Metin Aktas / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP
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avec AFP , modifié à
L'Ukraine a annoncé dimanche avoir repris la ville de Lyman, dans la région de Donetsk annexée par la Russie, au moment où la Cour constitutionnelle russe a jugé légaux les traités d'annexion des territoires ukrainiens signés par Vladimir Poutine. Europe 1 fait le point au 223e jour de l'invasion russe de l'Ukraine.

"À partir de 12h30 locales (9h30 GMT), Lyman est totalement débarrassée (de l'armée russe). Merci à nos militaires", s'est félicité le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. "Je suis optimiste et très motivé. Je vois l'activité sur la ligne de front et les territoires que l'on reprend", s'est réjoui auprès de l'AFP un soldat ukrainien de 33 ans posté près de Lyman, dans l'est de l'Ukraine, et qui se fait appeler par son nom de guerre "Fumée".

L'Ukraine a annoncé dimanche avoir repris la ville de Lyman, dans la région de Donetsk annexée par la Russie.

Les informations à retenir :

- Volodymyr Zelensky a revendiqué de "puissantes" avancées de son armée dans le sud

- Les Etats-Unis vont envoyer massivement de nouveaux équipements militaires à l'Ukraine

- L'Ukraine annonce avoir repris la ville stratégique de Lyman dimanche

- La Cour constitutionnelle russe valide les traités d'annexion

- Kadyrov réclame l'utilisation d'armes nucléaires de faible puissance

Volodymyr Zelensky revendique des avancées «puissantes» de son armée dans le sud

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a revendiqué mardi des avancées "rapides et puissantes" de son armée dans le Sud, faisant état de "dizaines" de localités reprises "cette semaine" aux Russes dans cette région et dans l'Est. L'armée ukrainienne réalise des avancées "assez rapides et puissantes dans le sud de notre pays", a-t-il déclaré dans son adresse quotidienne publiée sur les réseaux sociaux.

"Des dizaines de localités ont été libérées rien que cette semaine" dans les quatre régions annexées en fin de semaine dernière par la Russie, s'est félicité le chef d'État ukrainien. Il a notamment cité huit localités reprises par les forces de Kiev dans la région de Kherson (sud), où l'armée russe a reculé selon des cartes présentées mardi par le ministère russe de la Défense.

Les cartes montrées par Moscou, comparé à celles de la veille, montrent que les forces russes ont quitté un grand nombre de localités dans la région de Kherson notamment celle de Doudtchany sur la rive occidentale du fleuve Dniepr, alors que l'armée ukrainienne y mène une contre-offensive depuis plusieurs semaines, qui peinait à percer jusqu'à présent. La carte de la région de Kharkiv (nord-est) montre, elle, que les Russes ont quitté la quasi-totalité de la rive orientale de la rivière Oskil, dernière zone de la région qu'ils contrôlaient encore.

Nouvel envoi massif d'équipements militaires américains en Ukraine

Joe Biden a annoncé mardi dans un appel téléphonique avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky un nouvel envoi américain d'équipements militaires, pour une valeur totale de 625 millions de dollars, selon un communiqué de la Maison Blanche. Le président américain "a promis de continuer à soutenir l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra pendant qu'elle se défend contre l'agression russe".

Cet envoi à l'armée ukrainienne comprend en particulier quatre nouveaux Himars, a précisé de son côté le département d'Etat. Ces systèmes de lance-roquettes très précis et puissants ont joué un rôle important dans les récentes avancées militaires ukrainiennes. Le restant de ce nouveau volet d'aide militaire américaine comporte en particulier 32 canons Howitzer, des dizaines de milliers de munitions légères et de munitions d'artillerie, des systèmes de mines, et 200 véhicules blindés.

L'armée russe reculait mardi dans la région de Kharkiv (nord-est) mais aussi de Kherson (sud), selon des cartes présentées par le ministère russe de la Défense, illustrant les derniers succès de la contre-offensive ukrainienne dans les territoires annexés par Moscou.

Le président de la banque centrale ukrainienne démissionne

Le président de la banque centrale ukrainienne, Kyrylo Chevtchenko, a annoncé mardi sur Facebook sa démission pour des raisons de "santé", plus de sept mois après le début de l'invasion russe en Ukraine. "J'ai adressé au président (ukrainien Volodymyr Zelensky, NDLR) la demande d'accepter ma démission", a-t-il écrit, en précisant que c'était une "décision difficile" prise pour des "raisons liées à (sa) santé".

Tout remaniement à la tête de la banque centrale ukrainienne est généralement suivi de près par des bailleurs de fonds occidentaux, dont l'aide financière est cruciale pour maintenir à flot l'économie ukrainienne lourdement frappée par la guerre. Kyrylo Chevtchenko, âgé de 49 ans, dirigeait depuis deux ans la Banque nationale d'Ukraine (BNU, banque centrale), qui joue un rôle clé dans la stabilité macro-financière de ce pays, dont le PIB devrait se contracter de 35% en 2022 selon une nouvelle prévision de la Banque mondiale publiée mardi.

"La guerre a été une épreuve difficile pour notre équipe et pour moi personnellement", mais "je pense que nous l'avons passée avec dignité", a-t-il déclaré. Après le début de l'invasion russe, la BNU a "assuré le fonctionnement ininterrompu du système financier", "empêché la panique sur le marché des changes", "stoppé la fuite massive de capitaux" et prévenu le risque d'hyperinflation, s'est-il félicité.

"Aujourd'hui, la BNU est plus forte que jamais dans sa capacité à relever les défis et à surmonter les crises", a-t-il encore affirmé.

Lyman, un revers de taille pour l'armée russe

Samedi, les soldats ukrainiens étaient entrés dans cette ville stratégique de la région de Donetsk, dont l'annexion vendredi par Moscou a été fermement condamnée par Kiev et les Occidentaux. Anticipant cette importante victoire tactique, car Lyman est un nœud ferroviaire crucial, Volodymyr Zelensky avait assuré samedi soir que la semaine prochaine, "de nouveaux drapeaux ukrainiens [flotteraient] sur le Donbass", où se trouve la région de Donetsk.

Puis il avait lancé, s'adressant aux soldats et aux responsables russes et évoquant le président russe Vladimir Poutine : "Tant que vous tous n'aurez pas résolu le problème de celui qui a tout commencé, qui a déclenché cette guerre insensée contre l'Ukraine, vous serez dégagés l'un après l'autre, devenant des boucs émissaires, parce que vous n'admettez pas que cette guerre est une erreur historique pour la Russie". La perte de Lyman, dans la région annexée de Donetsk, est un revers de taille pour l'armée russe, incapable à ce stade de contrôler la totalité des territoires qu'elle occupe en Ukraine.

 

La Cour constitutionnelle russe valide les annexions

Malgré les difficultés rencontrées sur le terrain par la Russie depuis le début d'une contre-offensive réussie par Kiev début septembre, le processus légal de formalisation de l'annexion des régions ukrainiennes suit son cours à Moscou. Après la signature des traités d'annexion vendredi en grande pompe au Kremlin par Vladimir Poutine et les dirigeants des régions séparatistes et occupées, la Cour constitutionnelle russe les a jugés dimanche "conformes à la Constitution".

Selon Viatcheslav Volodine, le président de la Douma, les députés de la chambre basse du Parlement russe examineront lundi un projet de loi en vue de la ratification des traités. L'adoption de ce texte est prévue normalement dans la foulée, avant qu'il ne passe devant la chambre haute du Parlement, le Conseil de la Fédération.

Des annexions qui rendent "presque impossible la fin de la guerre"

L'annexion des régions ukrainiennes par la Russie n'est toutefois pas reconnue par la communauté internationale. Le pape François a ainsi "supplié" Vladimir Poutine d'"arrêter" la "spirale de violence et de mort" en Ukraine, tout en déplorant les annexions "contraires au droit international". Pour le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, l'annexion par la Russie de territoires ukrainiens rend "beaucoup plus difficile, impossible, presque, la fin de la guerre".

Le président français Emmanuel Macron, qui a échangé dimanche avec Volodymyr Zelensky, a, lui, promis de travailler à de "nouvelles sanctions" européennes contre Moscou. De leur côté, pour renforcer l'arsenal militaire ukrainien et repousser la Russie, l'Allemagne, le Danemark et la Norvège ont annoncé dimanche qu'ils allaient fournir à Kiev à partir de 2023 seize canons d'artillerie automobiles blindés, des Zuzana-2 slovaques.

La dirigeant de la Tchétchénie appelle à l'utilisation "d'armes nucléaires de faible puissance"

Les difficultés rencontrées depuis plusieurs semaines par les troupes de Moscou entraînent de vives réactions de la part des plus farouches va-t-en guerre russes. Le dirigeant de la république russe de Tchétchénie et fidèle du Kremlin, Ramzan Kadyrov, a par exemple appelé samedi l'armée russe à utiliser "des armes nucléaires de faible puissance" en Ukraine, après le retrait des Russes de Lyman.

Il s'en est également pris au "népotisme" présent selon lui au sein des forces armées russes, une des raisons principales des difficultés militaires rencontrées depuis maintenant plusieurs semaines par les troupes de Moscou. "Il n'y a pas de place pour le népotisme dans l'armée, surtout dans les moments difficiles", a-t-il juré dans un message virulent posté sur les réseaux sociaux.

L'Ukraine condamne la "détention illégale" du directeur de la centrale de Zaporijjia

L'Ukraine a condamné d'autre part samedi la "détention illégale" du directeur général de la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud), Igor Mourachov, arrêté pour une raison encore inconnue vendredi par la Russie qui contrôle le site, avant d'être relâché ce lundi. Dans un communiqué, le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a évoqué une "grave préoccupation".

Rafael Grossi "devrait se rendre à Kiev et à Moscou la semaine prochaine", peut-on aussi lire dans le communiqué.