Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 203e jour de l'invasion russe

Volodymyr Zelensky
Volodymyr Zelensky s'est rendu à Izioum, ville stratégique de la région de Kharkiv. © STR / Ukrainian presidential press-service / AFP
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avec AFP , modifié à
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a promis mercredi, au 203e jour de l'invasion russe, "la victoire" aux siens depuis la ville stratégique d'Izioum, reprise aux Russes lors d'une contre-offensive surprise, alors que Moscou s'est dit déterminé à continuer de pilonner l'Ukraine. Europe 1 fait le point sur la situation.
L'ESSENTIEL

Volodymyr Zelensky s'est rendu mercredi dans la ville stratégique d'Izioum, reprise aux Russes lors d'une contre-offensive surprise, et a promis "la victoire" aux siens au 203e jour de l'invasion russe de l'Ukraine. Il s'agit du premier déplacement du chef de l'Etat ukrainien dans la région de Kharkiv depuis la libération de la zone ce mois-ci, presque entièrement reconquise par ses forces en à peine 15 jours.

Izioum, cité de près de 50.000 habitants avant la guerre, avait fait l'objet de combats meurtriers au printemps avant d'être prise par les Russes qui en ont fait un noeud stratégique pour le ravitaillement de leurs troupes. Sa reconquête par Kiev constitue donc un revers pour l'armée russe qui s'est repliée vers Donetsk, zone sous contrôle du Kremlin depuis 2014. "Nous n'avançons que dans une direction, en avant, vers la victoire", a écrit Volodymyr Zelensky sur Telegram.

Les informations à retenir :

- "Nous avançons vers la victoire", a assuré Zelensky depuis Izioum

- L'armée russe continue de pilonner les forces ukrainiennes

- Von der Leyen se rend à Kiev ce mercredi

- La ville de Kryvyï Rig est sous la menace d'une inondation après une frappe russe

La ville de Kryvyï Rig, menacée d'inondations après une frappe russe 

La ville de Kryvyï Rig, dans le centre de l'Ukraine, est menacée d'inondations après une frappe russe ayant endommagé des infrastructures hydrauliques et provoqué la crue d'une rivière, a affirmé mercredi la présidence ukrainienne. "Au point d'impact, on observe un débit d'eau de 100 m3 par seconde, ce qui représente un grand volume. Le niveau de l'eau de l'Ingoulets (la rivière) change toutes les heures", a déclaré le chef adjoint de l'administration présidentielle Kyrylo Tymochenko.

Selon lui, le centre et un autre quartier de cette cité de 600.000 habitants sont "sous le risque d'inondations". "C'est un défi pour nous tous, mais la situation est sous contrôle. Tous les services sont impliqués pour éliminer la menace le plus rapidement possible", a-t-il ajouté sur Telegram.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, originaire de Kryvyï Rig, avait précédemment annoncé une frappe russe y ayant visé des "infrastructures hydrauliques", sans faire de victimes. Une "tentative d'inonder Kryvyï Rig", selon lui.

Poutine ne considère pas la guerre en Ukraine comme une "erreur" 

Vladimir Poutine ne considère pas la guerre en Ukraine comme une "erreur", a affirmé le chancelier allemand Olaf Scholz, mercredi lors d'une conférence de presse où il était questionné sur son entretien la veille avec le président russe. "Malheureusement, je ne peux pas vous dire qu'il y a maintenant une prise de conscience croissante que c'était une erreur de commencer cette guerre", a dit Olaf Scholz, à Berlin.

Et selon lui, l'opinion de Poutine n'est pas près de changer: "Rien ne laisse à penser qu'une nouvelle position est en train d'émerger là-bas", a affirmé le chancelier allemand qui a eu une conversation téléphonique de 90 minutes avec le président russe mardi. Olaf Scholz a estimé qu'il était "juste" de se parler et de dire ce que l'on avait à se dire. "Car je suis fermement convaincu que la Russie doit se retirer, que ses troupes doivent se retirer, afin que la paix ait une chance dans cette région", a-t-il martelé.

"Et chaque jour, il devient de plus en plus clair que c'est la seule perspective" possible, a-t-il poursuivi. Et d'ajouter: "Il faut en parler". Mardi, Olaf Scholz avait exhorté Vladimir Poutine à ordonner le "retrait complet" hors d'Ukraine des forces russes, en difficulté face à une contre-offensive.

Les destructions d'Izioum comparées à celles de Boutcha

Entouré de gardes du corps armés, le président en tenue kaki portait à l'épaule un écusson "l'Ukraine ou la mort", selon des photos de la présidence. Dans une vidéo, il a comparé les destructions d'Izioum à celles de Boutcha, ville près de Kiev d'où les forces russes se sont retirées au printemps, laissant derrière elles les corps de civils froidement exécutés. Des exactions que Moscou nie avoir commises.

"C'est pareil : des immeubles détruits, des gens tués. Cela fait partie de notre histoire, partie de la nation russe moderne", a-t-il dit en anglais, sans pour autant détailler ces accusations contre l'occupant russe à Izioum.

L'armée russe pilonne les forces ukrainiennes

L'Ukraine a annoncé avoir repris aux Russes durant le seul mois de septembre des milliers de kilomètres carrés dans l'Est et le Sud. De son côté, l'armée russe, dont des frappes ont provoqué ces derniers jours de vastes coupures de l'électricité dans plusieurs régions ukrainiennes, a indiqué mercredi pilonner les forces ukrainiennes à travers le pays, notamment dans la région de Kharkiv.

"Des frappes massives ont été menées dans les régions des localités de Dvoritchna, Balakliïa et Koupiansk visant les forces vives et les équipements des 14e et 93e brigades motorisées des forces armées de l'Ukraine", a indiqué le ministère russe de la Défense dans son briefing quotidien. De nombreuses autres villes et régions ont également été visées.

Reconquête quasi-totale de la région de Kharkiv

A Mykolaïv (Sud), deux immeubles ont été touchés et deux personnes sont mortes, selon les autorités locales. A Bakhmout, ville de la région de Donetsk que Moscou tente de conquérir depuis des mois, cinq civils ont été tués mardi, selon le gouverneur régional. La Russie justifie son invasion en affirmant que le pouvoir ukrainien réprimait les russophones du pays et que l'Otan se servait de l'Ukraine pour la menacer.

La contre-offensive éclair de l'Ukraine a permis la reconquête de la quasi-totalité de la région de Kharkiv, frontalière de la Russie, notamment les villes de Balakliïa, Koupiansk et Izioum. Ces deux dernières étaient des centres logistiques clé pour les forces russes.

Une contre-offensive dans le sud du pays

Forte de livraisons d'armements occidentaux, l'Ukraine mène en parallèle une contre-offensive dans le Sud du pays, dans la région occupée de Kherson, mais les gains sont moindres que dans le Nord-Est. Ces dernières semaines, l'armée ukrainienne y a pilonné des ponts stratégiques pour perturber le ravitaillement des forces russes. Elle a affirmé lundi avoir repris 500 km2.

Mercredi, la garde nationale russe, déployée dans les régions occupées de Kherson et Zaporijjia, a indiqué aux agences russes avoir "arrêté plus de 130 personnes" travaillant avec les services spéciaux et l'armée ukrainienne. Les avancées ukrainiennes de septembre sont les plus importantes depuis que Moscou s'est retiré des abords de Kiev et du centre du pays au printemps après avoir échoué à les conquérir.

Von der Leyen à Kiev ce mercredi

L'Occident a de son côté adopté des sanctions lourdes contre la Russie et augmenté les livraisons d'armes aux Ukrainiens. Les dirigeants des pays de l'Union européenne et de l'Otan viennent régulièrement à Kiev pour afficher leur soutien à Volodymyr Zelensky. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé devant le Parlement européen à Strasbourg s'y rendre mercredi en promettant une "solidarité indéfectible" avec l'Ukraine et la fermeté face à Moscou,

"L'heure est à la détermination, pas à l'apaisement", a-t-elle lancé avant de saluer la Première dame ukrainienne Olena Zelenska, ovationnée par le Parlement européen, et son "courage immense pour résister à la cruauté de (Vladimir) Poutine". Le chancelier allemand Olaf Scholz a, lui, parlé au président russe mardi, réclamant "un retrait complet" d'Ukraine.