Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 137e jour de l'invasion russe
Au moins six personnes ont perdu la vie ce dimanche dans un immeuble de Tchassiv Iar, touché par un missile russe. L'armée russe a poursuivi samedi ses bombardements en Ukraine et prépare, après quatre mois et demi de guerre, "de nouvelles actions", selon des responsables ukrainiens. Les Etats-Unis, qui continuent d'augmenter leur aide militaire à Kiev, ont demandé à la Chine de condamner "l'agression russe" en Ukraine.
Au moins six personnes ont été tuées et cinq autres blessées dimanche dans une frappe russe sur un immeuble d'habitation à Tchassiv Iar, dans l'Est de l'Ukraine, a annoncé le gouverneur, précisant qu'une trentaine de personnes se trouvaient encore sous les décombres. "L'opération de sauvetage est en cours. Les sauveteurs ont pu ramener six morts et cinq blessés à la surface", a indiqué sur Telegram Pavlo Kyrylenko, gouverneur de la région de Donetsk que l'armée russe ambitionne de conquérir.
"Au moins trente personnes se trouvent sous les décombres" de cet immeuble de quatre étages, touché par un missile russe Ouragan, selon Pavlo Kyrylenko.
La Russie multiplie les frappes
Dans le Donbass, dans l'Est de l'Ukraine progressivement conquis, "les frappes brutales de l'artillerie russe ne s'arrêtent pas un jour, Sloviansk, Bakhmout, Avdiivka...", a condamné le président Volodymyr Zelensky , dans la soirée, réclamant encore des armes "modernes et puissantes" pour se défendre.
"En une journée, la Russie a frappé Mykolaïv (Sud), Kharkiv (Nord-Est), Kryvy Rig (ville natale de Volodymyr Zelensky dans l'Est, ndlr), les villages de la région de Zaporijjia (Est)... Elle a frappé (...) délibérément, intentionnellement, de simples maisons, des objectifs civils, des gens. Il y a des victimes, morts, blessés", a-t-il énuméré.
Dans l'Est, les habitants de la petite ville de Droujkivka au sud de Kramatorsk ont été réveillés samedi par une attaque de missiles présumée qui a creusé un énorme cratère devant un supermarché lui-même endommagé. Les forces russes, qui ont annoncé début juillet avoir pris le contrôle de la région de Lougansk, visent maintenant celle de Donetsk pour occuper l'ensemble du bassin minier du Donbass, partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes soutenus par Moscou après l'annexion russe de la péninsule ukrainienne de Crimée.
Des bombardements russes ont fait au moins un mort et deux blessés à Kryvy Rig selon l'état-major ukrainien.
Les informations à retenir :
- Au moins six personnes ont été tuées dans une frappe russe sur un immeuble d'habitation à Tchassiv Iar
- Des responsables ukrainiens assurent que la Russie s'apprête à réaliser "de nouvelles actions" en Ukraine
- La police de Kherson ouvre des poursuites pénales après la destruction de récoltes par les forces russes
- Les "autorités" séparatistes accusent Kiev de couper le gaz à Zaporijjia
Récoltes détruites dans le Sud de l'Ukraine
Pour sa part, l'armée russe assure avoir infligé des dégâts importants à l'armée et au matériel ukrainien dans les régions de Mykolaïv et Dnipropetrovsk. Dans son communiqué, le ministère russe de la Défense revendique aussi des frappes sur les régions de Donetsk et de Kharkiv, où six civils ont été blessés selon le Parquet local ukrainien. Les "autorités" séparatistes, elles, accusent Kiev d'avoir coupé le gaz à Zaporijjia.
L'armée russe est "en train de se regrouper, ou plutôt de reconstituer ses groupes et prépare de nouvelles actions à Sloviansk, Kramatorsk, Bakhmout", avait estimé vendredi sur Telegram le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kyrylenko. Selon lui, "toute la ligne de front est sous un bombardement incessant". Samedi matin, il a fait état de cinq civils tués et sept blessés la veille. Le gouverneur de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, a déclaré samedi que les forces russes visaient la région de Donetsk depuis leurs bases dans la région de Lougansk où il n'y a "pas d'occupation complète" et qui "continue de se battre".
Le gouverneur de Kharkiv et celui de Donetsk ont accusé les forces russes de provoquer avec leurs tirs des incendies notamment dans des champs. "Ils essaient de détruire les récoltes par tous les moyens", a estimé vendredi ce dernier. Dans le Sud, la police de la région de Kherson a annoncé l'ouverture de poursuites pénales après la destruction de récoltes par les forces russes.
Pression diplomatique
La vice-Première ministre Iryna Verechtchouk, citée par des médias ukrainiens, a appelé la population des zones occupées par l'armée russe à évacuer par tous les moyens possibles, avertissant: "Il y aura des combats massifs". Volodymyr Zelensky a par ailleurs mis fin à la mission de cinq ambassadeurs ukrainiens à l'étranger, dont Andriï Melnik, en poste à Berlin, et qui avait jugé ouvertement timide le soutien de l'Allemagne à son pays.
"Une simple rotation comme le veut l'usage", a-t-il assuré. Il a remercié Washington pour le nouveau volet d'aide militaire annoncé la veille pour un montant de 400 millions de dollars. Cela comprend quatre systèmes de lance-roquettes multiples Himars et un millier d'obus de 155 mm, ce qui doit améliorer les capacités ukrainiennes à viser des dépôts d'armes et la chaîne d'approvisionnement de l'armée russe.
Washington a déjà fourni 6,9 milliards de dollars en assistance militaire à Kiev depuis le début de l'invasion russe, le 24 février. Les États-Unis ont également exercé une pression diplomatique à l'occasion d'une réunion ministérielle du G20 vendredi en Indonésie. Le secrétaire d'Etat américain Antony Blink a demandé samedi à son homologue chinois Wang Yi lors d'un entretien de prendre ses distances avec Moscou et condamner "l'agression" russe contre l'Ukraine. La veille, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait claqué la porte de la réunion du G20 après un torrent de critiques concernant l'invasion russe de l'Ukraine.
De son côté, le Royaume-Uni a annoncé samedi l'arrivée d'un premier groupe de soldats ukrainiens dans le cadre d'un "ambitieux nouveau programme d'entraînement" mobilisant 1.050 militaires britanniques, dévoilé le 17 juin à Kiev par le Premier ministre aujourd'hui démissionnaire Boris Johnson.