Gaza : «Leur peur a été au-delà de l'imaginable», après leur captivité, le lourd tribut psychologique des otages

Presqu'un an et demi après l'attaque du 7-Octobre, 33 otages retenus dans la bande de Gaza vont être progressivement libérés par le Hamas et rendus à Israël, après la signature d'un cessez-le-feu entre les deux partis. Un soulagement pour les familles des otages, qui s'attendent à ce que leurs proches soient néanmoins très marqués par leur captivité.
Ils auront été retenus en captivité pendant presque un an et demi. Enlevés lors de l’attaque terroriste du Hamas en Israël, le 7 octobre 2023, des dizaines d'otages, encore retenus, dans la bande de Gaza vont progressivement pouvoir rentrer chez eux. Un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, entré en vigueur dimanche dernier, doit permettre la libération de 33 otages au cours de six prochaines semaines. Trois l'ont déjà été le week-end dernier tandis que quatre "soldates" israéliennes le seront ce samedi.
Et si le cessez-le-feu dure plus de 15 jours, alors, les deux parties entameront de nouvelles discussions qui devraient permettre la libération de tous les otages, puis la restitution des corps des personnes enlevées et mortes à Gaza. L’objectif est clair pour Israël : ramener tous les otages sur son sol, vivant ou non. Et les familles des victimes le savent : ceux qui ont été enlevés par le Hamas ne seront plus les mêmes à leur retour.
Un "équilibre" rompu
"Il faut bien comprendre le traumatisme. Souvent, ça implique un état de peur permanente. Normalement, l'amygdale, la partie du cerveau qui gère les peurs, va se manifester jusqu'à ce que le danger s'éloigne, si on peut le dire comme ça", explique à Europe 1, la docteure Maryline Baranes. Et d'ajouter : "Puis, la région du cerveau qui s'appelle le cortex préfrontal, c'est-à-dire le raisonnement, va venir nous apaiser. Et il se crée un équilibre qui fait que lorsque l'on a très peur, à un moment, on arrive à se calmer."
Un équilibre qui a été totalement balayé pour les otages. "Dans cette situation, leur peur a été au-delà de l'imaginable, le cortex préfrontal n'a alors plus la capacité de revenir créer de l'équilibre", souligne la spécialiste du traumatisme, également experte judiciaire.
Un programme pour limiter au maximum l'impact des traumatismes
"Et pendant des mois, des années même pour certains (selon la personnalité des victimes ndlr), il n'y a pas de rééquilibrage, ce qui fait que l'on vit dans une peur permanente. Surtout que la question du traumatisme implique d'une part l'arrachement de l'insouciance, mais ça vient aussi anéantir la notion même de vie", poursuit-elle. "Toutes les perceptions, toutes les représentations qu'on avait, ont quasi définitivement changé", après une telle épreuve.
Pour lutter contre les effets de la captivité, Israël utilise le programme des 6C : Commitment (engagement), cognition, Challenge, contrôle, continuité et communication. L’objectif est clair : permettre au plus vite de réactiver certaines zones du cerveau des otages pour limiter au maximum l’installation de traumatismes, "en se basant notamment sur le principe d'équilibre entre l'amygdale et le cortex préfrontal", conclut Maryline Baranes.