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Trêve à Gaza : cessez-le-feu maintenu après un premier échange d'otages contre des prisonniers

Europe 1 avec AFP - Mis à jour le . 6 min
90 Palestiniens ont été relâchés après la libération de trois otages par le Hamas. (Illustration)
90 Palestiniens ont été relâchés après la libération de trois otages par le Hamas. (Illustration) AFP / © Abood Abusalama / Middle East Images / Middle East Images via AFP

Israël a annoncé avoir relâché lundi 90 détenus palestiniens, quelques heures après que trois otages israéliennes ont été libérées par le Hamas, dans le cadre du cessez-le-feu entre les deux parties qui s'est maintenu ce lundi.

Le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza s'est maintenu lundi, après un premier échange d'otages contre des prisonniers palestiniens qui a marqué le début d'un long processus devant mettre fin à 15 mois de guerre. Dès que les armes se sont tues dimanche, l'aide humanitaire a commencé à affluer dans le territoire palestinien en ruines, pendant que des milliers d'habitants de Gaza se précipitaient pour retrouver leur maison.

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Ce qu'il faut retenir : 

  • Ce lundi marquait le deuxième jour de la trêve entre le Hamas et Israël
  • L'autorité pénitentiaire israélienne a confirmé la libération de 90 détenus palestiniens
  • L'état des trois otages libérées est "stable"
  • L'aide humanitaire arrive avec l'entrée de "600 camions" par jour dans la bande de Gaza

Annexer la Cisjordanie serait une "très grave violation du droit international"

Toute annexion totale ou partielle de la Cisjordanie par Israël serait "une très grave violation du droit international", a mis en garde lundi le secrétaire général de l'ONU, dénonçant les déclarations en ce sens de hauts responsables israéliens.

"Je suis profondément préoccupé par la menace existentielle à l'intégrité et la contiguïté du Territoire palestinien occupé de Gaza et de Cisjordanie", a ajouté Antonio Guterres lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Proche-Orient.

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Un envoi quotidien de plus d'un million de litres de carburant pendant dix jours, annonce le Qatar

Le Qatar a annoncé lundi l'envoi de 1,25 million de litres de carburant par jour vers la bande de Gaza pendant les dix premiers jours de la trêve entre le mouvement islamiste Hamas et Israël, selon un communiqué de son ministère des Affaires étrangères.

Le petit pays riche en gaz a précisé avoir "mis en place un pont terrestre pour fournir à la bande de Gaza 12,5 millions de litres de carburant pendant les dix premiers jours de l'accord de cessez-le-feu (...) à raison de 1,25 million de litres par jour", pour les besoins de ce territoire palestinien qui compte 2,4 millions d'habitants.

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Les trois otages libérées "dans un état stable"

Au premier jour de la trêve, trois otages israéliennes ont été libérées après 471 jours de captivité dans la bande de Gaza, avant de retrouver leurs proches et d'être hospitalisées "dans un état stable", selon un médecin. Puis en début de nuit lundi, 90 Palestiniens ont été libérés de la prison militaire d'Ofer, en Cisjordanie occupée, et d'un centre de détention à Jérusalem, en vertu de l'échange prévu lors de cette première phase du cessez-le-feu, qui doit durer 42 jours.

Les prochaines libérations auront lieu samedi, selon un responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas. "Trois ou quatre femmes enlevées" seront libérées chaque semaine, selon l'armée. Durant la première phase, 33 otages israéliens retenus à Gaza doivent être libérés en échange d'environ 1.900 Palestiniens détenus par Israël, et l'armée israélienne doit se retirer d'une partie du territoire.

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Mais la suite du calendrier reste incertaine. Les termes de la deuxième phase, qui doit voir la fin définitive de la guerre et la libération de tous les otages, doivent être négociés au cours des six semaines à venir.

Une trêve en vigueur à la veille de l'investiture de Trump

Malgré les risques, des milliers de Palestiniens ont pris la route dimanche, au milieu d'un paysage apocalyptique de ruines poussiéreuses et d'immeubles éventrés. "Nous sommes finalement chez nous. Il n'y a plus de maison, seulement des ruines. Mais c'est notre maison", a témoigné Rana Mohsen, une femme de 43 ans rentrée à Jabalia, dans le nord du territoire. "Des destructions massives, indescriptibles, jamais vues dans l'histoire", a ajouté Fouad Abu Jalboa, un autre déplacé.

Même scène à Rafah, tout au sud. "Nous n'avons même pas pu trouver l'emplacement exact de nos maisons", a raconté Maria Gad El Haq, déplacée elle aussi par la guerre comme la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants de Gaza. La trêve est entrée en vigueur à la veille de l'investiture du président américain, Donald Trump, qui a exercé une intense pression sur les deux camps pour qu'un accord soit conclu avant son arrivée à la Maison Blanche.

L'une des otages libérées "est revenue à la vie", témoigne sa mère

Dimanche, les trois otages libérées, Emily Damari, 28 ans, Doron Steinbrecher, 31 ans, et Romi Gonen, 24 ans, ont été remises au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Gaza-ville, au milieu d'une foule de civils et d'hommes en armes.

"Selon ses propres mots, Emily est la femme la plus heureuse au monde, elle est revenue à la vie", a témoigné lundi Mandy, la mère de la jeune femme qui a perdu deux doigts pendant sa captivité. "D'autres familles attendent avec anxiété le retour de leurs bien-aimés", a souligné la présidente du CICR, Mirjana Spoljaric, en appelant toutes les parties à "assurer que les prochaines opérations se déroulent en toute sécurité".

Scènes de liesse dans la bande de Gaza

A Beitunia, près de la prison d'Ofer, des Palestiniens en liesse ont accueilli pendant la nuit les premiers détenus libérés. La prison, c'était "l'enfer, l'enfer, l'enfer", a affirmé l'un d'eux, Abdoul Aziz Mouhammad Atawneh.

Malgré les incertitudes, l'accord conclu le 15 janvier par l'intermédiaire du Qatar, des Etats-Unis et de l'Egypte nourrit l'espoir d'une paix durable dans le territoire palestinien, où la guerre avait été déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sanglante du Hamas dans le sud d'Israël. Si les deux premières étapes se déroulent comme prévu, la troisième et dernière portera sur la reconstruction de Gaza et la restitution des corps des otages morts.

Gaza se "relèvera" après les destructions israéliennes, affirme le Hamas

"Gaza, avec son grand peuple et son inébranlable volonté, se relèvera pour reconstruire" ce que les bombardements israéliens ont détruit, a affirmé lundi le Hamas dans un communiqué, au premier jour de la trêve avec Israël.

Le mouvement islamiste palestinien a ajouté que ces efforts se poursuivraient "jusqu'à ce que l'occupation soit vaincue et un Etat palestinien établi avec Jérusalem comme capitale", alors que la bande de Gaza est aujourd'hui anéantie après plus de 15 mois de bombardements israéliens.

Israël se réserve "le droit de reprendre la guerre si besoin"

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a cependant prévenu qu'Israël se réservait "le droit de reprendre la guerre si besoin". La branche armée du mouvement islamiste a affirmé que la trêve dépendait du "respect des engagements" par Israël.

En Israël, après l'émotion suscitée par les premières libérations d'otages, le journal Yedioth Ahronoth craint une suite moins heureuse. "Certains arriveront sur des brancards et des chaises roulantes. D'autres arriveront dans des cercueils. Certains arriveront blessés, dans un état émotionnel désastreux qui empêchera la diffusion de certaines images", a écrit l'éditorialiste Sima Kadmon.

Le journaliste Avi Issacharoff a lui dénoncé l'échec du gouvernement israélien à "s'engager de quelque manière que ce soit dans 'le jour d'après' la guerre". La trêve s'accompagne d'un afflux de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, soumise par Israël à un siège total.

"Après 15 mois de guerre, les besoins humanitaires sont pharamineux", a souligné le chef du bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Tom Flechter, en indiquant que 630 camions étaient entrés dimanche à Gaza, dont 300 destinés au nord du territoire. "Nous essayons d'atteindre un million de personnes dans les plus brefs délais", a déclaré à l'AFP Carl Skau, directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial.

En bref

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.210 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées, 91 restent otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée israélienne.

Au moins 46.913 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne de représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.