Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 296e jour de l'invasion russe

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La capitale ukrainienne Kiev était confronté vendredi à des coupures d'eau après une nouvelle vague de frappes russes, a indiqué son maire. © ANDRE LUIS ALVES / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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avec AFP , modifié à
Au 296e jour de l'invasion russe, des salves de frappes russes se sont abattues ce vendredi matin sur l'Ukraine, provoquant des coupures d'eau dans la capitale Kiev et de nouvelles interruptions de courant dans plusieurs villes du pays. "Ne quittez pas les abris ! L'attaque contre la capitale est encore en cours!", a demandé le maire de Kiev aux habitants sur Telegram.
L'ESSENTIEL

L'Ukraine a subi vendredi matin de nouvelles frappes de missiles russes qui ont provoqué des coupures d'eau dans la capitale Kiev et de courant à travers le pays, Moscou se montrant déterminée à détruire les infrastructures ukrainiennes. Selon les premiers bilans, au moins deux personnes sont mortes à la suite d'une frappe qui a touché un immeuble résidentiel à Kryvyï Rig (sud), selon le gouverneur régional. Et une autre a été tuée par des tirs d'artillerie ayant visé une zone résidentielle de Kherson (sud), ville reconquise en novembre par les forces ukrainiens.

Les informations à retenir :

  • Kiev, touchée par plusieurs frappes russes, a mis à l'arrêt son système de métro pour que les stations servent d'abris.
  • Kharkiv, deuxième ville du pays, n'a plus d'électricité.
  • Les autorités russes ont signalé huit morts de frappes ukrainiennes dans la région occupée de Lougansk.

l'UE condamne "la terreur aveugle du Kremlin"

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a condamné vendredi comme des crimes de guerre les tirs de missiles effectués par la Russie contre l'Ukraine et dénoncé un "autre exemple de la terreur aveugle du Kremlin". "Ces attaques cruelles et inhumaines visent à accroître les souffrances et à priver la population ukrainienne, mais aussi les hôpitaux, les services d'urgence et d'autres services essentiels d'électricité, de chauffage et d'eau. Ils constituent des crimes de guerre et sont barbares. Tous les responsables devront rendre des comptes", a-t-il affirmé dans un communiqué.

L'Ukraine a subi vendredi matin de nouvelles frappes de missiles russes qui ont provoqué des coupures d'eau dans la capitale Kiev et de courant à travers le pays. Selon les autorités ukrainiennes, "environ 40 missiles" russes ont visé vendredi Kiev, dont 37 ont été abattus par la défense antiaérienne.

"L'UE et ses partenaires intensifient encore leurs efforts pour fournir l'aide d'urgence dont la population ukrainienne a besoin pour rétablir et maintenir l'électricité et le chauffage", a annoncé Josep Borrell.

40 missiles russes ont visé Kiev

Selon les autorités ukrainiennes, "environ 40 missiles" russes ont visé la capitale, dont 37 ont été abattus par la défense antiaérienne. Elles n'ont pas précisé quels dégâts les autres ont occasionné. Le maire, Vitali Klitchko, a indiqué que les dommages à l'infrastructure énergétique ont provoqué des "interruptions de l'approvisionnement en eau dans tous les quartiers de la capitale". De son côté, l'occupation russe de la région ukrainienne de Lougansk (est) a accusé les forces ukrainiennes de tirs d'artillerie sur deux localités, faisant huit morts et 23 blessés vendredi matin.

Confrontée à une série de revers militaires dans le nord-est et le sud du pays cet automne, la Russie a opté en octobre pour une tactique de frappes massives visant la destruction des réseaux et transformateurs électriques de l'Ukraine, plongeant des millions de civils dans le froid et l'obscurité en plein hiver.

"Une nouvelle vague massive de bombardements russes vise l'infrastructure énergétique, des installations ont déjà été endommagées dans l'est et le sud du pays", a ainsi indiqué vendredi matin sur Facebook le ministre de l'Energie, Guerman Galouchtchenko. Le ministre des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba a réagi en réclamant que les Occidentaux livrent "un obusier à l'Ukraine, un char à l'Ukraine, un véhicule blindé à l'Ukraine, pour chaque missile ou drone qui vise l'Ukraine". L'aide militaire occidentale a déjà permis aux forces ukrainiennes d'infliger des défaites d'ampleur à l'armée russe.

Kiev met son métro à l'arrêt

A Kiev, les frappes matinales ont conduit vendredi à la mise à l'arrêt du métro pour que les stations puissent servir d'abris. Emmitouflés dans leurs manteaux, assis par terre ou sur les marches des escalators, certains y ont passé quatre heures, du début de l'alerte vers 08H00 (06H00 GMT) à sa levée vers midi. "C'est devenu quelque chose de normal. Ce matin je me suis réveillée, j'ai vu un missile dans le ciel, et je n'étais pas surprise. Je l'ai vu et j'ai su que je devais aller dans le métro", a confié Lada Korovaï, une actrice de 25 ans.

Dans l'après-midi, la municipalité a annoncé sur Telegram que le métro resterait à l'arrêt tout le reste de la journée, "du fait de dégâts sur le système énergétique et du fait des coupures de courant en urgence". Mercredi, la capitale avait déjà été visée par un essaim de 13 drones explosifs, que l'armée dit avoir abattus. 

Une organisation antiblanchiment sanctionne la Russie pour l'invasion de l'Ukraine

L'organisation internationale de lutte contre le blanchiment d'argent appelée Groupe Egmont, forte de 166 pays membres, a annoncé l'imposition de sanctions contre son membre russe, près de 10 mois après l'invasion de l'Ukraine par Moscou.

"La confiance est essentielle", a écrit ce forum d'échange et de coopération pour les cellules nationales de renseignement financier, à l'instar de Tracfin en France ou FinCEN aux Etats-Unis, dans un communiqué jeudi, condamnant les effets "dévastateurs" de l'invasion russe.

L'organisation basée à Ottawa, dont fait partie la Russie au travers de Rosfinmonitoring, a notamment décidé de retirer toute responsabilité à son membre russe dans l'organisation de réunions, dans les fonctions de conseil, de représentativité, ainsi que de présence physique aux réunions.

"Le Rosfinmonitoring ne sera autorisé à assister virtuellement aux réunions que si cette possibilité est offerte par l'hôte de ces réunions", ajoute Xolisile Khanyile, président du Groupe Egmont. Cette décision suit une autre sanction proche imposée par le Groupe d'action financière (Gafi), organisme de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, qui compte 39 membres.

Dans le sillage de l'invasion russe en Ukraine, le Gafi avait interdit à Moscou d'avoir un quelconque rôle de conseil ou de prise de décision au sein de l'institution basée à Paris.

Des villes se retrouvent sans électricité

Ailleurs, des pans entiers du pays étaient une nouvelle fois privés de courant vendredi. Ainsi, "la région de Kirovograd (centre) est entièrement sans électricité", a déploré son gouverneur, Andriï Raïkovytch, sur Telegram. La deuxième ville du pays, Kharkiv (nord-est), était également privée de courant, tout comme Poltava (centre). "Sans électricité (...) le système de chauffage ne fonctionne plus" à Krementchouk (centre), a dit de son côté sur Telegram le maire de cette ville, Valéri Maletskiï. Des frappes multiples ont également visé la région de Zaporijjia (sud), selon son gouverneur, Oleksandre Staroukh.

Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko, se retrouvent lundi à Minsk

Cette semaine, les alliés occidentaux de l'Ukraine, réunis en conférence à Paris, ont trouvé environ un milliard d'euros pour aider le pays à sauvegarder et réparer son infrastructure alors que, dans de nombreuses agglomérations, la population n'a de l'électricité que quelques heures par jour.

De leur côté, les présidents russe et bélarusse, Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko, se retrouvent lundi à Minsk pour un sommet destiné à resserrer encore leur alliance. Le Bélarus, seul allié de la Russie dans cette guerre, avait prêté son territoire pour permettre l'assaut russe sur Kiev au début de l'invasion le 24 février. Mais face à la résistance ukrainienne, le Kremlin avait dû se résoudre à renoncer à la capitale ukrainienne. Selon M. Loukachenko, le sommet lundi sera "avant tout (consacré) à la sphère économique", mais les deux dirigeants parleront aussi de "la situation politico-militaire autour de (leurs) pays".

Enfin, dans un entretien publié jeudi, le commandant en chef de l'armée ukrainienne, Valéry Zaloujny, s'est dit convaincu que la Russie allait tenter une nouvelle attaque sur Kiev dans les premiers mois de 2023. Depuis le printemps, les combats se concentrent dans l'est et le sud de l'Ukraine. Moscou a dû y céder depuis septembre d'importants territoires, et a mobilisé depuis 300.000 réservistes pour consolider ses lignes. Les batailles sont particulièrement rudes autour de Bakhmout et Avdiivka, deux villes de l'Est que les forces russes tentent de conquérir.