Facebook veut bloquer les infos en Australie en signe de défi au gouvernement et aux médias

Facebook a annoncé mercredi son intention de restreindre en Australie, le partage d'articles et de vidéos d'information par les éditeurs et les utilisateurs, en raison d'un projet de loi qui va forcer les grandes plateformes à rémunérer les médias en fonction du trafic que les titres génèrent.
Facebook a annoncé mercredi son intention de restreindre en Australie, le partage d'articles et de vidéos d'information par les éditeurs et les utilisateurs, en raison d'un projet de loi qui va forcer les grandes plateformes à rémunérer les médias en fonction du trafic que les titres génèrent. © Pixabay
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avec AFP
Facebook a annoncé mercredi son intention de restreindre en Australie, le partage d'articles et de vidéos d'information par les éditeurs et les utilisateurs, en raison d'un projet de loi qui va forcer les grandes plateformes à rémunérer les médias en fonction du trafic que les titres génèrent.

Google a cédé mais Facebook met ses menaces à exécution : le géant des réseaux sociaux va restreindre le partage d'articles et de vidéos d'information en Australie, en représailles à un projet de loi qui veut forcer les plateformes à rémunérer les médias pour la reprise de leurs contenus. "Nous faisons face à un choix désagréable : essayer de nous conformer à une loi qui ignore les réalités de la relation (entre le réseau et les éditeurs), ou bien cesser d'autoriser les contenus informatifs sur nos services en Australie", a indiqué le groupe californien dans un communiqué mercredi. "Avec le cœur lourd, nous choisissons la deuxième option".

Plus possible de voir ni partager des liens de médias locaux ou internationaux

Le gouvernement australien travaille sur un "code de conduite contraignant" censé gouverner les relations entre des médias traditionnels en difficulté financière et les géants de l'Internet, à commencer par Google et Facebook, qui captent la majorité des recettes publicitaires numériques mondiales. Selon l'annonce de Facebook, ses utilisateurs australiens ne pourront plus voir ni partager de liens d'informations provenant de médias locaux ou internationaux. Les médias australiens, eux, seront empêchés de publier leurs contenus sur des pages de la plateforme.

Google avait aussi menacé de suspendre ses services en Australie mais il vient de faire part d'un accord passé avec le groupe de médias de Rupert Murdoch, News Corp - qui comprend le Wall Street Journal, New York Post, The Times, The Sun, The Australian...

Un accord trouvé avec Google

Le groupe californien a accepté de verser des "sommes significatives" en contrepartie des contenus de ces titres de presse qui apparaîtront sur sa plateforme lancée l'an dernier, News Showcase. Ce "partenariat historique", selon les termes des deux sociétés, va lui permettre d'échapper à l'arbitrage forcé prévu par la future loi en cas d'échec des négociations avec les médias. "Beaucoup de gens vont demander pourquoi nous réagissons différemment (de Google, ndlr)", a admis William Easton, directeur de Facebook pour l'Australie et la Nouvelle-Zélande, dans le communiqué.

Le moteur de recherche de Google est "inextricablement lié aux infos, et les éditeurs de presse ne fournissent pas volontairement leur contenu. En revanche, sur Facebook, ils choisissent de publier les nouvelles parce que cela leur permet de vendre plus d'abonnements, de faire croître leur audience et d'augmenter leurs revenus publicitaires", a-t-il expliqué. Le premier réseau social au monde dit avoir généré plus de 5 milliards de liens renvoyant vers les publications australiennes, dont il estime la valeur à 407 millions de dollars australiens (261 millions d'euros) pour les médias.

"Pour Facebook, les gains sont minimes", insiste le dirigeant. "Les infos représentent moins de 4% des contenus que les gens voient sur leur fil." "Nous expliquons depuis des mois au gouvernement australien que l'échange de valeur entre Facebook et les éditeurs penche largement en leur faveur", a-t-il conclu. Le groupe américain a aussi précisé qu'il allait désormais privilégier les médias d'autres pays pour ses investissements dans l'information.