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Rémi Duchemin , modifié à
Roger Cohen, éditorialiste au "New York Times", estime mercredi sur Europe 1 que Joe Biden, qui deviendra dans la journée le 46ème président des Etats-Unis, aura bien du mal à réparer les fractures nées dans le pays après quatre années d’une présidence Trump plus que controversée.
INTERVIEW

Mercredi, Joe Biden deviendra le 46ème président des Etats-Unis à l’issue d’une cérémonie d’investiture qui ne ressemblera à aucune de celles qui l’ont précédée. Car rarement les menaces sur la sécurité ont été aussi nombreuses, quelques jours après l’invasion du Capitole par les supporters de Donald Trump. "Le fait qu'il y a une transition avec du fil barbelé partout, avec des soldats partout, ça démontre à quel point le président Trump, qui sortira d'ici quelques heures a fracturé le pays", analyse pour Europe 1 Roger Cohen, éditorialiste au New York Times. Et le journaliste prévient : pour Joe Biden, "ça va être extrêmement dur" d’effacer ces divisions.

"Monsieur Trump ne va pas disparaître complètement de la scène politique"

D’autant plus dur que le nouveau président américain prend ses fonctions alors que l’épidémie de coronavirus est encore très virulente dans le pays. Joe Biden a d’ailleurs rendu hommage aux 400.000 morts du Covid mardi soir. "Comme en France, ce sont les gens les plus pauvres en général qui en souffrent le plus. Et ça divise encore plus une Amérique où l'inégalité est devenue toujours plus extrême", rappelle Roger Cohen.

Et puis, il y a l’ombre de Donald Trump, qui va continuer à planer sur les Etats-Unis. "Monsieur Trump va s’installer à Mar-a-Lago, mais il ne va pas disparaître complètement de la scène politique", annonce l’éditorialiste. "Il y a 74 millions de gens qui ont voté pour lui. Donc, la tâche du président Biden est absolument énorme."

Trump, "une espèce de présidence en exil à Mar-a-Lago"

Cela dit, le fait que de plus en plus de cadres républicains, à l’image du patron des sénateurs Mitch McConnell, lâchent Donald Trump, incite à un certain optimisme. "Le fait que même le chef des républicains au Sénat dise que c'est monsieur Trump qui a provoqué cette invasion du Capitole par cette foule, c'est quelque chose d'extraordinaire", se félicite Roger Cohen. "Et ça démontre que le Parti républicain, finalement, se sépare, au moins en quelque sorte, du président Trump."

Mais une chose est sûre, la réconciliation ne viendra pas de Donald Trump lui-même. "Il n'a même pas la politesse d'être présent pour cette cérémonie d’investiture", déplore l’éditorialiste du New York Times. "Il exercera une espèce de présidence en exil à Mar-a-Lago, car ces millions de gens qui l'ont soutenu n'entendent pas le lâcher du jour au lendemain. Mais j'espère que comme politicien, il ne pourra plus avoir d’influence politique aux Etats-Unis, parce que les dégâts que cet homme a fait avec son égoïsme farouche sont énormes."