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William Molinié , modifié à
Le discret service de renseignement des armées françaises a accepté d’ouvrir ses portes à Europe 1. Tout au long de la semaine, nous vous emmenons sur la base aérienne 110 de Senlis-Creil dans l’Oise, au QG des centres experts de la Direction du renseignement militaire (DRM).

"Monsieur, déposez vos objets connectés dans la boîte, s’il vous plaît". A 65km de Paris, la base aérienne 110 s’érige en forteresse dans les champs de l’Oise. On ne pénètre dans le sacro-saint du renseignement militaire qu’en laissant derrière soi toute possibilité de capter des images et de se faire pirater son téléphone portable. Et pour cause, on entre là sur un site ultra-sécurisé, cloisonné, où le secret est absolu et où d’immenses antennes sont disséminées un peu partout.

2.000 experts, civils et militaires, de la très discrète direction du renseignement militaire observent, entre autres, les manœuvres russes et ukrainiennes. A très bas bruit, ils collectent du renseignement d’origine satellitaire, cyber, électromagnétique et parfois même humain. "Il s’agit aujourd’hui de désépaissir le brouillard de la guerre. Notre rôle est d’identifier les forces en présence, quelles sont leurs capacités, quelles sont leurs lacunes. Et d’en déduire potentiellement leurs intentions", explique au micro Europe 1 le Général Cyrille, sous-directeur à la DRM.

La guerre à ciel quasi-ouvert

Chaque jour, des dizaines de bulletins de renseignement sont produits par ces agents. Ils alimentent ensuite des notes transmises jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. "Les forces en présence savent que nous pouvons savoir des choses. Parfois elles en usent en imaginant que nous allons être 'intoxiqués'", poursuit le Général Cyrille. Les grandes oreilles de l’armée écoutent et scrutent chaque manœuvre, chaque mouvement, qui se dévoilent à ciel ouvert depuis le territoire ukrainien.

"Nous passons de l’étape de la doctrine, de l’analyse, des supputations et des intentions à la réalité qui est sous nos yeux, sous nos oreilles. Et puisque c’est une vraie guerre, il n’y a plus de simulation. On n’est plus en exercice. Et nous avons finalement une vérité des prix dans les forces qui s’affrontent", ajoute-t-il.

Une obsession : ce qu’il s’est passé

Ces espions de l’ombre ont une obsession, celle de la vérité et de la preuve. Marioupol, Boutcha, Zaporijia ou encore les deux missiles ukrainiens tombés sur le territoire polonais… Comment démêler le vrai du faux dans une guerre où chaque belligérant utilise aussi le levier de la manipulation des opinions ? A chaque fois, la mission de ces espions de l’ombre est la même : tenter de comprendre ce qu’il s’est réellement passé.

Afin d’alerter le chef d’état-major des armées, le ministre de la Défense jusqu’au président de la République pour qu’il soit renseigné au mieux lorsqu’il dialogue avec ses homologues étrangers.Retrouvez tous les épisodes de notre série.