États-Unis : l'Union européenne divisée après l'investiture de Donald Trump
À Davos, Ursula von der Leyen a affirmé la volonté de l'Europe de nouer des alliances stratégiques face au retour de Donald Trump, tout en restant fidèle à ses principes. Certains pays seraient prêts à négocier seuls avec les Américains tandis que d'autres attendent patiemment les directives de Bruxelles.
Pragmatisme face au retour au pouvoir de Donald Trump, et déjà une main tendue à la Chine et un voyage annoncé en Inde : la présidente de la Commission européenne a montré mardi à Davos que l'Europe cherchait de nouveaux alliés face au président américain. "Notre priorité absolue consistera à engager le dialogue sans attendre, à examiner quels sont nos intérêts communs et à nous préparer à la négociation", a déclaré Ursula von der Leyen, qui tenait l'un des discours d'ouverture à la réunion annuelle du Forum économique mondial dans la station de ski suisse.
"Nous nous montrerons pragmatiques, mais nous ne renoncerons pas à nos principes. Pour protéger nos intérêts et défendre nos valeurs", a-t-elle ajouté. Elle a d'ores et déjà pris la défense de l'accord de Paris sur le climat, qui "demeure le meilleur espoir de l'humanité toute entière".
Donald Trump a enclenché la sortie des États-Unis de cet accord, comme il l'avait fait pendant son premier mandat, remettant en péril les efforts mondiaux pour ralentir le réchauffement de la planète. En attendant de savoir comment évolue la relation avec le nouveau président américain, qui doit lui-même s'exprimer en visioconférence à Davos jeudi, Ursula von der Leyen a annoncé la couleur.
"Nous sommes prêts à engager un dialogue"
"L'Europe continuera à prôner la coopération, pas seulement avec nos amis de longue date, qui partagent nos valeurs, mais aussi avec tous les pays avec qui nous avons des intérêts communs. Le message que nous adressons au reste du monde est simple : nous sommes prêts à engager un dialogue avec vous si cela peut conduire à des avantages réciproques", a-t-elle encore assuré.
En coulisses, les tractations vont déjà bon train et les États européens sont loin d'être alignés. Certains pourraient être tentés d'aller négocier seuls avec l'Oncle Sam. C'est ce que fait déjà Giorgia Meloni, la présidente du conseil italien, qui échange avec SpaceX, l'entreprise dirigée par Elon Musk, pour développer son réseau de communication satellitaire sécurisé, alors même que l'Union européenne vient juste de lancer son propre réseau nommé IRIS 2.
D'autres États, comme l'Allemagne, s'interrogent sur la bonne stratégie à adopter. Faut-il attendre Bruxelles ou y aller seul ? L'enjeu est de taille pour Berlin. Les États-Unis représentent leur premier marché à l'export devant la France. Si Donald Trump déclare la guerre commerciale à l'Europe et augmente les droits de douane à l'importation de 10%, l'économie allemande en serait la première victime.
L'Union européenne peut-elle faire le poids pour éviter cela ? C'est tout l'enjeu du moment à Bruxelles qui pourrait faire en sorte d'acheter plus de gaz naturel liquéfié aux États-Unis, mais aussi plus d'armements pour tenter de négocier une forme de paix commerciale, ce qui est loin d'être gagné.