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États-Unis : Harvard rejette les exigences de l'administration Trump, qui lui coupe plus de 2 milliards de subventions

Europe 1 avec AFP . 3 min
Donald Trump assure qu'il «n'envisage pas» de pause dans les droits de douane
Les cours du pétrole, en grande difficulté en début de séance, se sont envolés mercredi à l'annonce par Donald Trump d'une pause de 90 jours sur les droits de douane. Kevin Dietsch / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP / © Kevin Dietsch / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

L'administration Trump a annoncé lundi le gel de 2,2 milliards de dollars de subventions à l'université Harvard, après son refus de se plier aux exigences de la Maison Blanche. Le gouvernement américain accuse notamment l'université de laisser prospérer l'"antisémitisme" sur son campus.

L'administration Trump a annoncé lundi le gel de 2,2 milliards de dollars de subventions à l'université Harvard, l'une des plus prestigieuses au monde, après son refus de se plier aux exigences de la Maison Blanche.

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Harvard, comme d'autres universités américaines, a été le théâtre d'une mobilisation étudiante contre la guerre menée par Israël à Gaza, et ciblée par la Maison Blanche depuis le retour au pouvoir de Donald Trump. "La Task Force conjointe de lutte contre l'antisémitisme annonce le gel de 2,2 milliards de dollars de subventions sur plusieurs années", détaille un communiqué du ministère de l'Éducation américain, ainsi que celui de "contrats pluriannuels d'une valeur de 60 millions de dollars".

Les politiques de diversité dans le viseur, ainsi que la multiplication des faits antisémites sur les campus

"La perturbation de l'apprentissage qui a frappé les campus ces dernières années est inacceptable. Le harcèlement des étudiants juifs est intolérable. (...) Il est temps que les universités d'élite prennent le problème au sérieux et s'engagent à apporter des changements significatifs si elles veulent continuer à bénéficier du soutien des contribuables", peut-on lire dans le communiqué.

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Le gouvernement américain avait annoncé fin mars qu'il envisageait de priver la prestigieuse université d'environ 9 milliards de dollars de subventions fédérales à l'issue d'un "examen complet", l'accusant de laisser prospérer l'"antisémitisme" sur son campus.

Début avril, il avait transmis plusieurs exigences à la direction de l'université, notamment la fin des politiques visant à favoriser la diversité et des changements dans les programmes qui "alimentent le harcèlement antisémite", selon un courrier publié par le Washington Post.

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Des exigences "en contradiction avec le premier amendement"

Dans une lettre adressée aux étudiants et au corps enseignant, le président de l'université, Alan Garber, a assuré plus tôt lundi qu'Harvard "n'abdiquera pas son indépendance ni ses droits garantis par la Constitution". "Aucun gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir, ne doit dicter aux universités privées ce qu'elles doivent enseigner, qui elles peuvent enrôler et embaucher, ni sur quelles matières elles peuvent mener des recherches", a-t-il écrit.

L'administration Trump avait notamment réclamé à Harvard un "audit" des opinions des étudiants et du corps enseignant, ce à quoi l'institution avait répondu dans une lettre signée par ses avocats: "Harvard n'est pas prête à accepter des exigences qui vont au-delà de l'autorité légitime de cette administration ou d'aucune autre."

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Selon eux, les exigences l'administration sont "en contradiction avec le premier amendement" et "empiètent sur des libertés universitaires garanties depuis longtemps par la Cour suprême". Le premier amendement de la Constitution américaine garantit les libertés fondamentales, notamment la liberté d'expression.

Les subventions fédérales représentent 11% des revenus d'Harvard, sur un budget annuel de 6,4 milliards de dollars, selon les données publiées par cette université privée installée à Cambridge, près de Boston, dans le nord-est des Etats-Unis.

D'autres universités dans le viseur

Le gouvernement a déjà coupé, pour les mêmes motifs, 400 millions de dollars de subventions à une autre prestigieuse université, celle de Columbia à New York, qui, contrairement à Harvard, a engagé ces dernières semaines des réformes drastiques demandées par l'administration pour tenter de récupérer ces fonds.

L'institution new yorkaise s'est dit prête à totalement revoir sa gestion des mouvements de protestation étudiants, à formaliser une définition de l'antisémitisme ou encore à réformer les départements d'études sur le Moyen-Orient, l'Asie du Sud et l'Afrique, que l'administration Trump souhaitait placer "sous tutelle académique".

Columbia a également fait savoir qu'elle allait se doter d'un nouveau service d'ordre, en embauchant "36 agents spéciaux" en cours de formation qui auront la possibilité d'"arrêter" des personnes ou de les expulser du campus, devenu depuis plus d'un an l'épicentre universitaire des manifestations en faveur de la Palestine, quand cela sera jugé "approprié".

Plusieurs étudiants ayant manifesté lors de mobilisation pro-palestiniennes et détenteurs d'un visa ou d'une "carte verte" de résident permanent ont récemment été arrêtés aux États-Unis. Dernière interpellation en date: celle de Mohsen Mahdawi, étudiant à l'université de Columbia et né dans un camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie occupée par Israël, arrêté lundi par des agents de l'immigration dans un bureau où il était venu passer un entretien en vue de sa naturalisation.

Il avait co-fondé un groupe d'étudiants palestiniens à Columbia avec Mahmoud Khalil, figure de la mobilisation étudiante pro-palestinienne aux États-Unis, que l'administration Trump tente d'expulser depuis son arrestation le 8 mars.