Gare Vilnius 2:20
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Caroline Baudry (envoyée spéciale à Vilnius), édité par Juliette Moreau Alvarez
Alors que la circulation des biens tend à se bloquer entre la Russie et la Lituanie, les voyageurs russes sont quant à eux toujours autorisés à se déplacer chez leurs voisins. Au cœur de la gare de Vilnius, capitale lituanienne, des panneaux d'affichage montrant les horreurs de la guerre en Ukraine font face au train en provenance de Russie. Des images pour sortir les Russes de leur propagande nationale.

Depuis la guerre en Ukraine, la menace russe pèse aussi sur les pays baltes, Lituanie en tête. Le pays interdit depuis le 17 juin le transit de certaines marchandises sur son territoire entre la Russie et l’enclave russe de Kaliningrad, sur la mer Baltique, en vertu des sanctions européennes, provoquant ainsi la colère de Moscou. Le transport de passagers, lui, est toujours assuré : le chemin de fer traverse le pays, protégé par les traités internationaux.

Sortir de la propagande russe

La Lituanie veut s'affranchir de son voisin russe encombrant. Elle a cessé les importations de gaz et les transferts de marchandises venus de Moscou. Les passagers russes, eux, restent autorisés grâce notamment à un train qui s'arrête chaque jour dans la capitale lituanienne, sur le quai de la gare de Vilnius. Ce train russe ultra surveillé marque une pause, chaque jour dans la capitale. Sur les grillages bordants le quai numéro 12, 24 photos sont fixées.

Sur les haut-parleurs de la gare, une voix russe résonne, interpellant les passagers : "Aux passagers du train 29 Moscou-Kaliningrad. Nous avons préparé pour vous une galerie de photos prises en Ukraine. Vous pouvez les voir par les fenêtres de votre wagon. Aujourd’hui, Poutine tue les civils innocents d’Ukraine. Acceptez-vous cela ?"

Train gare

© Caroline Baudry / Europe 1

De rares visages apparaissent derrière les vitres teintées, et font face aux pancartes de la gare de Vilnius. Sur les photos : des bouches découpées, des visages déchiquetés, des bâtiments éventrés. Des images pour les sortir de la propagande russe. Sur le quai d’en face, Lilia, 51 ans, réfugiée de Kiev, agite un drapeau ukrainien et brandit cette pancarte vers les voyageurs. "Les Russes, partez de mon Ukraine ! C’est la seule chose que je veux leur dire", crie-t-elle. 

"Ils ont aussi une part de responsabilité"

"Les gens qui voyagent dans ce train, les Russes, certains partent en vacances", continue Lilia. "D’autres reviennent de la mer. Là, ce sont les vraies images de ce que leurs fils sont en train de faire. J’aimerais vraiment qu’ils réfléchissent. Comment regarderont-ils leurs enfants dans les yeux ?" L'Ukrainienne dénonce également leur soutien à leur dirigeant, Vladimir Poutine : "S’ils ont choisi une personne pareille, et la laisse agir ainsi, alors ils ont aussi une part de responsabilité."

Ukrainienne

© Caroline Baudry / Europe 1

Face à ces panneaux, un vieil homme, passager du train 29, se tient les mains en signe de solidarité. Dix minutes plus tard, le train repart, direction les plages de Kaliningrad. Le maintien de sa circulation reste le gage d’une paix, qui est aujourd’hui très fragilisée.