Netanyahu avertit le Hamas que les frappes d'Israël sur Gaza ne sont «que le début»
Israël a promis mardi de poursuivre l'offensive à Gaza jusqu'au retour de tous les otages, après avoir mené dans la nuit les frappes les plus intenses depuis le début de la trêve, ayant fait au moins 413 morts selon le ministère de la Santé du Hamas.
Les Forces de défense israéliennes et l'Agence de sécurité intérieure ont revendiqué "des frappes étendues sur des objectifs terroristes appartenant à l'organisation Hamas dans la bande de Gaza", dans un communiqué commun sur Telegram.
La ministre de la Santé du gouvernement du Hamas a annoncé mardi un nouveau bilan d'"au moins 413 morts" suite aux frappes israéliennes menées dans la nuit sur le territoire, d'une violence sans précédent depuis le début de la trêve le 19 janvier.
"Jusqu'ici, 413 martyrs ont été amenés dans les hôpitaux de la bande de Gaza après les multiples frappes" israéliennes, a indiqué le ministère dans un communiqué, ajoutant que "de nombreuses victimes" étaient encore sous les décombres.
Les informations à retenir :
- Des frappes israéliennes sans précédent depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 19 janvier ont fait au moins 413 morts à Gaza.
- Ces frappes, décidées par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Israël Katz, font "suite au refus répété du Hamas de libérer" les "otages".
- Le général à la tête du ministère de l'Intérieur a été tué par Israël dans la nuit, selon le Hamas.
- Le chef de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit "choqué par les frappes israéliennes" à Gaza
- Le ministre israélien de la Défense avertit le Hamas que "les règles du jeu ont changé"
Des avertissements de la part de Netanyahu
Les frappes aériennes de l'armée israélienne mardi sur la bande Gaza ne sont "que le début", a averti le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Le Hamas "a déjà ressenti notre force ces dernières 24 heures. Et je veux vous assurer, à vous et à eux : ce n'est que le début", a affirmé Netanyahu dans une allocution télévisée dans la soirée. "Désormais", les négociations sur la libération des otages encore retenus à Gaza "ne se dérouleront que sous le feu", a-t-il dit, estimant que la pression militaire était "indispensable" pour assurer leur retour.
Israël Katz, ministre de la Défense, alerte le Hamas que "les règles du jeu ont changé"
"Le Hamas doit comprendre que les règles du jeu ont changé", a affirmé mardi le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, après des frappes aériennes sur la bande de Gaza, de loin les plus violentes depuis le début de la trêve avec le mouvement islamiste palestinien.
Si la Hamas "ne libère pas immédiatement tous les otages, les portes de l'Enfer vont s'ouvrir", a-t-il averti en visitant la base aérienne de Tel Nov (sud). "Nous ne cesserons pas de combattre jusqu'à ce que les otages soient de retour et que toutes les menaces contre les habitants du sud (du pays) disparaissent."
Israël dit que les frappes aériennes ont été menées "en totale coordination" avec Washington
Les intenses frappes aériennes israéliennes menées dans la nuit sur la bande de Gaza ont été menées "en totale coordination" avec les Etats-Unis, a affirmé mardi David Mencer, un porte-parole du gouvernement israélien.
"Je peux confirmer que la reprise des combats intenses s'est faite en totale coordination avec Washington", a-t-il dit lors d'un point presse. La Maison Blanche avait auparavant indiqué avoir été consultée par Israël avant le lancement de ces frappes, qui ont fait au moins 413 morts selon le ministère de la Santé du Hamas à Gaza.
Les frappes israéliennes "mettent en péril" la libération des otages, critique Meloni
La reprise des frappes israéliennes sur la bande de Gaza "met en péril" la libération des otages, la fin des hostilités et la reprise de l'aide humanitaire, a estimé mardi la Première ministre italienne Giorgia Meloni.
Les frappes intenses dans la nuit sur la bande de Gaza "mettent en péril les objectifs sur lesquels nous travaillons tous, à savoir la libération de tous les otages, une fin permanente des hostilités et la rétablissement d'une pleine aide humanitaire dans la bande" de Gaza, a-t-elle estimé lors d'une intervention au Sénat à Rome.
Antonio Guterres "choqué par les frappes israéliennes" à Gaza
Le chef de l'ONU Antonio Guterres est "choqué par les frappes israéliennes" à Gaza, a indiqué mardi un porte-parole des Nations unies.
"Il lance un appel pressant pour que le cessez-le-feu soit respecté, que l'aide humanitaire sans entrave soit rétablie et que les otages restants soient libérés sans condition", a déclaré Rolando Gomez, lors d'un point de presse à Genève, où le secrétaire général mène des discussions informelles sur Chypre.
Plus tôt le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk s'est dit "horrifié" par la reprise des bombardements israéliens et a appelé à ce que "le cauchemar cesse immédiatement".
Le Hamas annonce la mort de son chef de gouvernement
Le chef du gouvernement du Hamas dans la bande de Gaza, Essam al-Dalis, a été tué dans les frappes aériennes israéliennes sur le territoire palestinien, a annoncé mardi le mouvement terroriste dans un communiqué.
Il fait partie d'une liste de quatre "dirigeants du gouvernement" de Gaza diffusée par le Hamas dans un "communiqué de condoléances", qui comprend également le ministre adjoint de l'Intérieur, le général Mahmoud Abou Watfa, et le directeur général des services de sécurité intérieure, le général Bahjat Abou Sultan.
Le Hamas accuse Netanyahu de "torpiller" la trêve
Le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, a accusé Netanyahu de "torpiller" la trêve et de vouloir "sacrifier" les otages. Le dirigeant israélien "a décidé de reprendre la guerre d'extermination dans laquelle il voit une bouée de sauvetage pour les crises internes" que traverse Israël, a souligné l'organisation islamiste dans un communiqué.
"La décision de Netanyahu de reprendre la guerre est une décision de sacrifier les prisonniers (les otages aux mains du Hamas ou de ses alliés, ndlr) et une condamnation à mort à leur encontre", ajoute le texte.
Des frappes menées en vue d'empêcher le Hamas de "reconstituer des forces et de se réarmer"
Sur des images diffusées par l'AFP, on peut voir plusieurs personnes blessées être transportées dans la précipitation sur des brancards à l'hôpital Nasser de Khan Younès. Selon un responsable israélien qui s'est exprimé sous le couvert de l'anonymat, ces frappes "préventives" ont visé "des commandants militaires de grade intermédiaire, des membres de la direction du Hamas ainsi que des infrastructures terroristes".
Celles-ci sont menées en vue d'empêcher le Hamas de "reconstituer des forces et de se réarmer", a-t-il ajouté. L'offensive se poursuivra "aussi longtemps que nécessaire" et s'étendra au-delà du seul recours à des frappes aériennes, a souligné cette source.
L'accord de trêve entré en vigueur le 19 janvier
Arraché par les pays médiateurs (Qatar, Égypte, États-Unis), l'accord de trêve est entré en vigueur le 19 janvier, après quinze mois de guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas palestinien contre Israël le 7 octobre 2023. Durant la première phase de l'accord de trêve, qui a expiré le 1er mars, le Hamas a rendu 33 otages, incluant huit morts, et Israël a libéré environ 1.800 détenus palestiniens. Mais les négociations sont depuis restées au point mort.
Le Hamas a réclamé de passer aux négociations sur la deuxième phase de l'accord, qui prévoit un cessez-le-feu permanent, le retrait israélien de Gaza, la réouverture des points de passage pour l'aide et la libération des derniers otages. Israël, pour sa part, souhaite une extension de la première phase jusqu'à la mi-avril et réclame, pour passer à la deuxième, la "démilitarisation totale" du territoire et le départ du Hamas.
>> À SAVOIR - L'attaque du 7-Octobre, conduite dans le sud d'Israël, a entraîné du côté israélien la mort de 1.218 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité. Sur les 251 personnes enlevées au total lors de l'attaque, il reste 58 otages retenus à Gaza, dont 34 ont été déclarés morts par l'armée israélienne.
En riposte, Israël a juré d'anéantir le Hamas et lancé une offensive destructrice à Gaza qui avait fait au moins 48.572 morts, majoritairement des civils, avant ces nouvelles frappes, d'après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU, et provoqué un désastre humanitaire.
Malgré la trêve, l'armée israélienne a régulièrement mené des frappes sur la bande de Gaza ces dernières semaines. Samedi, celles-ci avaient fait neuf morts à Beit Lahia (nord), dont quatre journalistes palestiniens, selon la Défense civile de Gaza.