EDITO - Au Proche-Orient, "Donald Trump pense imposer la paix par l'argent"

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Vincent Hervouët
Les Palestiniens pressentaient que le "plan de paix" de Donald Trump pour le Proche-Orient serait loin de leur être favorable. Présenté mardi par le président américain, son "super plan Marshall", selon notre éditorialiste Vincent Hervouet, provoque sans surprise la colère en Palestine.

>> Le "plan pour la paix" présenté mardi par le président des Etats-Unis, qui reconnait par exemple Jérusalem capitale d'Israël, a provoqué la colère des Palestiniens, qui ont manifesté à Ramallah en Cisjordanie. Pour l'éditorialiste d'Europe 1 Vincent Hervouet, Donald Trump, qui tente d'imposer la paix par l'argent, a inventé avec Benyamin Netanyahou "la paix entre soi", au mépris des revendications palestiniennes.

"Au Proche-Orient il faut se méfier des rumeurs, elles sont souvent prophétiques, et les Palestiniens les plus paranos avaient tout à fait raison. Le plan Kushner balaie les résolutions de l'ONU et les décombres d'Oslo. Il les prive de Jérusalem, il ampute la Cisjordanie d'un tiers, ils n'ont plus de frontière commune avec la Jordanie ni avec l'Egypte. Ils perdent la vallée du Jourdain en échange d'un bout de désert, un tunnel de 40 kilomètres pour s'enfuir de Gaza et relier l'enclave aux villes de Cisjordanie. Murs, et tunnels, c'est une réserve indienne dans laquelle l'islamisme palestinien serait confiné. Quiconque a vécu sur place peine à y croire.

Les néoconservateurs prétendaient imposer la démocratie par la force. Donald Trump lui pense imposer la paix par l'argent. Il promet 50 milliards de dollars d'investissement en dix ans aux Palestiniens. Un super plan Marshall, davantage que toute l'aide déversée sur les territoires - et largement détournée d'ailleurs - depuis 25 ans.

Donald Trump et Benyamin Netanyahou ont inventé la paix entre soi

C'est ambitieux, flou, assorti de conditions qui sont autant de capitulations politiques. On ne voit surtout pas quel leader palestinien pourrait endosser un tel plan. Qu'importe aux Israéliens. Dès Dimanche, Benyamin Netanyahou proposera à son gouvernement d'approuver l'annexion de plusieurs parties de la Cisjordanie.

Ce qui est pénible en général dans les négociations de paix, c'est qu'il faut discuter avec des gens qui ne vous ressemblent pas et qu'on déteste. Hier soir à la Maison Blanche, Donald Trump et Benyamin Netanyahou ont inventé l'inverse : la paix entre soi. Ils avaient le même discours, la même tenue, et le même optimisme en acier blindé. Négocier sans adversaire, c'est comme juger par contumace : les absents ont toujours tort, et ils sont lourdement condamnés."