Alors que l'épidémie de coronavirus progresse en Amérique latine, et qu'elle n'a pas encore atteint son pic de contamination, le sous-continent attaque son déconfinement dans de nombreux pays. Une décision paradoxale au vu de la situation, selon Didier François, grand reporter d'Europe 1, qui livre son analyse dans sa chronique "Demain dans le monde".
Plus de 32.000 morts au Brésil
Le Brésil, nouvel épicentre de la pandémie de Covid-19, compte jeudi 32.548 morts depuis le début de l'épidémie. Ce dernier bilan situe le géant latino-américain à la quatrième place mondiale en nombre de morts, derrière les Etats-Unis (107.000 morts). La progression de la maladie est absolument fulgurante au Brésil avec 1.349 morts enregistrés en 24 heures mercredi, un nouveau record. Un couvre-feu a été imposé dans une vingtaine de localités de l'Etat de Bahia, dans le Nord-est du pays. "Si nous n'agissons pas, nous risquons d'assister à une explosion de la demande de lits en soins intensifs et nous ne pourrons pas y répondre", a prévenu le gouverneur de l'Etat de Bahia, Rui Costa.
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Mais les deux principaux Etats, Sao Paulo et Rio de Janeiro, ont décidé de lever les quarantaines à domicile. On observe la même situation au Mexique qui compte désormais plus de 11.000 décès et qui a franchi mercredi la barre des 1.000 morts en 24 heures pour la première fois depuis le début de l'épidémie. Le pays enregistre une progression exponentielle des contaminations. Mais le gouvernement a décidé de commencer le déconfinement. "Il est indispensable de normaliser petit à petit la production, les activités sociales, économiques, culturelles… Mais je le répète, très prudemment", a déclaré le président Obrador, qui plaide en faveur de ce qu'il appelle la "nouvelle normalisation".
L'OMS a lancé un appel à l'aide internationale
Il ne s’agit ni plus ni moins que de relancer l’économie malgré l’épidémie car l’Amérique latine n’a pas les moyens de se maintenir en confinement alors que le reste du monde a débuté la reprise. C’est la raison pour laquelle l’Organisation mondiale de la santé a lancé un appel à l’aide internationale. La situation est catastrophique dans plus d’une dizaine de pays. Le Pérou, par exemple, compte 4.894 morts dû au coronavirus et plus de 178.000 cas. Lima a décidé de prolonger son confinement jusqu'au 30 juin mais n’a plus d’oxygène. Le pays a dû demander une ligne de crédit exceptionnelle au Fond monétaire international pour 11 milliards de dollars.
Le Chili, où les autorités ont décidé de prolonger pour une quatrième semaine le confinement à Santiago, a fait de même pour un montant de 24 milliards. Mais la preuve la plus éclatante de l’ampleur du désastre est cette décision au Venezuela. Nicolas Maduro et Juan Guaido, les deux ennemis mortels qui revendiquent chacun la présidence, ont lancé un appel commun à l’aide internationale.