Danemark : le parlement examine la loi qui veut confisquer les biens des migrants

Des réfugiés arrivant à la gare de Copenhague en novembre.
Des réfugiés arrivant à la gare de Copenhague en novembre. © CARSTEN REHDER / DPA / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Elle permet aux policiers de "saisir des biens que les demandeurs d'asile apportent avec eux pour couvrir leurs besoins en alimentation et en hébergement".

Confisquer leurs biens aux réfugiés est-il moral ? Les parlementaires danois examinent à partir de mercredi un projet de loi controversé et largement symbolique qui témoigne du raidissement grandissant des Européens face à l'afflux de migrants. Le texte défendu par les libéraux de Venstre, parti du Premier ministre Lars Løkke Rasmussen, sera débattu en session publique puis en commission avant un vote au résultat très incertain prévu le 26 janvier.

Saisir les biens. Mesure de justice sociale pour les uns, taxe sur la misère pour les autres, le projet de loi donne pouvoir aux policiers de "saisir des biens que les demandeurs d'asile apportent avec eux afin de couvrir leurs besoins en alimentation et en hébergement".

Dans une première mouture, il prévoyait que les migrants seraient autorisés à conserver un pécule de 3.000 couronnes danoises, environ 400 euros. Mais devant le tollé soulevé en particulier à l'étranger, la ministre de l'Immigration et de l'intégration, Inger Støjberg, a présenté une version édulcorée en fin de semaine dernière, portant le montant à 10.000 couronnes (1.340 euros).

"On se débrouille seul". Pas question, pour autant, de revenir sur le fond. "Au Danemark, si on peut se débrouiller seul, on se débrouille seul. C'est un principe qui doit s'appliquer aux demandeurs d'asile comme il s'applique aux Danois", fait valoir la ministre. Le texte bénéficie du soutien du Parti populaire danois (DF), formation eurosceptique et anti-immigration qui influence la politique danoise depuis une quinzaine d'années et assure une majorité parlementaire à la droite depuis les élections de juin 2015.

Les bijoux finalement exclus. Deux autres formations de la majorité, les conservateurs et l'Alliance libérale, réservent leur position en exigeant que soit gravée dans le marbre l'exemption des bijoux et autres biens ayant une valeur affective pour leurs propriétaires. La ministre les a entendues en excluant des saisies les "effets à usage personnel comme les montres et téléphones portables" mais aussi "bagues de mariage ou de fiançailles, portraits de famille, médailles ou assimilés". Les sociaux-démocrates, qui n'ont pas eux-mêmes manqué de restreindre les conditions de séjour lorsqu'ils étaient aux affaires entre 2011 et 2015, réclament les mêmes assurances.

Spoliation. Les autres partis de gauche sont vent debout contre la proposition, accusant la droite de vouloir faire payer aux réfugiés les baisses d'impôt promises. En décembre, le Washington Post déplorait une méthode "connotée en Europe où les nazis ont confisqué de grandes quantités d'or et d'autres biens aux juifs et à d'autres". 

Avec 21.000 dossiers enregistrés en 2015, le Danemark est l'un des pays de l'Union européenne ayant reçu le plus grand nombre de demandes d'asile eu égard à sa population (5,4 millions), derrière la Finlande, l'Autriche, l'Allemagne et la Suède qui en a reçu 163.000.