La France est très présente au Mali via la force militaire Barkhane de lutte contre les mouvements djihadistes. 1:25
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Pauline Jacot, édité par Séverine Mermilliod
Le renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta par une rébellion militaire, condamné par l'Union africaine, redistribue les cartes pour les alliés du Mali, dont certains se sont réunis à l'ONU à l'initiative du Niger et de la France. Cette dernière est très présente dans le pays via l'opération Barkhane, désormais dans le flou.
DÉCRYPTAGE

Au Mali, la confusion règne depuis le début la semaine après le putsch militaire qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta et son gouvernement. Mercredi s'est tenu un conseil de sécurité de l'ONU à l'initiative de la France et du Niger, la France étant très présente au Mali via la force militaire Barkhane, force de lutte contre les groupes armés djihadistes dans la région du Sahel. Si les militaires maliens assurent que de nouvelles élections seront organisées, et si la présence des troupes françaises ne devrait pas être remise en cause, la France agit en ce moment en coulisses pour que le Mali retrouve une stabilité politique.

"Ne pas perdre nos acquis dans la lutte contre le terrorisme"

L'Union africaine a déjà condamné le "changement inconstitutionnel" de gouvernement, et demande aussi la libération immédiate du président Ibrahim Boubacar Keïta. De son côté, l'objectif de la France est le retour du pouvoir civil et de l'Etat de droit au plus vite à Bamako, nous dit-on à L'Elysée.

Le président Macron est en contact plusieurs fois par jours avec ses homologues dans la région, en Côté d'Ivoire, au Niger et au Burkina Faso. La coopération a également lieu avec la CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) et l'Union africaine. "Il ne faut pas que la situation se détériore" nous dit-on, "et ne pas perdre tous nos acquis dans la lutte contre le terrorisme".

"Le dialogue politique est paralysé"

Plus de 5000 militaires sont aujourd'hui mobilisés dans le cadre de l'opération Barkhane. Selon les observateurs, les opérations sur le terrain ne devraient pas être touchées car elles se déroulent au nord du pays, loin de la capitale. En revanche, la coopération avec les nouveaux dirigeants du Mali risque d'être difficile. 

"Ce qui va être vraiment très compliqué, c'est la communication entre les différentes autorités qui ne seront peut-être pas perçues comme légitimes par la communauté internationale", prévient le spécialiste Marc André Boisvert. "La CEDEAO a déjà annoncé des sanctions, et le dialogue politique est pour le moment complètement paralysé". Il ne faut pas laisser de vide, dit-il aussi, pour ne pas laisser d'espace aux djihadistes, qui avaient su en profiter lors du dernier coup d’État en 2012.