attaque Niger Kouré 1:15
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Diane Berger, édité par Pauline Rouquette
Huit personnes dont six touristes français ont été tués par des hommes armés, dimanche, dans la zone de Kouré au Niger. Un secteur d'ordinaire sans risques, s'étonne l'écrivain Seidik Abba, spécialiste de la région. Selon lui, cet événement pourrait démontrer la résurgence de groupes jihadistes au Sahel, en dépit de l'opération Barkhane.
INTERVIEW

Six Français et leurs deux guides ont été tués dimanche matin au Niger, dans la zone de Kouré, une région qui abrite les derniers troupeaux de girafes sauvages d'Afrique de l'Ouest. Les assaillants sont arrivés en moto à travers la brousse et ont abattu la quasi-totalité des victimes par balles. Écrivain spécialiste de la région, auteur de plusieurs livres sur le Niger, Seidik Abba a fait part, sur Europe 1, de sa sidération, alors que la zone en question n'est pas classée rouge par le Quai d'Orsay.

Pas de risque particulier dans cette zone

"C'est une énorme surprise pour moi qui connait la région", exprime Seidik Abba, au micro d'Europe 1. "La zone n'a jamais présenté de risque particulier parce qu'elle se trouve à seulement 70 kilomètres à l'est de Niamey (la capitale nigérienne, NDLR), loin de la frontière avec le Mali où la menace jihadiste est concentrée".

En effet, ces dernières années, la plupart des Français pris en otage (et parfois exécutés) au Sahel, l'ont été principalement au Mali. Ce fut notamment le cas de Philippe Verdon et Serge Lazarevic, enlevés au Mali fin 2011, Gilberto Rodrigues Leal, dans l'ouest du Mali fin 2012, ou encore les journalistes Ghislaine Dupont et Claude Verlon, dans le nord du Mali, fin 2013.

"Le mode opératoire tend à accréditer" la piste jihadiste

La zone dans laquelle les touristes français ont été tués dimanche n'est, en effet, pas classée rouge par le Quai d'Orsay. Pourtant, ajoute Seidik Abba, "le mode opératoire tend à accréditer la possibilité que cet acte gravissime ait pu être commis par un groupe jihadiste". Dans ce cas, cela signifie que "en dépit du renforcement des moyens de Barkhane et de la meilleure coordination, les groupes jihadistes ont encore une capacité opérationnelle et de nuisance qui leur permet de venir non loin des capitales africaines".