Un pas rapide, déterminé, et des regards graves déjà fixés sur le poste-frontière. Des dizaines d'Ukrainiens réfugiés en Pologne à cause de l'invasion militaire russe de l'Ukraine ont décidé de traverser à nouveau la frontière pour stopper l'avancée des troupes. "Bon courage, prenez soin de vous !", lancent certains, dans la foule. À 23 ans, Pawel, la carrure imposante mais encore l'air juvénile, s'apprête lui aussi à faire le sens inverse. "Je vais là-bas car ma famille est là-bas, ma maman, mon papa. Je vais défendre mon pays pour qu'il ne vienne pas jusqu'à chez vous !", explique-t-il au micro de Marion Gauthier, envoyée spéciale pour Europe 1.
"Sans patrie, il n'y a pas de raison de vivre"
Le Haut secrétariat aux réfugiés estime que plus de 677.000 Ukrainiens ont fui leur pays, et la moitié se sont retrouvés en Pologne. Mais des civils veulent prêter main-forte aux leurs, avec le point commun d'éprouver de la haine pour un seul homme : Vladimir Poutine. "Jamais je n’aurais pensé qu’on en arriverait là au 21e siècle, qu’on aurait la guerre et que des frères allaient attaquer d’autres frères", regrette Roman.
Lui part vers Lviv, à l'ouest de l'Ukraine. C’est là que les volontaires sont répartis dans le pays, selon leurs compétences et les besoins. Et il n'a pas peur : "On parle de l’existence de notre patrie, alors cette question ne se pose pas. Sans patrie, il n’y a pas de raison de vivre."
De la difficulté de quitter sa terre : être partagé entre le soulagement d’avoir éloigné ses enfants de la guerre, et le sentiment d’être des « traîtres ». Rencontre avec une famille ukrainienne logée grâce à la générosité d’une Polonaise @Europe1 https://t.co/8JDh9zcBhIpic.twitter.com/wByXh5t19W
— Marion Gauthier (@MarionGauthie10) March 1, 2022
De difficiles au revoir à la famille
La mère de Roman pousse un carton de médicaments dans les bras de son fils, lui tient le visage quelques secondes. "Je viens de conduire mon fils à la guerre, mon troisième fils. Les deux premiers se battent déjà. J’ai de la colère et de la haine !", assure-t-elle au micro d'Europe 1. "On ne peut pas avoir pitié, on ne peut pas consoler, il faut qu'on fasse quelque chose. On pleurera plus tard, tant pis", ajoute-t-elle. Pourtant, en regardant s’éloigner son trop jeune combattant, elle joint les mains et verse une larme.