Au Venezuela, la famine menace les quartiers pauvres

Les quartiers les plus pauvres du pays sont minés par une crise alimentaire.
Les quartiers les plus pauvres du pays sont minés par une crise alimentaire. © RONALDO SCHEMIDT / AFP
  • Copié
Sébastien Krebs, à Caracas (avec TLM)
Notre envoyé spécial au Venezuela a pu mesurer l'ampleur de la crise qui frappe le pays en voyant la malnutrition qui touche les enfants dans les barrios de la capitale, Caracas. 
REPORTAGE

Les enfants crient, ils ont faim. Pour beaucoup d'entre eux, le repas que leur prépare Mariella dans sa petite maison de brique et de tôle transformée en cantine sera le seul de la journée. Ici, dans la favela du barrio de La Vega de Caracas, c'est une association qui apporte les vivres chaque midi. Au menu : purée de pommes de terre, bananes, saucisses. Chacun s'installe à son tour sur les tables en plastique d'un des quartiers les plus pauvres de la capitale, minée par la crise qui dure depuis plusieurs mois.

"La viande ? Je ne la vois qu'en photo." Pour la plupart d'entre eux, leur famille ne peut plus subvenir aux besoins, en raison des prix qui ont flambé. "À la maison, on n'a que des pâtes, du riz ou du manioc", se plaint Niver, 12 ans. Certaines mères de famille racontent même se priver de repas certains jours pour que leurs enfants puissent manger. "Avant, pour toute la famille, je faisais un kilo de riz. Maintenant, je ne peux faire que 500 grammes. On est neuf, et c'est tout juste de quoi survivre. La viande ? Je ne la vois qu'en photo", ironise Gabriella, l'une de ces mères. La viande est en effet devenue un produit de luxe. Un kilo de poulet coûte aujourd'hui un huitième du salaire minimum et il faudrait 19 Smic à une famille pour se procurer le panier alimentaire le plus basique.

Carences. Faute d'alimentation complète et équilibrée, les carences apparaissent. L'un des enfants que suit l'association inquiète Natacha, la nutritionniste : "Il a un an et ne pèse que quatre kilos alors qu'il devrait en peser au moins huit ou neuf. C'est très grave. Mais il faut vraiment qu'on l'aide, on peut le sauver." Le programme mis en place par l'association parvient à nourrir 900 enfants, une goutte d'eau dans l'océan de pauvreté qu'est Caracas. "C'est le gouvernement qui devrait aider ces gens. Mais selon eux, il n'y a pas de malnutrition au Venezuela, il n'y a même pas de crise ici. Alors que cette malnutrition est réelle, partout. Il faut agir !", lance la coordinatrice de l'association, Andrea Vavaro. Chez les moins de 5 ans, la malnutrition explose dans tout le pays. Elle dépasse désormais le seuil de crise.

Retrouvez le premier volet de cette série :Le Venezuela en plein verrouillage autoritaire