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Tiffany Fillon
En Chine, le régime communiste a imposé mardi à l'ex-colonie britannique un texte très controversé puisqu'il viole, selon ses détracteurs, le principe "Un pays - deux systèmes". Par conséquent, les habitants de Hong Kong s'inquiètent et certains envisagent même de fuir leur pays. Un scénario présenté samedi sur Europe 1 par le sinologue Jean-Philippe Béja. 
INTERVIEW

Le régime communiste de Pékin a imposé mardi à Hong Kong un texte visant à réprimer la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec les forces étrangères, en réponse au mouvement de contestation lancé l'an dernier contre le pouvoir central dans l'ancienne colonie britannique. Le texte est très controversé car il remet en cause, selon ses détracteurs, le principe "Un pays - deux systèmes" censé garantir à l'ancienne colonie britannique des libertés inconnues ailleurs en Chine. Pour le sinologue Jean-Philippe Béja, invité samedi sur Europe 1, l'application de ce texte pourra entraîner "un exode" vers des pays qui garantissent plus de libertés. 

À Hong Kong, "il y a effectivement beaucoup de gens qui s'inquiètent et qui regardent les possibilités d'émigrer", affirme le sinologue. Preuve que la vague d'inquiétude se répand dans l'ex-colonie, ces habitants ne sont "pas seulement les militants politiques", indique Jean-Philippe Béja au micro de Patrick Cohen. 

Ceux qui ont peur des conséquences de cette loi sont plus largement attachés aux règles démocratiques qui gouvernaient Hong Kong avant la promulgation de cette loi. "À partir du moment où [ces personnes] sont menacées, elles ne veulent pas que leurs enfants soient éduqués dans un régime totalitaire. Donc, il y aura sans doute des gens qui partiront", avance Jean-Philippe Béja. 

Des manifestants inquiets 

Par ailleurs, Pékin pourrait s'en prendre aux manifestants qui défilent dans les rues contre le pouvoir central depuis un an. "C'est extrêmement inquiétant pour la plupart des gens qui ont participé à des manifestations. Rappelons que l'an dernier, une manifestation a réuni plus d'un tiers de la population, deux millions de personnes, sur un seul dimanche. Toutes ces personnes pourraient être menacées", affirme Jean-Philippe Béja. 

En effet, cette loi pourra modifier l'identité de Hong Kong, un territoire qui bénéficie d'une grande autonomie par rapport à la Chine. "Les libertés qui règnent sont exactement celles qui règne chez nous. Peut-être même un peu plus [fortes] encore puisqu'on peut tout dire et tout faire. Mais à partir du 1er juillet, Hong Kong est entré dans un système qui est beaucoup plus proche du système chinois, où toute expression d'opinion peut être considérée comme un crime", analyse le sinologue.

Une élection attendue

Les Hongkongais ont d'autant plus peur qu'ils connaissent le contexte chinois. Par exemple, note Jean-Philippe Béja, "ils savent tout à fait que les téléphones et les ordinateurs peuvent servir à la police pour retrouver des militants". 

Mais pour le spécialiste, le scénario pourrait aussi être moins catastrophique. "Tout dépend de la manière dont les lois seront appliquées et si le pluralisme pourra se maintenir ou non à Hong Kong", explique-t-il. En effet, le 6 septembre, les élections à l'Assemblée législative de Hong Kong auront lieu le 6 septembre. Un événement qui pourrait changer la donne. "S'il y a la possibilité pour des candidats d'opposition de se présenter et d'être élu député, ce ne sera pas la fin complète de Hong Kong. Mais si, en revanche, les candidats ne sont pas validés avant même de se présenter, je crois que cela déclenchera encore plus un exode", estime Jean-Philippe Béja.