Air France : le Quai d'Orsay demande des explications à l'Argentine

© FRED DUFOUR / AFP
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Un syndicat aérien avait décrit lundi le "calvaire" vécu fin octobre par un équipage d'Air France à Buenos Aires, après la plainte d'une passagère, fille d'un ancien membre du gouvernement argentin.

La France a demandé mardi des "explications" aux autorités argentines sur les conditions de détention d'un équipage d'Air France à Buenos Aires, qualifiée de "calvaire" par un syndicat, à la suite de la plainte d'une passagère, par ailleurs fille d'un ancien ministre argentin. Les faits, qui ont suscité l'"indignation" du président d'Air France-KLM Jean-Marc Janaillac, se sont produits le 30 octobre dernier, à l'issue d'un vol à destination de Buenos Aires.

"48h de calvaire." Air France a adressé la semaine dernière à ce sujet un courrier au ministère français des Affaires étrangères et demande aux autorités compétentes "de faire la lumière sur cette affaire", a confirmé mardi le groupe dans un courriel. Sur son site internet, le Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC), qui a aussi écrit au ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et à l'ambassadrice d'Argentine en France, évoque "48h de calvaire à Buenos Aires".

Fille du vice-ministre de la Justice argentine. Selon le syndicat des hôtesses et stewards, la police argentine a interpellé une partie de l'équipage, qui a été ensuite retenu pendant six heures au commissariat de l'aéroport, à la suite d'une plainte d'une passagère. Lors de ce vol, une passagère a dans un premier temps demandé un surclassement en classe 'business', ce qui lui aurait été refusé pour cause de cabine complète", explique-t-il. "Par la suite, cette passagère a de nouveau demandé un changement de siège au motif, cette fois-ci, d'une attitude déplacée de son voisin", ce qui lui aurait été accordé.

Les membres d'équipage ont été convoqués le lendemain matin au tribunal de Buenos Aires pour y être interrogés. Le chef de cabine principal a été séparé des autres et enfermé dans une pièce d'un mètre carré sans pouvoir s'asseoir, boire et manger, sous la surveillance de deux gardes armés, précise le SNPNC dans son courrier à l'ambassadrice d'Argentine. Il n'a été interrogé que le soir par un juge et un ancien vice-ministre argentin de la justice, père de la plaignante, avant d'être relâché sans excuse ni explication, ajoute le syndicat, selon lequel les autres membres de l'équipage retenus ont été entendus tout l'après-midi et jusqu'en soirée.

Des vérifications en cours en Argentine. Le ministère des Affaires étrangères confirme que "les membres de l’équipage ont été retenus par la police argentine durant sept heures" le 30 octobre, "puis le lendemain pendant près de onze heures par la justice". "La France déplore cet incident sur lequel toute la lumière doit être faite. Elle demande aux autorités argentines des explications sur les conditions dans lesquelles l’équipage a été retenu", ajoute-t-on au ministère. 

De son côté, le ministère argentin des Affaires étrangères a dit mardi effectuer des vérifications avec le ministère de la Sécurité pour comprendre "ce qu'il s'est passé avec la police de l'aéroport et les autres". "S'ils ont outrepassé leurs droits, leurs supérieurs décideront ce qu'il convient de faire", a précisé une porte-parole. "Tout ce que nous avons est la lettre que le syndicat a envoyée hier à notre ambassade."