Affaire russe : un ex-collaborateur de Trump attaque le procureur spécial en justice

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avec AFP , modifié à
Paul Manafort, ancien chef de campagne de Donald Trump, a porté plainte contre le procureur chargé d'enquêter sur une collusion présumée entre la Russie et l'équipe du candidat, lui reprochant d'avoir outrepassé ses prérogatives.

L'ancien chef de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, a porté plainte mercredi contre le procureur spécial Robert Mueller et le ministère de la Justice pour avoir outrepassé leur mandat dans l'enquête sur une collusion présumée entre la Russie et l'équipe du candidat républicain qui aurait influencé le scrutin de 2016.

Des prérogatives jugées trop larges. Paul Manafort, inculpé fin octobre, notamment pour blanchiment d'argent dans le cadre de ses activités de lobbyiste, estime que le ministère et le ministre-adjoint Rod Rosenstein ont donné à Robert Mueller une trop grande indépendance dans son enquête. L'ancien directeur du FBI aurait ainsi poursuivi Paul Manafort pour ses activités de conseil à l'ancien président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovitch, des faits antérieurs à la campagne électorale.

"L'enquête sur Paul Manafort est complètement séparée des prérogatives originelles du procureur spécial sur 'tout lien et/ou coordination entre le gouvernement russe et des individus associés à la campagne du président Donald Trump'", indique la plainte. Les activités de Manafort avec Viktor Ianoukovitch, qui datent d'avant 2014, "n'avaient aucun lien avec l'élection présidentielle de 2016 ou Donald Trump," ajoute-t-elle.

Le clan Trump et le président ont toujours nié les accusations de collusion avec Moscou. Mais Robert Mueller peut aussi enquêter sur "tout sujet découlant directement ou indirectement" d'une éventuelle collusion, ce qui lui donne de facto les coudées franches. Selon Paul Manafort, ce large éventail n'est pourtant pas autorisé par le règlement du ministère de la Justice.

Lobbyiste expérimenté et habitué des cercles politiques de Washington, Paul Manafort a brièvement pris - entre juin et août 2016 - les rênes de la campagne de Donald Trump, avant d'être renvoyé en raison de "conflits potentiels" d'intérêts avec des pays étrangers, selon le président américain.

Douze chefs d'inculpation. Avec son ancien associé Richard Gates, il fait l'objet de douze chefs d'inculpation, parmi lesquels complot contre les États-Unis, blanchiment, fausses déclarations et non-déclarations de comptes détenus à l'étranger. Les deux hommes, qui plaident non coupables, ont été inculpés le 30 octobre et sont depuis assignés à résidence.

Limiter le champ d'action du procureur. Si la plainte est jugée recevable, elle limiterait la possibilité pour Robert Mueller et son équipe d'enquêter sur les finances de Donald Trump, dont des contrats avec des investisseurs immobiliers russes. En juillet, le président avait estimé que sa situation financière était une "ligne rouge" pour Robert Mueller. Et si elle est classée sans suite, elle nourrira a minima la récente campagne des Républicains visant à décrédibiliser les enquêteurs, selon des observateurs.