Abus : le pape accusé par un prélat d'avoir couvert le cardinal McCarrick

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avec AFP
"La corruption a atteint le sommet de la hiérarchie de l'Eglise", affirme Carlo Maria Vigano, en allant jusqu'à demander la démission du pape François.

Un ex-ambassadeur auprès du Vatican à Washington, l'archevêque Carlo Maria Vigano, a accusé samedi dans une lettre le pape François d'avoir annulé des sanctions contre le cardinal américain Theodore McCarrick, malgré des accusations de "comportement gravement immoral" à son encontre. "Le Vatican n'a aucun commentaire immédiat", a réagi dimanche matin une porte-parole du Vatican depuis Rome, contactée par des journalistes à bord de l'avion du pape François l'emmenant dans la ville sanctuaire de Knock en Irlande.

L'archevêque demande la démission du pape François. "La corruption a atteint le sommet de la hiérarchie de l'Eglise", affirme Carlo Maria Vigano, en allant jusqu'à demander la démission du pape François. La lettre de onze pages a été publiée simultanément samedi dans plusieurs publications catholiques américaines de tendance traditionaliste ou ultra-conservatrice ainsi que dans un quotidien italien de droite. Elle a été rendue publique au second jour d'un court voyage du pape François en Irlande, où la question des abus sexuels de l'Eglise dans le monde occupe particulièrement le terrain médiatique.

Des accusations "crédibles et étayées". Le cardinal Theodore McCarrick est accusé d'abus par un adolescent à l'époque des faits, il y a "presque quarante ans". Conformément à la charte sur la protection des enfants adoptée en 2002 par les évêques américains à la suite du scandale de pédophilie qui secoua le diocèse de Boston, "une agence indépendante" a mené une enquête, dont les résultats ont été transmis à une commission, qui a jugé les accusations "crédibles et étayées".

"Comportement gravement immoral avec des séminaristes et des prêtres." L'archevêque Vigano, 77 ans, qui fut nonce à Washington entre 2011 et 2016, affirme que Benoît XVI avait imposé des sanctions canoniques contre le cardinal McCarrick vers la fin des années 2000. Le prélat devait quitter le séminaire où il vivait, éviter tout contact public et vivre une vie de pénitence. Cette mise à l'écart de la vie publique avait été décidée plusieurs années après des rapports de deux anciens ambassadeurs du Vatican à Washington, aujourd'hui décédés, évoquant son "comportement gravement immoral avec des séminaristes et des prêtres".

Un envoi d'un mémo en 2006. Alors qu'il était devenu à son tour ambassadeur à Washington, l'archevêque Vigano dit avoir écrit en 2006 un premier mémo sur McCarrick à son supérieur à Rome, suggérant même "un traitement médical" à son encontre. L'archevêque Vigano raconte avoir été interrogé par le nouveau pape François peu après sa prise de fonction, en juin 2013, sur la personnalité de McCarrick. Selon lui, le pape argentin aurait préféré ignorer ses avertissements et avait annulé de fait les sanctions de son prédécesseur, prenant le prélat américain comme conseiller sur des nominations de cardinaux.