Madrid avait déjà bouclé certains quartiers de la ville, avant d'étendre vendredi les mesures à toute la capitale. 1:21
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Henry de Laguérie, avec AFP, édité par Séverine Mermilliod
En Europe, c'est une ville entière qui tente de freiner l'épidémie : Madrid se reconfine en partie et pour entrer et sortir de la ville, il faut désormais une raison impérative. Face à cette mesure entrée en vigueur vendredi soir, la population rencontrée par Europe 1 est partagée entre contestation et résignation.
REPORTAGE

Épicentre de l'épidémie en Espagne, Madrid est soumise depuis vendredi soir 22 heures à bouclage partiel afin de freiner l'expansion du coronavirus. On ne peut plus entrer et sortir librement de la capitale espagnole, sauf pour des raisons de première nécessité comme aller travailler, étudier ou aller chez le médecin, par exemple. Europe 1 est allée à la rencontre d'habitants, parfois remontés, parfois résignés.

Certains fuient, d'autres se résignent

"Je dois m'enfuir pour éviter des mesures de confinement qui de toute façon ne règleront rien", témoigne Manuel qui a quitté Madrid vendredi après-midi avant la mise sous cloche de la capitale espagnole. Au printemps dernier, il avait respecté le confinement à la lettre mais cette fois-ci, ç'en est trop. Il sera en télétravail chez des amis à la campagne.

Les réunions de plus de six personnes sont interdites, mais les habitants rencontrés semblent plus résignés qu'en colère. "J'ai fait le confinement en mars ici à Madrid, je ne pouvais pas sortir de chez moi pendant deux mois donc j'ai vu ce que c'était", relativise Sofia, étudiante. "Dans tous les cas je dois étudier, donc pour moi ça tombe bien".

L'efficacité du bouclage remise en question

L'incertitude plane malgré tout sur l'efficacité de ce bouclage puisqu'à l'intérieur de Madrid, chacun peut continuer à circuler, et que chaque jour un million de personnes entre dans la capitale pour travailler. Les bars et les restaurants doivent fermer à 23 heures, mais selon Miguel, serveur, c'est un horaire incompatible avec les habitudes locales. "C'est trop tôt. A onze heures d'habitude ici à Madrid, les tables se remplissent. Là les clients ne viendront plus…", déplore-t-il.

Le gouvernement régional a déposé un recours

Ces restrictions doivent durer au minimum deux semaines, mais le gouvernement régional, opposé au reconfinement, a présenté vendredi un recours devant la justice. En attendant que le haut tribunal de l'Audience nationale ne tranche, le bouclage partiel est effectif dans la capitale et neuf communes environnantes particulièrement touchées par le virus. Plus de 4,5 millions de personnes sont concernées.