A Haïti : après l'Ouragan, le président veut que l'aide humanitaire soit temporaire

L'ouragan Matthew a causé de nombreux dégâts matériels, dans les récoltes et tué plus de 450 personnes.
L'ouragan Matthew a causé de nombreux dégâts matériels, dans les récoltes et tué plus de 450 personnes. © Nicolas GARCIA / AFP
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Le président provisoire haïtien Jocelerme Privert considère le passage de l'ouragan Matthew comme un "désastre écologique" et assure que les sinistrés seront aidés. 

"Ce que j'ai constaté à  travers les vols que j'ai fait, c'est un véritable désastre écologique". Jocelerme Privert, président provisoire d'Haïti, frappé par l'ouragan Matthew, assure que les sinistrés vont être aidés, tout en estimant que la période d'urgence humanitaire ne doit pas s'éterniser. L'ouragan, un des plus violents qu'aient connu les Caraïbes depuis une dizaine d'années, a frappé l'île mardi causant de  gros dégâts matériels et tuant des centaines de personnes

Au moins 473 morts. Au total, selon le dernier bilan mardi de la protection civile haïtienne, il y a au moins 473 morts et 75 disparus. A cause des très nombreuses maisons détruites et des inondations, plus de 175.500 sinistrés se trouvaient encore mardi dans des refuges temporaires. Ceci une semaine après l'arrivée de l'ouragan sur le pays.  "Les gens qui sont dans les abris, il faut les nourrir, leur donner de l'eau à boire. Il faut leur donner des médicaments pour éviter cette propagation du choléra", a affirmé Jocelerme Privert.

La crainte d'une épidémie de choléra. Près de 150 cas suspects de choléra ont été recensés depuis une semaine dans le département de la Grande Anse, et une cinquantaine dans celui du Sud. Depuis octobre 2010, l'épidémie a fait près de 10.000 morts et, avant même le passage de Matthew, avec toujours plus de 500 cas par semaine, le pays faisait déjà face à la pire épidémie de l'histoire récente à l'échelle mondiale. Le président provisoire a assuré que les populations sinistrées allaient recevoir de l'aide mais, dans le même temps, il a affirmé ne pas vouloir pérenniser l'assistance humanitaire.

Ne pas répéter le fiasco humanitaire de 2010. "Si nous persistons à apporter de l'aide alimentaire urgente aux personnes victimes, sans prendre des mesures pour les recapitaliser, pour qu'il y ait une circulation d'argent dans les régions affectées, le risque d'un exode vers les grandes villes est toujours là", a prévenu le président haïtien. Le risque d'une répétition du fiasco de la période post-séisme de 2010, où seule une fraction de l'aide avait bénéficié aux victimes, est aussi dans les esprits des autorités nationales et des partenaires étrangers. En référence à la mauvaise gestion de l'aide par les précédents gouvernements, Jocelerme Privert a réaffirmé le rôle premier de l'Etat haïtien dans la gestion de cette nouvelle crise humanitaire.

"Le seul acteur sur le terrain, c'est l'Etat". "Il n'y a pas deux acteurs sur le terrain mais un seul : l'acteur, c'est l'Etat", a-t-il insisté. Mais "cet acteur dispose-t-il de tous les moyens lui permettant de répondre aux attentes de la population ? La réponse est non", a-t-il reconnu. Sans avoir officiellement demandé l'aide de la communauté internationale, le gouvernement haïtien a salué les importants dons de matériels et la venue de nombreux militaires étrangers pour aider les régions dévastées.  Deux stations de production d'eau potable envoyées par la France ont été acheminées mardi matin par avion, et 60 agents de la sécurité civile française sont actuellement déployés dans le pays. Plus de 300 Marines américains sont également présents dans le pays le plus pauvre de la Caraïbe. L'Etat haïtien s'active également.

"Le gouvernement a envoyé dans les différentes régions affectées près de 40 containers de provisions alimentaires qui ont coûté au Trésor public plus de 400.000 dollars", a précisé le président haïtien. "Beaucoup d'organisations et de pays nous ont promis leur aide, certains l'ont fait en nature mais, pour d'autres, il n'y a que des promesses qui ne se sont pas encore matérialisées", a-t-il fait valoir, sans autre précision.