Violences en Ukraine : pourquoi ça recommence ?

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avec agences
ON FAIT LE POINT - La mobilisation ne faiblit pas depuis trois mois. Mais c’est un vote au Parlement qui a (re)mis le feu aux poudres.

CONTEXTE. Depuis le mois de novembre, les militants pro-européens réclament le départ du président pro-russe Viktor Ianoukovitch. Ce dernier a, en effet, refusé, fin d’année 2013, de signer un accord d'association avec l'UE, ce qui renvoie le pays dans les bras de la Russie. Depuis, la mobilisation des militants pro-UE ne faiblit pas. Et elle a explosé au cours des dernières heures.

Un vote qui était attendu. Mardi, le Parlement ukrainien devait étudier, une réforme constitutionnelle réduisant les pouvoirs présidentiels. De nombreux manifestants s’étaient donc réunis devant le bâtiment en attendant le résultat. C’est à cette occasion que des heurts – les premiers depuis fin janvier - ont éclaté avec les policiers anti-émeute. La situation s'était apaisée à Kiev avec l'évacuation par les opposants de la mairie de la ville, occupée depuis décembre, en échange d'une amnistie pour plus de 200 manifestants poursuivis et qui encouraient de lourdes peines de prison. Mais l'opposition, impatiente, a repris sa mobilisation avec encore plus de ferveur.

Une manifestation qui dégénère. La police a jeté des grenades assourdissantes et tiré des balles de caoutchouc sur les manifestants après que ces derniers ont jeté des pavés en direction des cordons de police qui encerclent le parlement.

Puis les manifestants ont brièvement occupé le siège du parti du président Viktor Ianoukovitch. L'opposition avait promis une "offensive pacifique" pour mettre la pression sur les députés. Mais la manifestation a dégénéré.

La Russie met de l’huile sur le feu. Pendant ce temps, la Russie, qui veille à maintenir le régime en place, a continué à le soutenir financièrement. En début de semaine, elle a annoncé qu'elle allait verser "cette semaine" une nouvelle tranche de 2 milliards de dollars à l'Ukraine, en manque de liquidités et au bord d'un défaut de paiement. Moscou avait déjà octroyé en décembre un crédit de 15 milliards de dollars, dont 3 milliards ont déjà été versés, et un important rabais sur le prix du gaz. Cette annonce a donc également contribué aux débordements.

Une question de timing. Pour Daniel Chon-Bendit, cette flambée de violence intervient aussi dans un timing particulier. Ianoukovitch, "l’homme de Poutine", "avait misé sur l’essoufflement du mouvement. "Il a choisi dans finir avec la chienlit populaire et européenne", analyse-t-il. Pour lui, les heurts à Kiev constituent en réalité un "nettoyage", qui intervient alors que les Jeux olympiques de Sotchi touchent à leur fin et que l’attention du monde va peu à peu se détourner de cette partie du monde. "Moscou a dit : ‘allez, vas-y mon pote, nettoie moi tout ça’", résume Daniel Cohn-Bendit.

 

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