Syrie : Kobané libérée mais Kobané détruite

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Guillaume Perrier avec , modifié à
REPORTAGE - Libérée lundi par les forces kurdes après plus de quatre mois de combats acharnés contre les djihadistes du groupe Etat Islamique, la ville syrienne de Kobané se réveille douloureusement. 

C’était une bataille décisive et acharnée qui a duré plus de quatre mois. Lundi, les forces kurdes ont repris le contrôle de la ville syrienne de Kobané, situé à quelques kilomètres de la frontière turque. Mais cette victoire a un goût amer pour les habitants. Kobané est une ville fantôme, aux trois quarts dévastés. Un champ de ruine sur lequel flotte une odeur de morts mêlée à des vapeurs d’essence. 

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L’ouest, resté sous contrôle kurde. Des milliers d’obus de mortiers sont tombés sur les maisons de l’ouest de la ville. Resté sous contrôle kurde, l’ouest abrite les rares civils de Kobané. Ces 2.000 ou 3.000 personnes, essentiellement les familles des combattants, refusaient de quitter la ville. Elles ont subi les bombardements incessants des djihadistes. 

La désolation au centre et à l’est. Dans les quartiers anciennement contrôlés par le groupe Etat Islamique, c’est encore une autre histoire. Le paysage n’est que désolation. Tout a été rasé, réduit à un tas de gravats par les frappes aériennes de la coalition internationale. Les rues sont jonchées de morceaux de taule, de béton. Des mines artisanales ont été laissées un peu partout par les djihadistes. Des dizaines de cadavres des combattants islamistes jonchent encore le sol et témoignent de la violence des combats. 

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Un conseil des ministres mercredi soir. Les autorités locales ont commencé à déblayer quelques rues en signe de victoire. Le gouvernement du canton autonome a même pu tenir un conseil des ministres mercredi soir. C’est une première depuis cette victoire. 

Une tache titanesque. Néanmoins, la tache s’annonce titanesque : des milliers de tonnes de gravats doivent être évacuées pour pouvoir entamer la reconstruction. L’eau, l'électricité, la nourriture, les médicaments manquent toujours. La Turquie continue aussi de voir d’un très mauvais oeil la présence d’un Etat Kurde près de sa frontière : les 200.000 réfugiés qui attendent derrière la frontière turque de rentrer chez eux ne pourront pas rentrer de sitôt. 

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Des combats loin d’être finis. Si la ville de Kobané est aujourd’hui libérée, les combats se poursuivent cependant toujours à l’est et au sud de la ville. Les Kurdes tentent maintenant de reprendre les villages autour de la ville.