Quand Romney fait du Bush dans le texte

Dans son discours sur la politique étrangère, Mitt Romney s'est montré offensif et a critiqué la "passivité" de Barack Obama.
Dans son discours sur la politique étrangère, Mitt Romney s'est montré offensif et a critiqué la "passivité" de Barack Obama. © REUTERS
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Son discours sur la politique étrangère a été salué par les ex-membres de l’administration Bush.

Pour asseoir une stature de possible futur chef de l’État, la politique étrangère est un passage obligé. Le candidat républicain à la Maison-Blanche, Mitt Romney, n’a pas dérogé à la règle en prononçant lundi soir un discours sur ce thème, dans lequel il a éreinté la "passivité" de Barack Obama. Depuis l’Institut militaire de Virginie (IMV), Mitt Romney a ainsi appelé à armer les rebelles en Syrie et plaidé pour un "changement de cap au Moyen-Orient.

"Barack Obama espère un Moyen-Orient plus sûr, plus libre et plus prospère, allié des États-Unis. Je partage cet espoir. Mais l’espoir n’est pas une stratégie", a lancé le candidat dans cette allocution au ton offensif. Qui a été applaudie par les anciens membres de l’administration Bush.

Rumsfeld et Bolton ont apprécié

Donald Rumsfeld

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"Un discours formidable et très complet du gouverneur Romney à l’IMV. Il sait que le rôle de l’Amérique dans le monde est d’être leader et pas spectateur", a ainsi commenté Donald Rumsfeld, secrétaire à la Défense sous George W. Bush. Pour John Bolton, ancien ambassadeur américain à l’ONU, cité par Buzzfeed, "Mitt Romney comprend que le meilleur moyen de préserver la paix et la sécurité internationale est que l’Amérique soit leader".

"C’était un discours formidable, qui faisait penser à Bush", juge un ancien conseiller du président auprès de Buzzfeed. Ajoutant toutefois : "si je dis cela, ça ne va pas l’aider".

Un goût de "déjà vu"

Car pour Mitt Romney, il n’est pas question de faire allusion directement au dernier républicain à avoir occupé le 1600, Pennsylvania avenue, l’adresse de la Maison-Blanche. L’héritage politique de George W. Bush, surtout en matière de politique étrangère, demeure très impopulaire, rappelle Buzzfeed. Et si de nombreux anciens collaborateurs de Bush fils font partie de son équipe de campagne, Mitt Romney ne s’en vante pas.

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Sur des points précis, le candidat ne semble d'ailleurs pas marquer une réelle différence avec Barack Obama, notamment sur l’Iran ou sur Israël. En revanche, le ton général de son discours a comme un goût de "déjà vu", analyse John L. Esposito, professeur à l’Université de Georgetown, pour le Huffington Post.

La rhétorique de Bush

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En conclusion de son intervention, Mitt Romney estime ainsi que "le 21e siècle peut et doit être un siècle américain", des mots qui rappellent ceux de la doctrine du "nouveau siècle américain" chère à "George W. Bush et aux républicains néoconservateurs".

Justin Vaïsse, spécialiste de la politique étrangère américaine, analyse pour le think-tank Brookings cette ligne politique "qui correspond en tous points à celle du néoconservatisme, l’école de pensée associée à l’administration Bush et à la guerre en Irak de 2003". Les cinq "piliers" de cette doctrine, "internationalisme, suprématie, unilatéralisme, militarisme et démocratie" sont "tous présents sous une forme ou un autre dans le discours de Romney de lundi", affirme Justin Vaïsse, citations à l’appui. "Nos amis et nos alliés à travers le monde ne veulent pas moins de leadership américain. Ils en veulent plus", a ainsi martelé le candidat républicain.

"Platitudes" pour Madeleine Albright

Ces similitudes n’ont évidemment pas échappé au camp Obama. Madeleine Albright, ex-Secrétaire d’Etat de Bill Clinton a raillé les "platitudes" de Mitt Romney et ne s’est pas privée de rappeler que le noyau dur de ses conseillers était issu de l’administration Bush.

L’équipe de campagne du président a aussi estimé que Mitt Romney se situait parfois "à droite de George Bush". Elle s’est également fendue d’une vidéo rappelant toutes les gaffes du candidat lors de sa tournée en Grande-Bretagne, en Israël et en Pologne, avec ce message : "si c’est comme ça qu’il s’occupe du monde, imaginez ce que Romney pourrait faire en tant que président".

La vidéo du camp Obama sur la politique étrangère de Romney :