Obama : le vote afro-américain crucial

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Déçus par la politique du démocrate, beaucoup pourraient ne pas aller aux urnes.

Ils ont fait la différence en 2008,  en sera-t-il de même le 6 novembre prochain ? Les électeurs afro-americains s’étaient déplacés en masse lors de l’élection présidentielle il y a quatre ans. Le pays avait même enregistré, grâce à une très forte mobilisation des minorités, un taux de participation de 62%, soit le plus haut depuis 1968.

90% à 100% des votes noirs

La minorité afro-américaine avait fortement contribué à cette participation record en représentant 13 % des électeurs contre 11,1 % quatre ans plus tôt et 95% de cette communauté avait voté en faveur de Barack Obama. Cette fois encore, les sondages sont optimistes pour le démocrate et annoncent une écrasante majorité de Noirs en sa faveur, entre 90% à 100%. "Les minorités aux Etats-Unis votent traditionnellement pour le candidat démocrate. La communauté afro-américaine le fera également, dans la lignée de cette tradition et non pas parce qu’Obama est noir", analyse François Durpaire, spécialiste des Etats-Unis.

"Mais l’enjeu cette année est de savoir combien d’électeurs parmi ces minorités feront le déplacement", ajoute-il. Leur taux de participation reste une inconnue de taille car sans un fort taux de participation de la communauté noire, Barack Obama sera fragilisé. Selon les derniers sondages réalisés en juillet sur les intentions de vote, par USA Today/Gallup poll, moins d’Américains iront voter. Seuls 51% des Américains en âge de voter ont l’intention de se déplacer le 6 novembre, contre 57% en 2008 et 55% en 2004.

Recréer la liesse de 2008 s’avère donc plus difficile cette fois-ci. L’"euphorie" de l’élection du premier président noir est passée. Et le contexte économique est morose avec un taux de chômage qui atteint  les 8,3% pour l’ensemble de la population, mais 14,4 %, pour la population noire, soit six points de plus que la moyenne nationale. "La classe la plus touchée par la crise des subprimes est la classe moyenne noire. Il sera donc difficile pour ces électeurs de  2008 de se mobiliser", prévient François Durpaire.

La condition afro-américaine en déclin

Certains leaders de la communauté noire estiment que Barack Obama n’a pas assez fait pour eux. C’est le cas de Cornel West, philosophe noir, écrivain influent et professeur à Princeton, qui reproche au démocrate de ne pas avoir mis en place un "agenda économique" spécialement pour la population noire, plus touchée par la paupérisation que ses compatriotes.

En attestent les chiffres. Selon une étude réalisée par la Réserve fédérale américaine en 2004, le revenu médian moyen d'un ménage blanc atteignait 134 280 dollars, alors que celui d'un ménage noir plafonnait à 13.450 dollars. Cinq ans plus tard, le revenu médian moyen des foyers blancs a chuté de 24% à 97 860 dollars (77.813 euros), celui des noirs a dégringolé de 83% à 2.170 dollars, soit 1.725 euros, selon les chiffres avancés par l’Institut d’études des politiques économique, EPI. "Les plus touchés n’iront pas aux urnes", estime Cornel West, dans son émission radio hebdomadaire Smiley and West.

Une radicalisation de la droite favorable à Obama

Mais il reste une carte à jouer pour le président américain : le virage à droite des Républicains. Pour David Goldfield, professeur d'histoire à l'université de Caroline du Nord, où s’est tenue la convention démocrate, l'élection de 2012 devrait continuer à mobiliser les minorités. Selon l'enseignant, ce scrutin devrait être plus significatif encore que celui de 2008 "étant donné que le Parti républicain a été véritablement kidnappé par son aile droite", déclare-t-il faisant référence au choix de Paul Ryan comme co-listier du candidat Républicain Mitt Romney, connu pour ses positions néolibérales et anti-avortement.

Une stratégie vite cernée par Barack Obama et ses équipes, en témoigne ce clip de campagne qui s’attaque directement à Paul Ryan.

L’équipe d’Obama le présente comme un homme ayant des idées venue d’un autre temps :

Une stratégie qui pourrait s'avérer doublement payante. Les démocrates pourraient rallier à la fois le vote des Afro-américains mais aussi des électeurs indépendants, des personnes âgées et des libéraux, qui craignent quant à eux,  une remise en cause de la réforme de l'assurance maladie Medicare.