Les siestes du mirador de la prison de Pau

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(photo d'illustration) © Max PPP
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Certains surveillants de l'établissement auraient pris leurs aises avec son règlement.

Toutes les trente minutes, dans leur mirador de la prison de Pau, dans le Béarn, les surveillants pointaient, à la seconde près. Une précision d'horloge suisse qui a intrigué les enquêteurs de l'inspection générale des services pénitentiaires (IGSP). Le service, qui avait ouvert une enquête à cause d'une guerre des syndicats au sein de l’établissement carcéral, a fini par découvrir les pratiques peu banales du service de nuit au mirador. Un rapport de l'IGSP, "particulièrement salé", relate vendredi le Sud-Ouest, a été transmis au parquet en avril.

Ce qu'ont découvert les "bœufs-carottes de la pénitentiaire", c'est un système permettant aux surveillants de contourner l'obligation de signaler leur présence à intervalle régulier. Chaque demi heure, le fonctionnaire d'astreinte doit appuyer sur un interrupteur relié à une centrale de contrôle. A la prison de Pau, la légende disait depuis plusieurs années qu'un système permettait de pointer à la place du surveillant. En réalité, c'est un minuteur, assorti de pinces crocodiles, que la gendarmerie a trouvé dans le casier d'un représentant syndical.

Vidéo à l'appui, l'inspection découvrent que quelques surveillants avaient pris leurs aises avec les règles de la prison, en faisant entrer des proches dans l'établissement ou en inscrivant la mention RAB (Pour rien à battre) dans les différents registres. Le parquet de Pau a ouvert en juin une enquête préliminaire pour "entrave au bon fonctionnement d'un traitement automatique de données".  Parallèlement, des procédures disciplinaires visent plusieurs agents, qui seront convoqués en conseil national de discipline avant la fin octobre.