Les émeutes à Londres, un mal profond

Quelque 2.000 émeutiers avaient été arrêtés l'été dernier.
Quelque 2.000 émeutiers avaient été arrêtés l'été dernier. © Reuters
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Mounia Van de Casteele , modifié à
Un rapport public dénonce le défaut d'intégration sociale des jeunes Anglais. 

Les Anglais détiennent peut-être l'explication des émeutes de l'été 2011, à l'origine de quelque 2.000 arrestations. Le Royaume-Uni n'avait connu pires violences depuis 30 ans. Mais les causes sont à chercher du côté des caractéristiques sociologiques et du système économique d'une société qui doit être profondément rénovée. Le Guardian analyse un rapport publié mercredi, qui met l'accent notamment sur la désocialisation des jeunes.

Pour étudier la cause de ces émeutes, le gouvernement britannique avait mis en place un groupe de travail indépendant, désigné par les trois principaux partis politiques. Après avoir rendu visite à quelque 21 communautés et interrogé des milliers de personnes touchées par ces révoltes, les auteurs du rapport ont conclu que l'origine était à chercher du côté de plusieurs dysfonctionnements au cœur même de la société britannique.

Une jeunesse laissée de côté

Bien loin de l'idée de "criminalité pure et simple" évoquée par David Cameron, le Premier ministre britannique, lors des émeutes en août dernier, ce rapport de la Riots Communities and Victimes Panel dénonce en fait un manque d'intégration des jeunes qui peinent à trouver "leur place" dans la société.

L'étude met ainsi en exergue une flagrante marginalisation de la jeunesse britannique. Peu de perspectives d'emploi, et donc d'avenir, un système éducatif à la peine, une excessive suspicion de la police ainsi qu'une mauvaise réinsertion des délinquants ont particulièrement contribué à déclencher ces violences urbaines.

Problème : si le gouvernement ne réagit pas, il est plus que probable que de tels troubles se répètent, explique le rapport.

"Des recommandations de grande envergure"

Le groupe de réflexion insiste donc sur le fait que le gouvernement doit prendre un certain nombre de mesures globales et simultanées, afin de réduire au maximum un éventuel risque de récidive de ces émeutes.

Comment y parvenir ? Par exemple, en instaurant un système de pénalité financière pour les écoles qui laisseraient ressortir des enfants sans qu'ils sachent bien lire et écrire, précise le rapport.  L'étude prône également des évaluations régulières afin de s'assurer du niveau des élèves. Le rapport préconise aussi une "promesse d'emploi des jeunes". Celle-ci consisterait, pour les entreprises locales à s'impliquer davantage avec les écoles pour promouvoir l'emploi des jeunes. Le gouvernement devrait aussi fournir une garantie d'emploi pour tous les jeunes sans emploi pendant plus de deux ans, dit-il.
 Le rapport estime également nécessaire enfin de mettre les plus jeunes en garde contre une "commercialisation excessive", l'une des causes principales des émeutes estivales. En effet, 50% des violences recensées visaient à voler.

Une étude dont se félicite la députée travailliste Diane Abbott : "Je me réjouis de l'accent mis par le rapport met sur les causes économiques et sociales des émeutes", a-t-elle déclaré.