Les dernières minutes de la télé publique grecque

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RECIT - Les journalistes Nikos Aliagas et Demeris Vangelis témoignent de "l'émotion" des Grecs.

"C’est une mort soudaine". C’est en ces termes que Demeris Vangelis, journaliste grec, décrit les dernières heures de la télévision publique ERT que le gouvernement a décidé de fermer mardi soir. "On n’avait pas été prévenu", explique-t-il sur Europe 1. "Il y avait des rumeurs, des spéculations qui circulaient ces derniers jours dans la presse sur une restructuration graduelle" de la chaine, a-t-il ajouté, soulignant que "mettre à la rue 2.656 personnes c’est du jamais vu. Je suis consterné".

Même réaction pour Nikos Aliagas. Le journaliste grec - animateur sur Europe 1 - a confié son effarement, sur Europe 1, mercredi. "J’ai suivi cela en direct. J’ai vu petit à petit les décrochages", a-t-il confié au micro du Grand direct des médias.

Vers minuit, les forces de l’ordre sont montées sur les collines autour d’Athènes et ont coupé les émetteurs. Les trois chaines publiques ne diffusent donc plus leur programme depuis mardi soir. Et c’est désormais un écran noir qui apparait sur les canaux de ces chaines de télévision.

Sur le plateau de présentation, les journalistes se sont levés et se sont salués, juste avant que le signal soit coupé. D’autres ont vu leur programme coupé en plein milieu, causant l’effarement des employés en régie. Une image fixe est alors apparue sur les écrans : une image noire flanquée du message "no signal".

"Par solidarité, une fois que le signal a été coupé, pas mal de sites d’informations ont repris cette image noire  diffusée à la télévision", a indiqué Nikos Aliagas. "C’était assez émouvant", a-t-il ajouté.

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Mais les salariés des chaînes ont décidé de ne pas baisser les bras. Derrière les banderoles et les débris des manifestations de la veille, les studios tentaient de continuer de fonctionner mercredi matin au siège de ERT, situé à Aghia Paraskevi, dans la banlieue nord-est d'Athènes. A l'écran, accessible sur www.ert.gr et sur la chaîne locale 902 appartenant au parti communiste KKE, des plateaux où débattent les journalistes de la chaîne sur le coup de massue qu'ils ont reçu la veille.

Les syndicats grecs du privé et du public, GSEE et Adedy, ont appelé mercredi à une grève générale de 24 heures jeudi et à un rassemblement devant le siège de la radiotélévision publique pour protester contre cette décision qu'ils qualifient de "coup d'Etat".