Les dealers investissent le web

Commander de la drogue en ligne était devenu simple comme un clic mais les enquêteurs de la DEA ont réussi à démanteler ce réseau malgré ses moyens très sophistiqués
Commander de la drogue en ligne était devenu simple comme un clic mais les enquêteurs de la DEA ont réussi à démanteler ce réseau malgré ses moyens très sophistiqués © MAXPPP
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Les Etats-Unis ont démantelé un site qui permettait d’acheter diverses drogues en toute discrétion.

Les services anti-drogue américains ont annoncé lundi avoir mis fin à un trafic de drogue pour le moins original : point de "supermarché" de la drogue ni de livreur à domicile mais un site internet qui permettait de se procurer la majorité des drogues existantes sans se faire repérer. Les trafiquants avaient en effet mis en place un système des plus discrets et proposaient toutes les drogues possibles, du LSD à la ketamine (un anesthésique utilisé par les vétérinaires), en passant par la MDMA (une amphétamine) ou la marijuana.

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"Les dealers peuvent aujourd’hui atteindre les moindres recoins de notre planète, y compris nos ordinateurs personnels". Le procureur américain André Birotte Jr. A donné le ton lundi, lorsque les services anti-drogue de la DEA ont révélé avoir démantelé un réseau d’un nouveau type.

Le site Internet Farmer’s Market aurait en effet permis d’alimenter plus de 3.000 consommateurs répartis dans 34 pays et dans tous les Etats américains, rapporte le quotidien américain Los Angeles Times. Lancé en janvier 2007, son principe était très simple : le site proposait de mettre en relation des vendeurs et des consommateurs de drogue, tout en proposant un système de notation, un forum de consommateurs, un service après-vente et un service de paiement : un vrai réseau social des stupéfiants.

Un amateur d’ecstasy pouvait ainsi voir si un dealer vivait dans sa région et comment était évaluée sa drogue avant de passer commande. Quant au site Farmer’s Market, auparavant intitulé Adamflowers, il se contentait de prendre un pourcentage de la transaction.

Tout un système pour ne pas être repéré

Repéré par les policiers du web ou victime de son succès, un tel site internet aurait dû être rapidement fermé. Mais les concepteurs de Farmer’s Market avaient pris les plus grandes précautions.

L’accès du site était en effet réservés aux seuls internautes ayant effacé leurs traces numériques grâce à un anonymiseur comme le logiciel Tor ou un brouilleur d’adresse IP. Ces outils permettent à l’internaute de générer une multitude de fausses adresses IP pour qu’on ne puisse pas localiser où est branché son ordinateur.

Remonter la trace des internautes devient alors très difficile, mais les concepteurs de ce réseau sont allés encore plus loin. Pour ne pas laisser de traces bancaires, ils avaient mis en place une monnaie virtuelle, les Bitcoin, qui servaient aux transactions. Les consommateurs pouvaient recharger leurs comptes via Paypal ou encore Western Union.

Des arrestations tout autour du globe

Il a fallu deux ans aux enquêteurs de la DEA pour remonter à la tête du réseau et finalement interpeller 13 personnes réparties sur plusieurs continents. L’un des deux cerveaux présumés, un Néerlandais nommé Marc Willems, a été arrêté lundi à Lelystad, aux Pays-Bas. L’autre dirigeant présumé, l’Américain Michael Evron, a été arrêté dimanche à Bogota, en Colombie.

Ce système de deal sophistiqué aurait permis, selon la DEA, d’écouler entre 2007 et 2009 pour plus d’un million de dollars de marchandise, soit environ 763.000 euros. Une telle somme reste modeste lorsqu’on sait qu’une cité connue pour sa drogue génère un chiffre d’affaire quotidien allant jusqu’à 8.000 euros, soit 2,9 millions d’euros par an. La fermeture de Farmer’s Market devrait bénéficier à ce type de commerce de proximité.