La nouvelle provocation de Toscani

Le photographe italien a présenté son calendrier à Florence.
Le photographe italien a présenté son calendrier à Florence. © Maxppp
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Caroline Vigoureux
Le photographe italien lance un calendrier illustré par des sexes féminins. Polémique garantie.

 

Une nouvelle fois, Oliviero Toscani semble vouloir prouver qu’il sait manier l’art de la provocation. Jeudi, le photographe italien a lancé un calendrier publicitaire entièrement composé de photos de pubis féminins. Une idée audacieuse pour certains mais finalement pas si extraordinaire pour cet habitué des scandales. Le calendrier, qui a déjà été tiré à 76.000 exemplaires sera distribué avec la version italienne du magazine Rolling Stone. Objectif : promouvoir l'image d’un groupe de tanneurs italien Vera Pelle.

 

"Le triangle du sexe féminin"

 

"Je voulais déglamouriser les traditionnelles photos de mode, où les femmes déambulent en talons aiguille en arborant des lèvres rouge vif (...) et où tout est montré excepté le triangle du sexe féminin, le vrai cœur de la séduction", explique le photographe. Pour Oliviero Toscani, ses photos mettent en avant la beauté naturelle.

 

Une analyse qui est loin de faire l’unanimité. "Nous sommes scandalisées par cet énième exemple de corps de femmes utilisés pour faire de la publicité", a déploré Roberta Gavagna, de l'association féministe anti-violence italienne Artemisia.

 

"Une exhibition de l’intime"

 

Côté français, pas question de rentrer dans le jeu de la provocation : "On ne veut pas réagir parce que c’est ce qu’il attend. Il ne faut pas tomber dans le panneau", répond Florence Montreynaud, présidente de l’association des Chiennes de garde, contactée par Europe1.fr

 

Pas d’action donc, même si l’indignation est bien présente : "C’est une exhibition de l’intime, ce qui correspond à la définition même de la pornographie", déplore-t-elle. "Le pubis est, dans notre culture, le lieu de l’intimité. Si on se promène comme ça dans la rue, on se fait arrêter. C’est bien que la société pose une limite à la dénudation du corps", estime encore Florence Montreynaud.

 

Des campagnes chocs à répétition

 

Olivier Toscani n’en est pas à sa première provocation. C’est même sur ce registre que l'artiste a bâti sa carrière. En 1992, il avait choisi d’illustrer les campagnes pour les vêtements Benetton par un homme mourant du sida (1992). En 2000, toujours pour la même marque, il avait photographié des condamnés à mort aux Etats-Unis. C’est aussi lui qui est à l’origine de la campagne contre l’anorexie, dans laquelle on pouvait voir la comédienne marseillaise, Isabelle Caro, décédée fin décembre à l’âge de 28 ans.

 

Plusieurs de ses campagnes ont été interdites en Italie, notamment celle montrant deux hommes en train de s'embrasser. Et le scénario pourrait se reproduire. Jeudi, l'organisme italien d'autorégulation de la publicité a dénoncé "une atteinte à la dignité de la personne car il compare le corps de la femme à du cuir tanné". Il a ainsi demandé à Vera Pelle de ne pas faire de publicité pour ce calendrier. Mais la polémique a déjà fait du bruit.