La mafia à deux pas de chez Berlusconi

La mafia calabraise possédait un café sur la même place que le siège du gouvernement italien.
La mafia calabraise possédait un café sur la même place que le siège du gouvernement italien. © MAXPPP
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avec Anne Treca
Un café de Rome fréquenté par le pouvoir servait à blanchir de l’argent sale.

L’Antico caffe chigi, situé à deux pas des bureaux de Silvio Berlusconi à Rome, est connu pour être fréquenté par des hommes politiques, des avocats, des policiers et des journalistes. Stupeur chez les habitués mardi après-midi, ce café élégant a été mis sous séquestre par la police. La raison : l'établissement était en fait contrôlé par un clan de la 'Ndrangheta, la redoutable mafia calabraise.

La saisie a été effectuée dans le cadre d’un coup de filet des carabinieri, qui ont mis 17 autres sociétés sous séquestre. Parmi les biens saisis dans la capitale et ses alentours, une vaste villa, un institut de beauté ainsi qu’un yacht. Ces investissements de la mafia servaient à recycler l’argent de la drogue, le trafic de cocaïne étant l’une des spécialités de la ‘Ndrangheta. En tout, la valeur des biens saisis atteint les 20 millions d’euros.

A Rome, les clients de l’Antico caffe Chigi, qui tire son nom du palais Chigi, siège du gouvernement, tombent des nues. Car l’établissement est également situé à proximité du Parlement, en plein cœur de Rome. Preuve que la ‘Ndrangheta, originaire de Calabre (Sud de l’Italie), s’intéresse de plus en plus à la capitale, allant jusqu’à narguer le pouvoir sous ses fenêtres.

Investissements au Nord

Le gouvernement de Berlusconi a pour habitude de dépeindre le phénomène mafieux comme un problème limité au Sud du pays, sans conséquences ou presque sur le Nord. Mais, indique le Financial Times, les mafias sicilienne, napolitaine et calabraise investissent de plus en plus dans des entreprises "légitimes" dans le centre et le Nord de l’Italie.

Et elles ont de quoi dépenser : le chiffre d’affaires de ces organisations criminelles est estimé à plus de cent milliards d’euros par an, précise le quotidien économique. La 'Ndrangheta, devenue la plus puissante d'entre elles, a généré à elle toute seule 44 milliards d'euros en 2010, selon l’institut italien Eurispes.