La facture du Mondial secoue le Brésil

A Sao Paulo, 65.000 manifestants ont défilé sur l'avenue Paulista. Un groupe a essayé d'envahir le parlement local mais a été arrêté par les gaz lacrymogènes de la police.
A Sao Paulo, 65.000 manifestants ont défilé sur l'avenue Paulista. Un groupe a essayé d'envahir le parlement local mais a été arrêté par les gaz lacrymogènes de la police. © Max PPP
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Charles Carrasco avec agences , modifié à
VIDEOS - Rio a été le théâtre de violents affrontements. Près de 200.000 manifestants sont descendus dans la rue lundi.

L'INFO. Ce sont les manifestations les plus importantes depuis celles dirigées en 1992 contre la corruption du gouvernement de l'ex-président, Fernando Collor de Melo. Lundi, des dizaines de milliers de Brésiliens -près de 200.000 selon les derniers décomptes- ont manifesté dans tout le Brésil, notamment à Rio de Janeiro où de violents affrontements ont éclaté dans la soirée entre un groupe de manifestants et la police. Ces manifestants protestent contre la hausse des tarifs des transports publics et les dépenses somptuaires engagées pour l'organisation du Mondial 2014 de football.

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Que s'est-il passé ?

A Rio de Janeiro, la manifestation a réuni lundi 100.000 personnes, d'abord pacifiquement, avant de dégénérer dans la violence à la nuit tombée. Un groupe de quelques dizaines de manifestants a pris d'assaut le parlement de l'Etat de Rio. Les policiers anti-émeutes les ont finalement dispersés dans la nuit.

Des hommes du bataillon de choc de la police militaire, arrivés sur place à bord de véhicules blindés, ont tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc contre ce groupe de manifestants et procédé à plusieurs arrestations. Ces manifestants avaient tiré des cocktails molotov et des pierres contre le bâtiment. Certains avaient même essayé de s'y introduire par des fenêtres. Auparavant, ils avaient incendié une voiture, mis le feu à des poubelles, cassé les vitrines de banques et un distributeur et pillé des commerces, pendant que d'autres manifestants leur criaient : "Voleurs ! Pas de vandalisme !". Dans les échauffourées, 20 policiers et sept manifestants ont été blessés, dont deux par armes à feu. Mais on ignore par qui ces balles ont été tirées.

A Brasilia, cinq mille manifestants ont protesté dans le quartier des ministères, symbole du pouvoir. Quelque 200 d'entre eux ont réussi à grimper sur le toit du parlement où ils ont entonné l'hymne brésilien avant d'en redescendre spontanément. "Nous sommes arrivés dans la maison du peuple. C'est le premier pas pour montrer que nous ne sommes pas morts; ils pensaient que l'on s'arrêterait pour voir le football mais le Brésil n'est pas seulement ça", a déclaré Bruno Pastrana, un étudiant de 24 ans, assis sur le toit du Congrès National.

A Sao Paulo, où 65.000 manifestants ont défilé sur l'avenue Paulista, un groupe a essayé d'envahir le parlement local mais a été arrêté par les gaz lacrymogènes de la police.

Des scènes similaires se sont répétées à Porto Alegre, Curitiba, Belo Horizonte notamment, en pleine Coupe des Confédérations de football, répétition générale en miniature du Mondial dans un an.

Qu'en dit le pouvoir ?

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© REUTERS

Dans une apparente volonté d'apaisement, la présidente Dilma Rousseff a rectifié le tir quelques heures plus tard, affirmant que "les manifestations pacifiques sont légitimes et propres à la démocratie". "C'est le propre de la jeunesse de manifester", a-t-elle ajouté dans un communiqué. Plus vindicatif, le ministre des Sports Aldo Rebelo a averti quelques heures plus tôt : "nous ne permettrons pas que des manifestations perturbent les événements que nous nous sommes engagés à réaliser".