Israël : se dirige-t-on vers une troisième intifada ?

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3 QUESTIONS A - Le regain de tension lundi, avec la mort de deux Israéliens, fait craindre un soulèvement massif des Palestiniens.

Un nouveau cycle de violences s’est enclenché en Israël. Mardi, un jeune Palestinien a été tué dans de violents affrontements avec des soldats israéliens, et lundi  deux Israéliens ont été assassinés au couteau par des Palestiniens.  Ce regain de tension en Israël et dans les Territoires palestiniens ravive le douloureux souvenir  des deux intifada, les soulèvements des Palestiniens contre l’occupation israélienne en 1987 et en 2000. Mais la série d’événements dramatiques de ces derniers jours annonce-t-elle une troisième intifada ? Europe1.fr a posé la question à Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes, et à Frédéric Encel, maître de conférences à Sciences-Po Paris et auteur de Géopolitique du printemps arabe.

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Y-a-t-il des signes annonciateurs d’une troisième intifada ?
 "Oui, mais en apparence seulement", estime Frédéric Encel. "Mais je vois deux différences majeures tout de même avec les intifada précédentes. D'abord, un processus de négociations va reprendre, après l'échec relatif de celui de John Kerry en avril dernier. Ensuite la situation sociale en Cisjordanie s'est considérablement améliorée", soutient le maître de conférences à Sciences-Po Paris. Une opinion que ne partage pas Antoine Basbous : "Les Palestiniens sont dans une impasse. Le processus de paix est totalement à l’arrêt. Les Palestiniens se sentent opprimés, ils veulent secouer le cocotier. Toutes les conditions sont réunies pour que de nouvelles violences se déclenchent. Dans ce contexte, une troisième intifada est tout à fait possible."

L’opinion publique palestinienne réclame-t-elle une intifada ?
 "On oublie trop souvent que même dans un contexte d'antagonisme et de revendications politiques, les gens doivent vivre au quotidien, se nourrir, se loger, se soigner et scolariser leurs enfants. Je n'ai pas l'impression qu'existe aujourd'hui dans la société palestinienne de Cisjordanie de lame de fond façon 1987", soutient Frédéric Encel. Antoine Basbous est plus nuancé : "J’ai le sentiment que les Palestiniens sont partagés. Ils ont peur de ne pas maîtriser une intifada. Un soulèvement de cette ampleur engendrerait de très lourdes conséquences, beaucoup de douleurs et de peines. Mais d’un autre côté, ils ne veulent pas se résoudre à ne rien faire. Sinon, l’occupation israélienne deviendrait un fait accompli."

Le monde arabe soutiendrait-t-il une intifada ?
 Antoine Basbous est clair : "La cause palestinienne est orpheline. Aujourd’hui, le monde arabe n’est plus derrière les Palestiniens. Les choses ont beaucoup changé par rapport aux précédentes intifada. Chaque pays est engagé dans sa propre politique internationale, et pour beaucoup dans leur combat contre l’État islamique", explique le directeur de l’Observatoire des pays arabes. Frédéric Encel détaille : "Le regain de tension israélo-palestinien actuel confirme une réalité que je rappelle depuis de longues années et que les dogmatiques détestent entendre : ce conflit n'influe guère sur le reste du monde arabe, tout comme la situation dans les États arabes n'influe guère sur le dossier israélo-palestinien. Les actuelles violences sont tout à fait déconnectées de ce qui se déroule en Syrie, en Tunisie ou en Irak."