Israël : Isaac Herzog, le "fils de" qui fait vaciller Netanyahou

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Le Premier ministre israélien n'est plus du tout assuré de sa réélection lors des législatives qu'il a lui-même convoquées.

Quand il a choisi de dissoudre la Knesset il y a trois mois, le Parlement israélien, Benjamin Netanyahou ne se doutait pas des difficultés qu'il aurait à garder le pouvoir entre ses mains. Mais aujourd'hui, le Premier ministre doit sévèrement batailler pour gagner les élections législatives qui se tiennent mardi. En face de lui, son antithèse : Isaac Herzog. Aussi discret que Benjamin Netanyahou est flamboyant, aussi consensuel que "Bibi" est rude, Isaac Herzog, l'anti-Netanyahou, sera-t-il le prochain Premier ministre israélien ?

Un membre des "Kennedy israéliens". Après plus de dix ans de vie politique, son heure est venue, croit sentir cet avocat de 54 ans qui se présente sur la liste de l'Union sioniste, une coalition de partis de gauche. "De la même façon que j'ai surpris tout le monde dans le passé, je vais surprendre tout le monde cette fois encore", promet Isaac Herzog qui court aux côtés de l'ancienne (et très médiatique) ministre Tzipi Livni. Lorsqu'il s'est présenté pour prendre la tête du parti travailliste, en 2003, beaucoup des membres de sa formation politique ne croyaient pas à sa victoire. Il faut dire que celui qui a finalement été élu président du parti travailliste israélien n'est pas un grand orateur.

Pourtant, Isaac Herzog est un "fils de" bien connu. Venu d'Irlande, Haïm Herzog, son père, a été président israélien pendant dix ans, entre 1983 et 1993. Sa famille, souvent comparée aux Kennedy, compte également parmi ses membres un diplomate (l'oncle) ainsi que le tout premier rabbin ashkénaze installé en Israël (le grand-père). Isaac Herzog a lui-même également été plusieurs fois ministre entre 2005 et 2011 dans le gouvernement de trois Premiers ministres différents, y compris sous les ordres de Benjamin Netanyahou lui-même.

"Tout sauf Bibi". Quatre ans après être sorti du gouvernement de l'actuel Premier ministre, Isaac Herzog l'attaque frontalement avec le mot d'ordre "Tout sauf Netanyahou". Pour avoir une chance de devenir le 18e Premier ministre d'Israël, il critique très durement le bilan économique de "Bibi", le surnom donné à Benjamin Netanyahou. Le prix des loyers et le coût de la vie en général grèvent durement le budget des Israéliens, souvent déçus par les six années du mandat de Bibi, comme le souligne le site d'information Vox.

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© AFP/GIL COHEN MAGEN

Isaac Herzog veut remettre au centre de la vie politique la question palestinienne, totalement absente de la campagne. Le chef de file des travaillistes rejette le projet de renforcer le caractère juif de l'Etat israélien. Partisan d'une solution à deux Etats, il s'oppose frontalement aux positions de Benjamin Netanyahou, comme le détaille le site Middle East Monitor, qui passe en revue les positions des candidats aux législatives. Ce natif de Tel Aviv partage en revanche l'idée d'une Jérusalem israélienne, et non plus divisée comme c'est le cas aujourd'hui, mais se dit prêt à un retrait partiel de certaines colonies.

Avec deux sièges d'avance sur le Likoud, la formation d'Isaac Herzog pourrait bien être chargée de se trouver des alliés pour former le prochain gouvernement. Reste que cette mission pourrait se révéler impossible dans une vie politique imprégnée par une profusion de petits partis. Contre Isaac Herzog, le colosse Benjamin Netanyahou n'est pas encore totalement hors jeu.

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