In Amenas : "impuissance, colère et désolation"

© REUTERS
  • Copié
Frédéric Frangeul avec Pierre de Cossette
TEMOIGNAGE - Face à l'immobilité de la justice française, Murielle, rescapée de la prise d'otages, a fui la France.

Une rescapée en colère. C’est une femme amère qui  s’est exprimée jeudi, lors de l’hommage annuel aux victimes du terrorisme, à Paris. "Je me suis longtemps demandé si les terroristes avaient gagné. Pour avoir semé la terreur et pour longtemps, oui ", commente Murielle Ravey, une infirmière rescapée de la prise d’otages d’In Amenas, en Algérie, en janvier 2013.

>> A LIRE AUSSI : Algérie : les otages racontent
L’enfer des survivants. Murielle Ravey évoque l’enfer quotidien de ceux qui ont réchappé à cette prises d’otages qui a fait 40 morts. "De nombreux survivants sont affectés par des cauchemars ou ont sombré dans l'alcool, malheureusement. Je vois mes collègues se détruire peu à peu en silence se sentant coupable d'avoir survécu là où d'autres ont eu moins des chances",  a-t-elle témoigné.

"De nombreux survivants sont affectés par des cauchemars" :

In Amenas Mp4par Europe1fr

Une enquête au point mort. "Huit mois après les faits, le procureur de la République en France n'a pas ouvert d'enquête. Le gouvernement a demandé à l'Etat algérien de nous fournir les conclusions de l'enquête. Ils nous diront ce qu'ils veulent", a déploré  celle qui a réussi à s'enfuir pendant l'assaut du commando islamiste.

L’impuissance. "Je comprends en effet que d'autres intérêts financiers et politiques sont en jeu", explique Murielle. "Mais quand je vois le sourire de mon ami Yann Desjeux dans celui de son fils cadet qui lui ressemble tant, j'ai du mal à lui expliquer, à ce jeune homme, que l'assassinat d'un Français, son père, par une organisation criminelle, intéresse peu la France", a poursuivi Murielle.

>> A lire aussi :  Algérie : qui était l'otage français mort ?

L’exil. "J'ai donc quitté mon pays. Je suis allé me réfugier dans le Grand Nord, pas très loin du cercle polaire et j'espère que son climat rude et le vent aura raison de mon sentiment d'impuissance, de colère et de désolation", a conclu Murielle.