Hong Kong : un tabassage de la police filmé par les manifestants

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avec AFP , modifié à
LA POLÉMIQUE - Une vidéo montrant des policiers en train de tabasser un manifestant pro-démocratie choque les Hongkongais.

Les images sont sombres, mais on distingue clairement plusieurs hommes en train de frapper, à coups de pied, un homme à terre. La scène, qui dure environ quatre minutes, se passe à Hong Kong, où le mouvement pro-démocratie lancé fin septembre ne semble pas s’essouffler. L’homme à terre est un manifestant, les autres sont des policiers. La vidéo, diffusée par la chaîne locale TBV, alimente la polémique sur les méthodes des forces de l’ordre face aux frondeurs de la métropole chinoise.

Il envisage de porter plainte. Les faits se sont produits dans le centre de Hong Kong, dans un parc proche du site occupé par les manifestants de la "révolte des parapluies". La victime, Ken Tsang Kin-Chiu, 39 ans, est, selon le South China Morning Post, un membre du Parti civique. L’homme s’est déjà illustré en 2012, lors de la prestation de serment de l’actuel chef de l’exécutif hongkongais, Leung Chun-Ying. En présence de Hu Jintao, le président chinois de l’époque, Ken Tsang Kin-Chiu avait crié un slogan réclamant la fin du parti unique, ce qui lui avait valu d’être expulsé de la cérémonie.

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Son activisme lui coûte aujourd’hui plus cher : à sa sortie du commissariat, Ken Tsang Kin-Chiu portait des traces de coups au visage. Il assure avoir été brutalisé après son arrestation et lors de sa détention, et envisage de porter plainte. Quant à la vidéo de son arrestation musclée, elle a largement circulé sur les réseaux sociaux. Les policiers concernés ont été suspendus et une enquête a été annoncée. Mais cela ne suffira peut-être pas à apaiser la colère des Hongkongais, qui juge la police trop brutale.

La vidéo des violences : 

Une police qui avait bonne réputation. A Hong Kong, ancien territoire britannique, la police était pourtant jusqu’à récemment considérée comme étant très professionnelle, note le New York Times. Ces dernières années, des policiers venus de Chine continentale, réputés pour leurs méthodes nettement plus dures, ont été envoyés par Pékin à Hong Kong. Sur le terrain, la tension est ainsi montée d’un cran dans des membres des forces de l’ordre, armés de masses, de scies circulaires et de cisailles, ont commencé à démanteler les barricades des manifestants. 

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Les policiers sont également critiqués pour avoir utilisé du gaz au poivre. Mais des voix s’élèvent pour accuser aussi carrément les autorités de collusion avec les triades, la mafia chinoise dont l’influence demeure considérable. Des hommes de main, masqués, auraient été dépêchés sur des sites occupés par les manifestants, à la demande du pouvoir, affirment certains militants. D’autres estiment que le gouvernement local ne fait simplement pas assez pour les empêcher d’intervenir. La police comme le gouvernement ont démenti toute collusion. Mais dans le contexte actuel, ce soupçon écorne encore un peu plus l’image des autorités de Hong Kong.

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