Greenpeace-Poutine : un bras de fer en cinq actes

L'affaire de l'Arctic Sunrise, arraisoné par la Russie, pourrait bien virer à l'imbroglio diplomatique.
L'affaire de l'Arctic Sunrise, arraisoné par la Russie, pourrait bien virer à l'imbroglio diplomatique. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
ZOOM - Des militants de Greenpeace sont accusés de "piraterie". Ils ont été placés en détention jeudi.

L’INFO. L’affaire pourrait bien tourner à l’imbroglio diplomatique. A la mi-septembre, Greenpeace a envoyé un bateau dans l’Arctique pour protester contre des projets d’exploitation pétrolière menés par les géants russes Gazprom et Rosneft. Une trentaine de militants écologistes de plusieurs nationalités ont été arrêtés par les autorités russes et accusés de "piraterie", tandis que le président russe, Vladimir Poutine, a critiqué les méthodes de Greenpeace. La détention des écologistes n’est pas du goût des pays d'origine des militants, qui, à l'image des Pays-Bas, ont demandé la libération de l’équipage. Résumé des épisodes précédents du feuilleton de l’Arctic Sunrise.

Acte 1 : à l’assaut d’une plateforme Gazprom. Dépêchés dans l’Arctique à bord de leur navire Arctic Sunrise, des militants de Greenpeace s’approchent, le 18 septembre, à bord de canots pneumatiques, d’une plateforme du groupe Gazprom en mer de Barents. Après avoir lancé un filin, ils tentent d’en escalader la coque et sont alors repoussés avec un jet d’eau, puis interceptés par des commandos armés de garde-côtes russes.

Une vidéo de l'assaut, postée par Greenpeace :

Acte 2 : l’Arctic Sunrise remorqué à Mourmansk. Le lendemain, des commandos héliportés et armés de fusils d’assaut prennent le contrôle de l’Arctic Sunrise, qui bat pavillon néerlandais, et y enferment l’équipage. Le bateau est remorqué jusqu’à Mourmansk. Une fois à terre, les militants, quatre Russes et 26 autres personnes de nationalités différentes, dont des Français, sont placés dans des centres de détention provisoire dans la région. Inquiets, des diplomates des pays d’origine des militants arrêtés se rendent à Mourmansk pour entrer en contact avec leurs concitoyens.

arctic sunrise russie REUTERS

Acte 3 : enquête pour "piraterie". Mardi, le Comité d’enquête russe indique avoir ouvert à l’encontre des militants écologistes une enquête pour "piraterie en groupe organisé", un crime passible de quinze ans de détention en Russie. Le lendemain, les Pays-Bas demandent aux autorités russes de libérer les membres d’équipage, menaçant d’engager une "procédure légale", y compris "devant le Tribunal international de l’ONU pour le droit de la Mer". L’affaire est évoquée par le ministre néerlandais des Affaires étrangères avec son homologue russe à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.

protestation Greenpeace Russie 460 REUTERS

Acte 4 : les déclarations de Poutine. Peu après, Vladimir Poutine s’exprime sur le sujet lors d’un forum sur l’Arctique dans le Grand Nord, jugeant que les militants "on enfreint le droit international". Avant d’ajouter : "il est absolument clair que ce ne sont pas des pirates, mais de facto ils ont tenté de s’emparer de la plateforme". Le président apporte aussi son soutien à l’intervention des gardes-côtes russes, notant que ces agents "ne savaient pas qui tentait de s’emparer de la plateforme sous couvert de l’organisation Greenpeace". Après ces déclarations, le porte-parole du Comité d’enquête indique que l’enquête pourrait être requalifiée.

Les déclarations de Vladimir Poutine :

Acte 5 : deux mois de détention. Jeudi, la justice russe condamne un premier militant, le photographe russe Denis Siniakov, qui écope de deux mois de détention pour des accusations de "piraterie", écrit Greenpeace sur Twitter.

Ce photographe a eu beau insister sur le fait qu’il avait seulement pris des clichés de l’opération, le tribunal a estimé qu’il risquait de quitter la Russie car il se rend régulièrement à l’étranger. Au total, 22 membres de l'équipage du brise-glace sont placés en détention, "pendant deux mois" et huit "pendant trois jours".