G8: "combiner rigueur et croissance"

Les dirigeants des pays du G8 se sont retrouvés à Camp David, aux Etats-Unis, samedi.
Les dirigeants des pays du G8 se sont retrouvés à Camp David, aux Etats-Unis, samedi. © REUTERS
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avec Reuters , modifié à
François Hollande se félicite que le soutien à la croissance ait été "le grand sujet" du sommet

Les dirigeants des pays du G8 ont plaidé samedi avec un bel ensemble en faveur de la croissance économique, pour compenser l'effet de l'austérité budgétaire et appelé de leur voeux le maintien de la Grèce dans la zone euro. "Tous les dirigeants sont d'accord aujourd'hui ici, la croissance et l'emploi doivent être notre priorité absolue", a déclaré le président Barack Obama, hôte du sommet organisé dans sa résidence forestière de Camp David, en clôturant les travaux.

"Impératif d'encourager la croissance"

Le président américain a paru s'efforcer de contenter à la fois la chancelière allemande Angela Merkel, apôtre de la rigueur, et les nouveaux dirigeants italien Mario Monti et français François Hollande, qui souhaitent donner davantage priorité à la relance. "Il y a maintenant un consensus de plus en plus net sur le fait qu'il faut en faire plus pour créer de la croissance et des emplois dans le contexte des réformes budgétaires et structurelles" engagées en Europe, a estimé le président américain.

Reflet de cette double ambition, les dirigeants du G8 ont proclamé dans leur communiqué final leur "impératif (...) d'encourager la croissance et les emplois" tout en redressant les comptes publics.

François Hollande s'est réjoui devant la presse que le soutien à la croissance ait été "le grand sujet" du sommet, estimant que cette dimension était une "attente" des opinions publiques et des marchés. Mario Monti a estimé qu'on ne pouvait pas "se contenter d'attendre des réformes structurelles et la réduction des déficits pour générer de la croissance". Il a appelé le conseil européen du 23 mai à "définir des mesures concrètes, comme un renforcement du capital de la Banque européenne d'investissement, des obligations destinées aux projets (d'infrastructures) et une évolution vers les eurobonds" et annoncé un sommet avec François Hollande et Angela Merkel à Rome en juin.

"Souhait que la Grèce reste dans la zone euro"

Quant à Angela Merkel, elle a cherché à nier toute divergence avec Paris autour de la croissance. "Le message important à retenir du sommet, c'est que la consolidation des budgets et la croissance sont les deux faces de la même médaille", a-t-elle affirmé. Ce débat sur la dette européenne s'effectue sur fond de graves inquiétudes pour la Grèce, où la crise économique se double d'un blocage politique. Les Grecs sont à nouveau appelés aux urnes le 17 juin et leur sortie de l'euro est ouvertement évoquée.

François Hollande a affirmé avoir obtenu que le soutien à la Grèce soit mentionné par le G8. "Le message que j'ai voulu porter (...) ça a été le souhait que la Grèce reste dans la zone euro, respecte ses engagements mais soit appuyée, accompagnée par l'Europe pour stimuler sa croissance", a-t-il dit.

Outre l'économie, les responsables des huit pays (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Canada, Italie, France, Allemagne, Japon, Russie) ont abordé les sujets de politique étrangère, à commencer par la Syrie.

Iran : le G8 nourrit des "espoirs"

Leur communiqué appelle le gouvernement syrien "et toutes les parties" à faire cesser immédiatement la violence. Les huit dirigeants ont dit "soutenir les efforts" du médiateur international Kofi Annan, même si ce dernier n'est pas parvenu à faire respecter le cessez-le-feu entré théoriquement en vigueur le 12 avril.

Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a participé à la rencontre alors que son pays a bloqué toute condamnation au Conseil de sécurité de l'ONU de la répression menée par son allié syrien depuis mars 2011. Dans leur communiqué, les huit se disent "déterminés à envisager d'autres mesures aux Nations unies en fonction des besoins" et condamnent "les récents attentats terroristes en Syrie".

Sur l'Iran, le G8 a appelé ce pays à saisir sa chance lors de la réunion de mercredi à Bagdad avec le Groupe "5+1" (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, plus Allemagne) afin de rétablir la confiance envers son programme nucléaire controversé. Barack Obama avait a indiqué que ses partenaires et lui-même nourrissaient des "espoirs" sur les résultats des discussions de Bagdad.